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Les écrivains / adhérents

Pascale Fautrier

Roman / Essais
photo Pascale Fautrier

Pascale Fautrier, docteure agrégée de Lettres modernes, élève de Julia Kristeva qui a dirigé sa thèse sur Nathalie Sarraute. A d’abord publié des articles universitaires (Sarraute, Sartre, Foucault, Barthes) et des ouvrages didactiques (Pour un oui ou pour un non de Sarraute, Grands manifestes littéraires). Egalement diplômée de cinéma, elle a écrit deux documentaires sur Simone de Beauvoir (France 2, 1999, et LCP-AN, 2008).
A partir de 2008, elle s’est mise en disponibilité de l’enseignement pour pratiquer une écriture plus narrative. Se tournant vers la biographie (collection folio-biographies de Gallimard : Chopin, Napoléon Bonaparte), elle a conservé les mêmes thèmes de réflexion : les relations entre l’intime et l’histoire (et la politique), les styles de vie et les formes d’expression esthétiques ou politiques, l’utopie collective et le bonheur privé. Sans adhérer à une conception « totalitaire » de l’existence, sans prétendre donc en fournir une explication holistique intelligible, son souci est de montrer les interactions sensibles, les résonnances entre les différentes pratiques, pratiques intimes quotidiennes apparemment insignifiantes et pratiques sociales, esthétiques, politiques, religieuses (ce qui est la véritable ambition de la littérature).
Elle vient de publier un récit sur l’histoire de sa famille, Les Rouges (Seuil, 2014) : huit générations d’hommes et de femmes engagés à gauche depuis la Révolution. Ce roman vrai resitue l’engagement politique révolutionnaire (jacobin, rouge, communiste, trotskiste) dans l’histoire longue de la transmission mémorielle et des croyances, exposant les irréductibles contradictions entre les dogmes imposés par les grandes institutions (état, églises, partis) et les convictions intimes.
Son prochain travail sera consacré au destin exceptionnel d’une abbesse du XIIème siècle : où il s’agira de comprendre les implications individuelles et collectives des pratiques religieuses chrétiennes à une époque où la séparation entre le spirituel et le temporel ou le charnel n’est pas encore nettement marquée.

Bibliographie

– Les Rouges, roman, Seuil, avril 2014.
– Napoléon Bonaparte, folio-biographie, Gallimard, octobre 2011.
– Frédéric Chopin, folio-biographie, Gallimard, février 2010.
– Les grands manifestes littéraires, anthologie commentée et annotée, folioplus classiques, Gallimard, octobre 2009.
– (Re-)découvrir l’œuvre de Simone de Beauvoir, Actes du Colloque international de Paris Simone de Beauvoir, dir. Julia Kristeva, textes édités et présentés par Pascale Fautrier, Pierre-Louis Fort, Anne Strasser, Editions du Bord de l’Eau, septembre 2008.
– Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute, Edition commentée, Bibliothèque Gallimard, septembre 2006.
– Éthiques du tropisme : Nathalie Sarraute, Éditions L’Harmattan/ École Doctorale de Paris VII, décembre 2000 : présentation et édition des actes du colloque Nathalie Sarraute organisé sous ma direction le 7 mai 1999 à l’Université Paris VII.

Derniers articles
– "Sarraute et l’autofiction », in Autofiction(s), Colloque de Cerisy, sous la direction de Claude Burgelin, Isabelle Grell et Roger-Yves Roche, PUL, 2010.
– "Devenir une femme et un écrivain : la dialectique des genres dans les Cahiers de jeunesse de Simone de Beauvoir, Arena Romanistica, Journal of Romance studies, volume "Literature and Philosophy in Romance Languages", University of Bergen, 6-2010.
– " Les Cahiers de jeunesse de Simone de Beauvoir ou la tentation de l'absolu ", Les Temps Modernes N° 658-659, Avril-juillet 2010.
– " Simone de Beauvoir et l’amour absolu. De Claudel à Sartre (Simone de Beauvoir, Cahiers de jeunesse)", Critique n° 755 "Chemins de la liberté" avril 2010.
– « Simone de Beauvoir en France aujourd’hui », Simone de Beauvoir centennial conference, The Florence Gould lectures, Vo. 10, New York, Summer 2009.
– « La scrittura etopoietica: forgiare un’inedita estetica dell’esistenza (Michel Foucault) » (p.107) in Scritture Relazionali Autopoietiche, A cura di Orazio Maria Valastro N. 4, Aracne Editrice S.r.l., Roma, aprile 2009 (ISBN 978-88-548-2457-7 © 2009)
– « Pour Sartre, de Michel Contat : du grand écrivain à l’intellectuel révolutionnaire médiatique», Critique n°739, décembre 2008.

