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Les écrivains / adhérents

Olivier Paquet

Roman / Nouvelle / Jeunesse
photo Olivier Paquet

Né en 1973, ses premiers textes publiés dans la revue Galaxies abordaient les relations entre les machines et l’homme. Dans sa nouvelle, Synesthésie (Grand prix de l’imaginaire 2003), l’humanité voyageait entre les univers grâce aux rêves des intelligences artificielles. Depuis, il a continué d’explorer la question du rapport entre le sensible et le mécanique. Plutôt que de mettre l’accent sur la compétition, il s’intéresse à la coexistence. Quand une machine est destinée à manipuler les données des marchés financiers, elle garde une partie de sa puissance de calcul pour écrire des romans à l’eau de rose, comme dans L’IA qui écrivait des romans d’amour.
Si jusqu’ici, Olivier Paquet n’avait pas abordé les IA dans ses romans, il le fait en 2016 avec Jardin d’hiver. Dans une Europe en plein conflit entre des ingénieurs et des éco-terroristes, où les humains se trahissent, se mentent et se tuent, les machines sont les seules entités dignes de confiance. L’intelligence artificielle est ici une présence chaleureuse, attentive et bienveillante, qui se contente de permettre à chacun d’exploiter son potentiel.
Il travaille en ce moment sur une continuation des mêmes thématiques, où cette fois il n’y a plus une IA unique, mais une communauté de machines qui communiquent entre elles pour s’interroger sur la manière de créer de la justice entre les humains. Dans une société morcelée, où l’individu est pris dans des communautés virtuelles mais a perdu la notion de bien commun, les IA ne sont pas les moins bien placées pour traiter des questions aussi complexes.

Thèmes abordés par l’auteur
La communication entre les individus
Le rapport entre nature et technique
Les intelligences artificielles
L’avenir de l’Europe

Photo / éditions l'Atalante

http://melkine.wordpress.com
Bibliographie

Série Le Melkine
Cette série a été récompensée par le prix Julia-Verlanger 2014.
– Le Melkine, L’Atalante, coll. La Dentelle du cygne, 2012
– La Mort du Melkine, L’Atalante, coll. La Dentelle du cygne, 2013
– L’Esprit du Melkine, L’Atalante, coll. La Dentelle du cygne, 2013

Autres romans
– Structura maxima, Flammarion, coll. Imagine, 2003. (Prix Imaginales des Lycéens à Epinal, ex-aequo avec Les Fables de l’Humpur de Pierre Bordage en 2004)
Réédité en 2015 aux éditions L’Atalante dans la collection La Dentelle du cygne
– Les Loups de Prague, L’Atalante, coll. La Dentelle du cygne, 2011
– Bleu argent, L’Atalante, coll. Young Adult, 2014
– Jardin d’hiver, L’Atalante, 2016

Recueil de nouvelles
– Faux-semblance, l’Atalante, coll. La Dentelle du cygne, 2017 (Prix Bob Morane 2018, catégorie Nouvelles)

Nouvelles (bibliographie Sélective)
– La Première Œuvre, 1999
– Synesthésie, parue dans la revue Galaxies no 18, automne 2000 (Grand Prix de l’Imaginaire 2002, catégorie nouvelles)
– Rudyard Kipling 2210, paru dans la revue Galaxies no 27, hiver 2002-2003
– Chevaux de lune, paru dans la revue Asphodale no 2, février 2003 (adapté en pièce radiophonique pour France Culture en 2005)
– Us, paru dans la revue Galaxies no 28, printemps 2003
– Cauchemar d’enfants, paru dans la revue Galaxies no 30, automne 2003
– Animas, paru dans la revue Galaxies no 38, septembre 2005
– Le Khan Mergen, in anthologie Destination Univers dirigée par Jean-Claude Dunyach & Jeanne-A Debats, éditions Griffe d’Encre, 2012
– Trou noir contre vampire, 2013, in Anthologie des dix ans du festival de Sèvres, dirigée par Jeanne-A Debats
– La Reine d’Ambre in Rêver 2074, Comité Colbert, 2014 (traduit en anglais et en japonais)
– Tokyodôme in Utopiales 2016
– Graine de fer, in Solaris n°201, Hiver 2017. Prix Joël-Champetier 2017

