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Les écrivains / adhérents

Marie Debray

Roman / Nouvelle / Jeunesse
photo Marie Debray

Marie Debray a 35 ans. Le Barbare et Nietzsche signe son passage en philosophie, Alien et moi, son entrée en cinématographie. En 1997, elle publie aux éditions d'écarts: Histoire de petits garçons, recueil de nouvelles, et Demain les Barbares, son premier roman.
Elle anime des ateliers d'écriture depuis quelques années en cherchant à transmettre ce que l’écriture lui a apporté : une lumière dans un monde sombre, un repos dans la tempête.

Thèmes
Avec Histoire de petits garçons, recueil de nouvelles parues dès 1997 aux éditions d’écarts, Marie Debray avait déjà fait la preuve de son talent et de sa faculté de se mettre avec efficacité et sensibilité dans la peau du sexe opposé. C’est la sorte de transmutation qui ne fait pas peur à la plupart des auteurs hommes qui croient tout savoir de l’âme féminine (?). Ne se risque pas à l’inverse qui veut. Marie Debray veut et peut.
C’est l’un des registres de Sarah seule. Mais pas le seul. Nous avons ici un roman qui, à six ans d’âge, garde une densité, une validité intactes, et prend aux tripes d’une manière nouvelle. Un autre des registres de Marie Debray est en effet de dire, en toute clarté, en toute simplicité, en un épanouissement rare, la joie d’être et d’aimer au féminin. Pas aimer avec tendresse, attendrissement, bonne entente, ce qui est aussi une joie et n’est pas à sous-estimer, mais aimer de toutes ses forces de sensualité, d’abandon sans contrainte au plaisir, avec confiance, tous sens déployés.
La Vie ! La vraie ! Pense et sent notre héroïne de roman. Et, il faut juste un tout petit détournement d’attention pour que se précipite l’entrave. Et ici quelle entrave ! Pire une trahison ! Suivie d’un enfermement de cinq ans pour dévoiement. Sarah a plus de vingt ans. Et celui qui la mène à son drame n’en a pas quinze. La loi passe. Une vie demeure qui, au travers des désespoirs, fera son chemin, mort frôlée, mais bonheur reconquis, dans et par le corps, jusqu’à l’autre bout du monde là où, malgré le dénuement, triompheront la beauté des pays abordés, le soleil, l’amitié, et feront triompher à nouveau l’amour pas mort.
Sarah seule est un livre de troisième génération si l’on se positionne en accéléré dans notre temps. Nous avons eu Woolf et Beauvoir, qui ont expliqué, demandé et obtenu. Ont suivi Cixous, Ernaut, Hyvrard, Leclerc, pour ne citer qu’elles et rester en France, chez qui la douleur est encore très (trop ?) vive. Nous sommes à présent entrés dans une autre phase où Marie Debray a toute sa place. Une phase de libre expression du désir et de complète expression de la sensualité.
Aucun exhibitionnisme, n’en déplaise à ceux qui sont à l’affût. Pas d’érotisme de marché. Une ardeur qui est celle de la vie, la ferveur, la fougue, l’espoir indéfectible d’un bonheur. Le droit au bonheur, une utopie ? Pourquoi pas en faire – soi-même – une réalité. C’est un devoir de ne pas se le laisser voler, de ne pas céder, malgré les enfermements subis, imposés, successifs et de différentes natures. Ce sont la volonté, l’audace, et la joie conquise ou reconquise qui doivent être à l’avant. Que la métamorphose continue de se poursuivre ! Nombreuses, nombreux sont celles et ceux qui ont bel et bien l’intention d’aller dans cette direction.

Jacqueline Starer, 16 mai 2007

Bibliographie

- Sarah seule, roman, éditions d'écarts, 2001
bourse d’encouragement du Centre National du Livre
deuxième édition
- Demain, les barbares, roman, éditions d’écarts, 2007
- Histoires de petits garçons, nouvelles, éditions d’écarts, 1997
Parution d’un extrait dans Le livre de la paresse, Cyril Frey,
éditions n°1
- H.K.O., bande dessinée de Séra, Casterman, 1997. Rédaction des textes.
- Nuit de Miel, publication in Captain Revenge, éditions de Muret, 1986, Lauréate du Prix du Jeune Ecrivain pour la nouvelle

Extraits

« Mes mains souffrent, mon dos aussi. Derrière le carreau de la petite fenêtre à droite, les branches des arbres s’immobilisent sur fond de collines teigneuses. Sarah ne bouge pas. Seule sa respiration la soutient. Le battement de ses paupières la berce et l’épuise en silence. La pluie ruisselle sur la vitre et la condensation pleure à l’intérieur de la maison. L’eau s’enfonce dans la terre pour y sommeiller. La vitre réveille la pensée, la précède pour l’attendre quelques instants, puis revient à l’attaque pour un combat qui commence à peine. Depuis plus d’une semaine, Sarah seule dans une maison isolée en pleine campagne hivernale. Son ossature lui père. Vivaces, les temps anciens la harcèlent au rythme des gouttes de pluie qui cognent contre le carreau translucide. » Sarah Seule, page 13

« Tes mains pleines de sang, j’avais peur. L’idée qu’un étranger puisse pénétrer l’intérieur de la maison qu’on fermait toujours à clé m’obsédait.

Un jour, Maïa revint avec un gars qu’elle avait rencontré au camping. Si elle détenait ma confiance, je m’inquiétais. Je la bouffais des yeux en mâchouillant la peau autour de mes ongles.

Les rafales frappaient la maison et elle en tremblait. Le sable s’y infiltrait. Je calfeutrais les fenêtres. Bien qu’isolée, le soir, la rumeur de la ville estivale l’atteignait. Parfois, nous sortions, la nuit uniquement. Je marchais de travers à cause d’un genu valgum. Nos ombres s'élançaient sur le bitume de la route. Alors je sentais l’air me faire violence. J’en souffrais de plaisir. Rien que la démarche de Maïa et le bruit de ses pas. »

extrait de Demain les barbares

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire