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Les écrivains / adhérents

Marwil Huguet

Poésie / Théâtre
photo Marwil Huguet

Lors du colloque sur le Métissage des arts organisé à Budapest de 1999 (Institut français) auquel j’avais été conviée en tant qu’artiste multiformes, j’avais déjà soulevé la question de la nécessité personnelle de l’entrelacement, de l’enchevêtrement même des médiums artistiques pour parvenir à une œuvre aboutie. Ma formation plurielle initiale fait que je n’ai jamais conçu de séparation dans les œuvres que j’ai produites. Très vite je me suis attachée aussi à la création et la réalisation de costumes en même temps que je créais une pièce chorégraphique ou théâtrale. Quant à l’écriture, après avoir longtemps exploré la poésie (que je pratique encore aujourd’hui passionnément), je me suis tournée vers le théâtre par désir de porter à la scène certains sujets me tenant à cœur. J’aime écrire sur les sujets qui fâchent… dans l’espoir fou de cerner les raisons de la dispute. Écrire en désespoir de cause… sans doute un remède au chagrin et à l’humeur noire ! De fait j’interroge sans me lasser la condition humaine, le racisme, l’antisémitisme, le travail de mémoire, les histoires de famille qui font écho à l’Histoire… Je détricote les causes de la dispute, tente de retrouver le fil, le bout du fil, là où tout a commencé. Impossible mission ? Ce n’est pas une raison pour cesser l’enquête. Plus c’est difficile, plus le plaisir est grand !

http://www.marwilhuguet.fr
Bibliographie

Théâtre
– Un amour de femmes (théâtre) 2004 L’embarcadère éditions.
– Mémoires d’un Pev (théâtre) 2007 ET-GSO éditeur - Vol 1
– Paroles d’hommes 2007 (théâtre) ET-GSO éditeur - Vol 2
– Poucet version XXIe siècle (théâtre) 2008 ET-GSO éditeur - Vol 6.
– Tombesoleils (théâtre) 2008 ALNA éditions théâtrales.
– L’année s’achève Franck (théâtre) 2009 ALNA
– Cantilène de Touktouba (théâtre) 2010 ALNA
– Un peu de poussière dans ma main (théâtre) 2012 ALNA
– Sources secours in ouvrage collectif Terre eau territoire (théâtre) 2014 Lansman
– Poésie pendue au précipice du poète (poème épique) 2015 Les cahiers de l’égaré

Contributions
Cessez le feu 19 mars 1962 2014 Alfabarre ; Cervantes Shakespeare cadavres exquis 2015 Cahiers de l’égaré ; Eat au temps des queues de cerises 2016 Cahiers de l’égaré ; le bord des falaises 2018 Cahiers de l’égaré

Récompenses : 1er prix poésie libre 2009 Concours littéraire La teste de Buch avec Fièvre - extrait de Un petit cri silencieux, lauréate concours Terre Eau Territoire Dynamo Théâtre/ Théâtre de Grasse/ Editions Lansman 2014 avec Sources secours.

Extraits

Extrait de Cantilène de Touktouba (Théâtre / Chant 4) Éditions ALNA

Sarah africaine.- Une autre fois un homme s’approche de la cage et jette un chat mort par-dessus les barreaux. Mange il dit mange. Son regard est étrange un peu fou comme les yeux des possédés quand j’étais petite. Les possédés qu’on amenait au chaman pour qu’il les soigne.
Voix africaine masculine.- La surenchère des fantasmes du colonisateur à l’égard des natifs donne ceci : « La race du peuple nommé Bochiman est ainsi nommée en raison du lieu de leur résidence, au milieu des buissons où ils se cachaient pour préparer leurs attaques pour tuer ou pour piller.»
Sarah africaine.- Mange c’est pour toi.
Je me lève et je m’approche du cadavre du chat. Il a le pelage noir avec une tache blanche sous la gorge et une autre sur le bout de la patte arrière gauche.
Je m’accroupis et le caresse il est encore chaud.
Je retire ma main instinctivement et cherche le regard du meurtrier de l’autre côté des barreaux.
Voix africaine masculine, sur le ton de la lecture.- « Complètement étrangers aux joies domestiques, ils tueront leurs enfants sans remords quand ces derniers sont malformés, quand ils cherchent de la nourriture, ou quand le père a abandonné la mère… La plupart de ces sauvages Hottentots vivent de pillage et de meurtre, et sont coupables des plus affreuses et atroces actions.» James kicherer, mil sept cent quatre-vingt dix neuf.
Sarah africaine.- Mange mange dit toujours l’homme. Je l’ai tué exprès pour toi.
Mange disent les autres spectateurs excités. Ils ont tous le regard fou. J’ai peur d’eux.
Alors je m’avance doucement vers les barreaux. Je retrousse les lèvres et découvre mes dents. Ils s’écartent tous en hurlant cannibale elle est cannibale.