Extraits

Les voies aériennes du périphérique extérieur se remplissaient de véhicules à sustentation magnétique fuyant le centre par Colombes. Malgré une circulation dense, il n’émanait de ce trafic que le bourdonnement sourd du tube à l’intérieur duquel voitures et bus filaient sans ralentir. Les zones autonomes d’Epinay, avec leurs structures communautaires et leurs immeubles autosuffisants, formaient une ruche bouchant la vue vers Sud-Est. Il fallut dépasser l’île Saint-Denis à hauteur de Saint-Ouen pour obtenir un vrai panorama de cette partie de Mégapole.
La rive droite de la Seine était couverte d’une superstructure désignée officiellement sous le nom de 21e arrondissement, mais que les habitants appelaient « quartier spatial ». Un entrelacs de poutrelles et de haubans surplombait un coin de la ville, depuis la Villette jusqu’à République, pour étayer les bâtiments logés à l’intérieur. Une sorte de jeu de construction enfantin était suspendu dans les airs à plusieurs centaines de mètres de haut. Les ombres se mélangeaient, dessinant des arabesques sur les murs devenus ocre à la lueur du soir. Fragile et massif à la fois, l’ensemble menaçait autant de s’effondrer que de s’envoler sous l’effet d’une tempête. Il tranchait avec la dureté du verre qui couvrait toute la façade interne du bâtiment du conseil sur la butte Montmartre. Quand le navire franchit l’écluse du canal qui traversait ce qui avait été jadis le bois de Boulogne, le ciel gris orange se refléta sur la surface incurvée, projetant une sorte de tableau à des kilomètres. Seuls les pylônes et les structures cylindriques du métro aérien qui s’étendaient au-dessus du faubourg Saint-Honoré en cachaient la vue par endroits. Le port de Grenelle s’annonçait déjà par la lumière de son phare, tout le monde sur la Tchaïka jugea préférable de rentrer. Le froid s’était installé soudainement, accompagnant le crépuscule.

– Jardin d’hiver, L’Atalante, 2016


[Hikaru] imagina son père se lever tôt et passer au moins une demi-heure à préparer le déjeuner de sa fille. Il devait y penser la veille pour ne jamais cuisiner deux fois de suite les mêmes légumes. Il réussissait toujours à trouver le bon assaisonnement, le bon accompagnement. Elle dormait quand il lançait la cuisson du riz. Son réveil n’avait pas encore sonné que lui étêtait les crevettes et détachait les pattes avant de les disposer en longueur. La jeune fille ouvrait à peine les yeux qu’il saupoudrait le saumon cru avec des graines de sésame. Elle n’avait jamais pris le temps de regarder son père accomplir ces gestes précis. Elle aurait dû se lever en avance un matin, descendre lentement pour ne pas se faire entendre, s’asseoir sur les marches, se coller contre la cloison et l’observer. Peut-être aurait-elle compris ce qu’il voulait lui dire à travers ces bentos ? Mais elle se réveillait toujours en grognant et mangeait les coudes posés sur la table, sans dire un mot. Son père en profitait pour quitter la cuisine et s’habiller pour aller au travail. Quand il sortait de la maison, sa fille réagissait à peine au « à ce soir » qu’il lançait.
Une fois, Hikaru avait voulu cuire du riz et l’avait laissé se dessécher. Ils avaient mangé tous les deux une masse collante qui râpait la langue. Son père avait dit : « Tu choisiras un bon mari. »
Sur le moment, Hikaru n’avait pas apprécié la réflexion, la trouvant très désagréable, mais ce soir, en mangeant le bento de Kinya, elle comprenait autrement cette phrase. Oui, aucun homme ne l’épouserait pour ses talents de cuisinière, mais si un homme l’acceptait ainsi, alors il serait quelqu’un de bien aux yeux de son père. Il n’avait jamais voulu faire de sa fille une femme modèle, mais il avait confiance dans son jugement. Et Hikaru était partie de la maison. Elle avait laissé derrière elle des bentos merveilleux, tirant un trait sur tous ces matins attentionnés, pour se croire libre. Elle n’avait rien compris. Lui non plus.

– Une fille aux pieds nus in Faux-semblance, l’Atalante, 2017

Ma bibliothèque

– Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, mon premier contact avec la science-fiction quand j’avais 12 ans. Il m’a ouvert le chemin vers toute une littérature qui m’a fasciné et me fascine encore.
– La main gauche de la nuit d’Ursula Le Guin. Dans ce monde d’hermaphrodites, un observateur humain essaie de comprendre cette société et ses enjeux. Une forme de science-fiction anthropologique
– Le monde inverti de Christopher Priest. Un monde qui se déplace sur des rails et un individu qui cherche la vérité de cet univers.
– L’oreille interne de Robert Silverberg. Roman de science-fiction à la tonalité contemporaine à l’exception du héros qui est capable de percevoir les pensées de ses voisins.

Hors science-fiction.
– L’Education sentimentale de Gustave Flaubert. Lu plusieurs fois, roman sur les sentiments et roman sur l’échec. Au moins Madame Bovary réussit son suicide.
– Les Belles endormies de Yasunari Kawabata. Alors que je commençais à écrire, Kawabata m’a appris qu’on pouvait dégager de la sensualité avec une description précise, sans analogie, par le pouvoir de l’observation et des mots.
– Darling de Jean Teulé. L’absurde et le tragique, une manière d’observer le monde qui rend hommage aux gens modestes sans les idéaliser.
– Cent ans de solitude, de Gabriel Garcia Marquez. Ce roman est un fleuve, dont on écoute les noms des personnages rouler comme des rochers sous le flot.
– Etoile distante de Roberto Bolano. Ce livre est le portrait d’un mal pur, irrésistible, à la fois poète grandiose et assassin sordide. La force du livre, c’est qu’à la fin, même la mort ne peut rien contre ce mal
– Terre des hommes de Saint-Exupéry. Visions de l’Aéropostale et des peuples du désert, leur sagesse, leur brutalité, leur honneur

Lieu de vie

Auvergne-Rhône-Alpes, 69 - Rhône

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire