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Les écrivains / adhérents

Olivier Mau

Roman / Nouvelle / Jeunesse / Polar
photo Olivier Mau

Olivier Mau arrive sur terre en 67. Viré de partout, champion de France de l’exclusion scolaire, il passe son temps à parler de Jules Verne, et ça énerve tout le monde. Remercié du service militaire pour “mauvais esprit”, le jeune homme découvre le roman noir, et ça n’arrange pas ses affaires.
Après avoir pratiqué bon nombre de petits boulots, et las d’être persécuté par son banquier qui le poursuit en agitant les bras, il s’exile à Londres où il sévit quelques années dans le milieu publicitaire. Il découvre la bière irlandaise, et se met à fréquenter les chanteurs de rock.
Ensuite, rien ne va plus : le garçon se met à écrire. Son papa lui conseille vivement de changer de métier, mais sa maman lui explique que c’est pas grave puisque c’est lui le meilleur.
Résultat : on ne peut plus l’arrêter.

Bibliographie

- Achevé d’imprimer (dessins de Mabesoone) Casterman 2006
- Myrtille à la plage Pocket 2003
- Myrtille apprend à nager Pocket 2003
- Myrtille boit la tasse Pocket 2003
- Les corbeaux nettoieront Fleuve Noir 2003 - Pocket 2006
- Raides dingues Fleuve Noir 2001 / Pocket 2003
- Un bon petit gars Fleuve Noir 98 / Pocket 2001
- Belle-mère en l’île Seuil / le Poulpe 2000
- Dipsomanes (nouvelles) Méréal 1999
- Un petit cou de trop derrière la cravate Tourisme et polar/ Seuil 1998

Jeunesse:
Syros Mini Souris Noire :
- Armand mon canard dur à cuire 2002 (Album)
- Armand et la grosse dinde de Noël 2001
- Armand contre Joe Lateigne 2001
- Armand sous les tropiques 2000
- Armand sur canapé 2000
- Armand pique sa crise 1999
- Armand et le commissaire Magret 1999
- Armand, dur à cuire ! 1999
- Armand chez les Passimpas 1998
Syros Souris Noire poche :
- Temps de chien 2006
- Mon frère est un drôle de type 2005
- Peau de vache 2001
Syros Rat Noir :
- Tonton Emile 2002
Collection Tante Agathe :
- -Tante Agathe et l’homme papillon 2003
- Tante Agathe a la forme olympique 2003
- Tante Agathe et les agités du bocal 2003
Chez d’autres éditeurs :
- Le fils de l’espion (In Le fils de l’espion) Azimuts/Fleurus 2002
- Le disparu du pont neuf (In Le disparu du pont Neuf) Azimuts/Fleurus 2000
- Albert (In La course de l’univers) Azimuts/Fleurus 2000
- Les fusils dans l’île Le Furet/Albin Michel 99
- Rachid Système (avec les Chaps) Méréal 98

Sous le pseudonyme Jacques Daniel (Avec Caryl Ferey) :
- Cavale sous les tropiques ( In Le fils de l’espion) Azimuts/Fleurus 2002
- Pupus (In L’ultime combat) Azimuts/Fleurus 2002
- L’ultime combat (In L’ultime combat) Azimuts/Fleurus 2002
- Le bal des faucheurs (In La danse de Loubia) Azimuts/Fleurus 2002
- Le sourire de la mort ( In Avis de tempête) Azimuts/Fleurus 2001
- Piro le fou ( In Avis de tempête) Azimuts/Fleurus 2001
- Apprenti mousquetaire (In Mousquetaire malgré lui) Azimuts/Fleurus 2001

Nouvelles :
- Atomik kid (In Shangai Express) 2006
- Pedro (In Shangai Express) 2006
- N’culé (In Shangai Express) 2006
- Le roi de la sarbacane (In J’ai dix ans) Castor Astral 2005
- Tout le monde descend Ville de Beauvais 2004
- Un père et passe (In Bukowski d’ici à nulle part) Eden 2004
- Essaye encore (In Le fil) Castor Astral 2004
- Le triomphe de la canaille (In Mystères et découvertes dans les musées du Loiret) 2003
- Bonne nuit les petits (In Ecrans noirs 2) festival Polar de Cognac/ Le Marque-page 2002
- De l’eau sous les ponts (In 813 Spécial nouvelles) 2000
- Madame Simone (In Ligne Noire spécial festival) 2000
- Jolie môme (In Noir comme Eros) Bartavelle Noire 1999
- Jardin de roses Libération 1999
- Champion du monde (In Ligne Noire automne) 1999
Nib (In Caïn Hors série) 1998
- Un air de famille (In Du lit au ciel) Editions Luce Wilquin 1997
- Sympathy for the devil (In Polaroïdes) Balle d’Argent 1997

Extraits

Bonne nuit les petits, Le Marque-page, 2002

Jeanne s’est levée en pensant que c’était son jour de chance. Vu son programme, elle n’avait pas beaucoup d’autres solutions que de se montrer optimiste.
Jeanne avait tout juste dix huit ans. Elle vivait seule depuis vingt quatre mois. La semaine suivante, elle devait partir trois jours à Saint-Tropez, et c’est peut-être ça qui la poussait encore. Elle avait déniché ce petit rôle pour “Sous le soleil”, une série télévisée à la con, mais trois mille francs par jour, elle n’avait jamais gagné autant. Et puis, qui sait, un producteur la remarquerait peut-être.
Le jour pointait à peine lorsque Jeanne sortit de chez elle. Un froid sec enveloppait la capitale. A son accoutumance, le boulanger d’en face lui fit un petit signe équivoque de la main. Le boulanger en pinçait pour Jeanne. Il la trouvait “hyper bonne”, comme il le radotait sans cesse devant ses copains commerçants du quartier, le soir, au bistrot du coin.
C’est vrai que Jeanne était mignonne. Brune, les cheveux très courts à la garçon manqué, la peau halée qui lui donnait un air méditerranéen, et un corps élancé, c’était ça qui intéressait le boulanger, marié, trois enfants, tout spécialement son arrière train.
La jeune femme attacha son lourd sac au porte bagage mangé par la rouille, enfila son casque et, d’un coup de pied volontaire, elle démarra son scooter, un vieux Vespa dont le démarreur électrique avait rendu l’âme depuis bien longtemps.
Comme d’habitude, elle traversa Paris sans appuyer sur le frein. Ses rares amis la surnommaient Lara Croft parce qu’elle fonçait toujours. Jeanne n’avait pas de temps à perdre.
Elle se gara devant la petite librairie où elle travaillait à mi-temps, boulevard Saint-Germain. Elle salua la patronne, une Polonaise entraîneuse de volley-ball, envoya bouler son sac au fond de la remise et, à genoux, elle déballa les paquets de premiers journaux arrivés avant l’aube, deux mille cinq cents francs par mois.

Fabrice Gaillard se réveilla à treize heures trente, encore ivre de la veille. Aujourd’hui, c’était son anniversaire. Il avait dix huit ans.
Tout en mâchonnant sa salive chargée d’alcool, il étira les bras au-dessus de sa tête. Un sourire benêt lui barrait déjà le visage. Fabrice Gaillard était ce qu’on appelle communément un trou du cul. Un jeune homme à peine sorti de l’adolescence qui ne s’était jamais forcé à faire quoi que ce soit et qui, pourtant, promenait la mine arrogante de celui qui sait tout sur n’importe quel sujet. Un petit prétentieux détestable entouré d’une cour de jeunes gens à peu près aussi fiers de leurs personnes étriquées, tout simplement parce que son père était millionnaire, on était du même monde.
Il se leva en se tripotant le prépuce, embrassa les murs de sa chambre du regard, puis d’un pas traînant, il se rendit dans sa salle de bain personnelle, pour uriner dans le lavabo. Pisser dans la cuvette, ce n’était pas dans ses habitudes. Il aimait bien se faire remarquer. Fabrice Gaillard se prenait pour un anarchiste. Il récitait sans problème les paroles de God save the Queen, version Sex pistols.
- Quand tu veux, répétait-il dès qu’il en avait l’occasion.
Aujourd’hui, Fabrice était content. Il avait enfin une raison pour se réjouir. La fête que ses amis lui organisaient. Ca se passerait chez lui, son père payerait la facture, mais puisque l’idée venait d’eux, il considérait que c’était une surprise.
Lorsqu’il se rendit en caleçon dans la salle de réception, le personnel de maison dressait la table pour le soir. Trente couverts. Il ne se donna pas la peine de saluer qui que ce soit, et se colla devant la baie vitrée qui dominait la Seine, dans l’axe de l’Institut du Monde Arabe.