Articles en ligne
– « Nathalie Sarraute, autofiction et construction de soi : les yeux largement fermés », Revue Magma, volume « Ecritures de soi en souffrance », sous la dir. De Orazio Maria Valastro, vol. 8 n°1, janvier/avril 2010,www.analisiqualitativa.com/magma/0801/article_08.htm
– « Qui a peur d’Emma Bovary ? », recension du livre de Jacques Rancière, Politique de la Littérature : Acta Fabula, Novembre-décembre 2007 (volume 8, numéro 6), URL :www.fabula.org/revue/document3632.php
– « Le cinéma de Sartre », dans « Ce que le cinéma fait à la littérature (et réciproquement) », Fabula LHT (Littérature, histoire, théorie), n°2, décembre 2006, URL : www.fabula.org/lht/2/Fautrier.html
– « Anatomie d'un couple », rubrique Rebonds, Libération, mardi 12 décembre 2006, www.liberation.fr/rebonds/ /222609.FR.php : le couple Sartre/Beauvoir

Autres articles
– « Sartre, l’amour et la révolution, », in Cinéma et révolution, (commentaire et édition du scénario inédit de Sartre « Joseph Lebon »), textes réunis par Gilles Philippe et Vincent de Coorebyter, Etudes sartriennes, n°11, 2007.
– « Sarraute à l’épreuve de Sartre », Etudes Sartriennes n°10, 2006, essai.
– « Les enfants de 68 », in Enfants , Sexe innocent, soupçons et tabous, dir. Marcela Palacios, Editions Autrement, coll. Revue Autrement Mutations, Paris, janvier 2005.
– « Libérez Henri Martin », in Pourquoi Sartre?, Editions du Bord de l’Eau, sous la direction de Vincent von Wroblewsky, juin 2005.
– Recension du livre d’Isabelle Grell Les Chemins de la liberté de Sartre, genèse et écriture (1938-1952), éditions Peter Lang, Berne, 2005, in L’Année sartrienne, juin 2005.
– Entrées « Le Mur » (un article générique et un article par nouvelle du recueil, soit 5 articles), ainsi que « Nathalie Sarraute » et « Préface à Portrait d’Un Inconnu » in Dictionnaire Sartre, éditions Champion, sous la direction de Gilles Philipe et François Noudelmann, décembre 2004.
– « Roman de la philosophie, philosophie du roman : Le siècle de Sartre de Bernard-Henri-Lévy », L’Infini n°73, printemps 2001, essai.

Autres interventions colloques publiées
– Intervention au colloque annuel du Groupe d’Etudes Sartriennes, Sorbonne, amphithéâtre Guizot, 23 juin 2007 : « Les sources du Scénario Lebon : l’Essai sur la psychose révolutionnaire d’Yves Dhôtel ».
– Colloque annuel du Groupe d’Etudes Sartriennes, organisé par Benoit Denis pour le GES, 26 et 27 juin 2004, Paris 4 Sorbonne : « Sartre/Barthes et la littérature comme pratique ».
– Colloque Simone de Beauvoir, Paris 7, 1998 : « Simone de Beauvoir et les impasses du féminin ».

Audiovisuel
– Auteur du film Je veux tout de la vie – Le Deuxième Sexe ou la liberté selon Simone de Beauvoir, La Chaîne Parlementaire (LCP-AN)/Saraband films/CNC//INA/Ministère des Affaires Etrangères, co-réal. Pierre Seguin, multi-diffusion : 26-29 juin 2008 ; 2 juillet 2008 (autres diffusions été-automne 2008 et 2009, projections à Paris, en province et à l’étranger, ouverture du mois du film documentaire, Pau, 4 nov. 2008). Bande-annonce :www.dailymotion.com/video/x5xn7a_beauvoir-et-le-deuxieme-sexe_news ; DVD disponible sur :www.docnet.fr/product_info.php?cPath=32&products_id=164&osCsid=f6ca69baa93a82bd7b339019b027b280
– Réalisation court-métrage « Il faudra qu’on me laisse vivre » – la dernière nuit de Théophile de Viau , Université Paris 1/ESAD, janvier 2008.
– Conseiller littéraire du documentaire Sartre : objectif 58/64, Virtuel Production/Jem Productions, 2006.
– Co-auteur du film Simone de Beauvoir diffusé le 27 janvier 1999 et le 24 août 1999 sur FR3 (d’autres diffusions sur le cadre et à l’étranger) dans le cadre de la série dirigée par Bernard Rapp « Un siècle d’écrivains » (cassette disponible). Scénario construit à partir de citations tirées de l’oeuvre de S. de Beauvoir.