Extrait de Sources secours (Théâtre / scène 3) Éditions Lansman

Jan.- Oh ça y est je me rappelle… la source… c’est la source aux juifs. Elle l’appelait comme ça Antonina. Soit disant que quand on les pourchassait ils se cachaient dans les champs de blé et ils allaient boire là-bas la nuit.
Motke, rit.- La source aux juifs…
Jan.- Oui c’est ça j’en suis sûr maintenant la source aux juifs elle disait. Il paraît que des gens de Radźiłov ou je ne sais plus où - moi j’ai pas connu tout ça heureusement - sont venus faucher alors que les blés n’étaient pas encore murs rien que pour retrouver les juifs qui étaient cachés dedans et leur faire la peau. (Silence.) Massacrer un champ de blé pour assouvir sa haine c’est étonnant n’est-ce pas ?
Motke.- Massacrer DANS un champ de blé vous voulez dire…
Jan.- Oui non je voulais dire…
Motke, rit.- On a compris ne vous fatiguez pas.
Jan.- Avant de mourir c’était un mois avant sa mort je crois Antonina m’a raconté une histoire de ce temps-là. Antonina c’était comme une petite souris. Elle était toute menue et discrète. On ne la voyait pas si on ne faisait pas attention. Pourtant elle était très active. Jusqu’au bout elle a été très active. Elle faisait plein de choses en silence… mon grand-père disait : Antosia… Oui il l’appelait Antosia… Antosia est comme les anges ! On ne la voit pas faire mais elle fait des miracles…
Motke.- Oui c’est vrai elle fait des miracles.
Ruchel.- Elle faisait.
Motke.- Elle est toujours là.
Jan.- Je ne crois pas aux anges mais il m’arrive de la sentir là près de moi qui me console surtout depuis que ma femme est partie elle aussi. C’est comme si elle venait me souffler de la tendresse à l’oreille… C’est idiot ce que je dis là faut pas faire attention… Alors elle m’avait raconté cette histoire. Piotr et elle ils avaient accueilli deux gosses. C’est Piotr qui les avait trouvés à plat ventre dans le champ de blé et il les avait ramenés ici. (Il les regarde attentivement. Eux se raidissent.) Sauf que les soldats allemands sont arrivés à peu de temps de là et ils avaient réquisitionné la grange.

Ma bibliothèque

Les inséparables lus et relus au fil des ans : Montaigne, Rousseau, (objet de mon cursus universitaire), Molière, Hugo, Rilke, Gary, Giono, Colette, Yourcenar, Camus, Jankélévitch, Claude Lansmann.
C’est une épreuve de choisir parmi tous mes livres amis. Alors au hasard René Char, Jean Pierre Siméon, Paul Éluard, Prévert, Péguy. Et puis Imre Kertész, Daniel Mendelsohn, Danielle Vioux, Simone Shwarz-Bart, Frédéric Boyer, Patrick Chamoiseau, Césaire, Delphine Horvilleur, Mohamed Kacimi, Wajdi Mouawad, (et encore, en espagnol dans le texte) Javier Cercas, Carlos Ruiz-Zafón, Dulce Chacon, Carlos Liscano, Víctor del Árbol…
Et j’ai le sentiment de trahir tous les autres que je ne cite pas ici.

Lieu de vie

Nouvelle-Aquitaine, 33 - Gironde

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
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  • Rencontres en milieu scolaire