Jeanne mangea sur le pouce parce qu’elle n’avait qu’une demie heure pour déjeuner. Elle mastiquait encore un morceau de sandwich lorsqu’elle se mit en selle. Il lui fallut plus de vingt minutes pour rejoindre la Plaine Saint-Denis.
Elle se gara sur la longue avenue, appuya sur la sonnette, fit un petit coucou à la caméra de surveillance, et le lourd portail s’ouvrit. Sur le terre-plein de goudron, Jeanne avisa plusieurs berlines de luxe. Elle arriva juste à temps au studio d’enregistrement. Jeanne avait dégoté ce plan pour doubler un voix dans un dessin animé japonais. Elle descendit ses douze lignes de réplique, se fit lourdement draguer par l’ingénieur du son, signa sa feuille de présence, puis repartit sans son chèque de neuf cent cinquante francs tarif syndical, qu’elle recevrait, on lui promit, dans trente jours, mais elle savait qu’il faudrait attendre deux mois, sinon trois.
Elle décida de prendre les périphériques pour arriver plus vite à Opéra. Elle avala quatre à quatre les marches de l’escalier, et se retrouva dans une salle d’attente où une quinzaine de filles patientaient déjà. Elles portaient toutes les cheveux courts. Lorsqu’on appela son nom, presque deux heures s’étaient écoulées. Jeanne fit une prestation très juste et sincère. Quatre jours qu’elle travaillait son personnage. Il était question d’incarner une jeune et brillante avocate aux dents longues. Un second rôle dans un long métrage. Le directeur de casting lui coupa la parole, et expliqua sèchement qu’on la rappellerait, merci mademoiselle.
Lorsque Jeanne ressortit de son audition, il pleuvait à verse. Elle s’offrit le luxe d’un café, sur la place. Elle regarda les gens courir sous la pluie. Elle pensa longuement à son père qui l’avait toujours rabaissée. Elle songea à son ex petit ami, un an déjà, qui après l’avoir humiliée, l’avait laissée tomber comme un vulgaire coup de passage.
Jeanne versa une larme, mais personne ne s’en rendit compte.
Elle repartit sous l’orage, parce qu’elle n’avait plus un instant à perdre. Jeanne allait forcément y arriver. Et peut-être qu’aujourd’hui, c’était son jour de chance.


Fabrice Gaillard n’en pouvait plus de rire. Affalé sur le canapé Roset, celui placé dans l’axe de la baie vitrée, il venait de s’envoyer une ligne de cocaïne que son copain Charles-Edouard lui avait rapportée pour son anniversaire.
- Quand tu veux ! il ânonnait en lui tapotant la cuisse. Quand tu veux, mon petit pote !
Eparpillés dans la grande pièce, une dizaine d’autres personnes étaient arrivées en piaffant. Garçons et filles, whisky à la main, se racontaient des histoires de sports d’hiver à Megève, puisque c’était bientôt les vacances. Ils s’étaient, pour la plupart, rencontrés par le biais de leurs parents richissimes, dans les chalets alpins, les mas provençaux, ou les propriétés d’Ibiza. Le reste de l’année, la grande majorité végétait dans une quelconque école de commerce à trente mille francs par trimestre.
- Dix huit ans ! s’enchanta Fabrice Gaillard.
- Ouais ! confirma son copain Charles-Edouard.
La nuit tombait doucement, il était dix huit heures trente.


Jeanne enchaîna son scooter au pied d’un sens interdit. Elle garda son casque pour se protéger de la pluie, et elle poussa la porte du café enfumé pour se présenter au barman. Ce dernier lui fit remarquer qu’elle était en retard, drôles de manières, et d’un doigt nonchalant, il lui désigna la porte qui menait aux coulisses.
Quand elle entra dans le vestiaire, sinon la chanteuse qui lui lança un regard désapprobateur, personne ne se soucia de sa présence.
Devant tout le monde, Jeanne se changea rapidement. Cinq minutes plus tard, elle était sur scène, tout au fond, à côté du batteur. Elle considérait le dos de la chanteuse, une petite conne qu’elle n’avait jamais pu encadrer, mais elle souriait à pleines dents parce quelle était payée pour ça, cent cinquante francs la prestation.
Jeanne fit ses chœurs, il y eut un entracte durant lequel elle s’offrit une assiette de crudités à quatre vingt francs, et à la fin du concert, la nuit était tombée depuis très longtemps.
Une bande de garçons émoustillés s’agglutinaient autour de la petite conne, rivalisant de flagorneries en tous genres, et Jeanne sortit sans que personne ne lui tienne la porte.
Pour la énième fois de la journée, elle enfourcha son scooter. Elle passa par la pyramide du Louvre éclairée sous la pluie, traversa la Seine, puis stoppa devant le débit de tabac, sur l’île Saint-Louis.
Derrière le comptoir, le serveur était sur les nerfs. Ce soir, le patron avait pris son congé, et le petit grouillot ne se sentait plus. Il prenait des grands airs.
- Et alors, Joël, lui fit remarquer un client éméché, desserre ton string !
- Putain ! répondit l’autre. Moi je vais te desserrer mon poing dans la gueule, ça va pas tarder !
- Ah ouais ? C’est comme ça ! Ah d’accord !
D’une petite voix, Jeanne demanda des Camel, laissa deux pièces de dix francs dans la coupelle, empocha son paquet et tourna les talons sans demander son reste. Elle avait assisté à assez de fermetures de bistrots, pour savoir que l’histoire allait finir en bagarre.
Elle dut sortir son plan pour trouver le quai d’Orléans. Enfin, elle abandonna son engin sur le pont de la Tournelle, déplia un papier qu’elle avait glissé la veille dans la poche arrière de son jean, et se dirigea vers un porche majestueux. Elle composa le code sur le boîtier digital, et suivant les indications du papier, elle prit la porte de service, puis monta jusqu’au dernier étage.
La soubrette en tenue qui lui ouvrit ne lui proposa aucun commentaire. Elle se contenta de regarder sa montre, et de la conduire dans un débarras.
- Au premier bouchon de champagne ! ironisa un autre type en smoking. Je ne vous demande pas si vous avez votre costume !
Jeanne haussa les épaules. Il était minuit moins dix.


Même si le personnel de maison avait fait de son mieux, la salle ressemblait à un champ de bataille. Les gamins s’étaient vautrés un peu partout, ivres, le pétard d’herbe à la main. Ca piaillait comme dans une cour d’école, la musique techno se répercutait contre la baie vitrée de laquelle dégoulinaient quelques reliefs de chantilly qui avaient atterris là pendant la joute du dessert. Tout ce petit monde était heureux de vivre. A la fin du repas, Fabrice avait montré son cul. Il pensait que la soirée était chouette.
A minuit moins cinq, les lumières s’éteignirent, et Charles-Edouard demanda la parole. Il mit du temps pour obtenir le silence, et déclara qu’il était content d’avoir un ami comme Fabrice, que ces moments passés en sa compagnie resteraient à jamais inoubliables, un monceau d’hypocrisie, et que bon, maintenant c’était l’heure du gâteau.
Comme par magie, les portes de la cuisine s’ouvrirent, et la pièce montée arriva dans la salle, poussée par le majordome. Un truc énorme, aussi large qu’un pneu de trente huit tonnes, avec dix huit bougies plantées dedans.
Fabrice était très ému. Il en était à sa cinquième ligne de cocaïne. Les yeux semblaient lui sortir de la tête.
- Quand tu veux, il dit en se levant comme il pouvait du canapé où il s’était affalé. Dix huit ans ! Bordel !
- Joyeux anniversaire ! entonnaient les autres en renversant leurs verres sur la moquette.
Fabrice Gaillard tituba jusqu’à la bibliothèque. Dix huit ans. Bordel. Il allait leur montrer.
- Les bougies ! Les bougies ! gueulait l’assistance survoltée.
Charles-Edouard préparait les bouteilles de champagne. Les gens continuaient à hurler. Quelqu’un d’autre remit la musique à fond, Fabrice Gaillard ouvrit le tiroir du bas, fouilla dedans, et s’empara du pistolet semi-automatique israélien de son père.
Personne ne le vit se redresser, l’arme à la main.
- Jericho 941 F ! fanfaronna Fabrice Gaillard. Arme de guerre ! Neuf millimètres Parabellum ! Dix huit coups, les copains ! Putain de dix huit coups !
Charles-Edouard était livide.
- Mais qu’est-ce que tu fous ? balbutia-t-il.
- Dix huit bougies, expliqua Fabrice en se tenant à la table pour s’approcher, dix-huit coups !
- Il va éteindre les bougies avec son flingue ! ricana une jeune fille qu’un rien excitait.
- Fais pas le con ! Arrête !
A minuit pile, Fabrice Gaillard mit son gâteau d’anniversaire en joue, dos à la baie vitrée, et il appuya sur la queue de détente. Les dix huit coups partirent dans les cinq secondes suivantes.
Et donc, au même instant, Jeanne se leva en pensant que c’était son jour de chance. Ce n’est pas fréquemment qu’on l’invitait à un anniversaire, même toute nue dans un gâteau. A la limite, elle aurait pu rencontrer des gens biens.
-Fin-

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

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