Extraits

Extrait de "Napoléon Bonaparte"
La bataille de la Bérésina est « un des plus grands désastres de l’histoire » : le 16 décembre, ils seront seulement 18 000 hommes à repasser le Niémen.
Dès le 5, Napoléon a décidé d’abandonner ce qu’il reste de son armée et de rentrer incognito à Paris. L’ambassade de France a fait prévenir Maria Walewska qu’il voulait passer la nuit chez elle ; le 10 au soir, les clochettes d’un traineau annoncent sa présence : « Marie le conduit à sa chambre. Il s'étend tout habillé, elle s'assied près de lui et il s'endort, la main dans la sienne. Elle demeure immobile, de longues heures, à le contempler. Avant l'aube, Duroc vient le réveiller. Rapides adieux, Napoléon engage Marie à ne pas s'exposer aux exactions des Cosaques, à regagner la France au plus vite ».
Ce que Maria a tenu par la main, cette nuit-là, avec stupeur, c’est une grande poupée immobile et molle : l’enveloppe extérieure, comme un chiffon usé, du vainqueur qu’elle a aimé, abattu à son tour par les assassins de son père. Elle pressent qu’il ne s’en relèvera pas.
Pour elle, tout est consommé. Les Russes s’apprêtent à reprendre Varsovie, son espérance a fini, et il en reste cet homme étendu là, épaissi et vieilli. Elle aurait quelques raisons de le haïr : des milliers, des millions d’hommes peut-être, certains dans la ferveur, beaucoup dans le désespoir, sont morts pour accomplir son grand dessein orgueilleux de tout dominer pour tout libérer. Et cette audace criminelle, ce courage aussi, cela s’efface maintenant comme ces hiéroglyphes éphémères sur le sable des plages. Le Royaume de Pologne ne renaîtra pas. Mais ce n’est pas de la haine qu’elle ressent : plutôt une infinie compassion pour l’ancienne frénésie impérieuse noyée dans cette chair un peu bouffie, abandonnée, dont il lui semble qu’elle parle un langage à elle seule adressé, et qu’elle ne peut pas trahir.

Extrait de "Frédérick Chopin"
Sur la terrasse entourée de caisses d’orangers, de grenadiers et de tamaris où l’on dînera tout à l’heure, les Leroux, Borie, Poncy, Duvernet, Duteil et Néraud discutent ferme autour de Sand auréolée de fumée, sérieuse dans la robe en percale fleurie que lui a confectionnée Luce Perdiguier, la femme du compagnon Agricol : il s’agit de la création d’un quotidien local républicain, L’Eclaireur de l’Indre, et de l’installation par Leroux d’une imprimerie-phalanstère non loin de là, à Boussac, pour aider à la propagation de livres bon marché destinés à l’enseignement du peuple ; Sand présente à Leroux le poète-prolétaire Charles Poncy dont elle voudrait qu’il imprime les vers et les chansons. Jules Leroux, le frère de Pierre, convainc tout le monde que le jeune Victor Borie, un journaliste de Tulle de vingt-six ans, fera un bon directeur de la rédaction pour L’Eclaireur de l’Indre. Chopin enthousiasmé par ces projets audacieux les a rejoints : il est plus que tous indigné par le sort de cette toute jeune fille, abandonnée sur une route déserte par l’hospice qui voulait s’en débarrasser. On organise une souscription pour soustraire Fanchette aux religieuses qu’on a obligés à la reprendre, mais qui risquent de lui faire expier leur propre honte. Sand lit de sa « voix mate et voilée, sans aucun timbre sonore mais si douce et agréable », l’appel qu’elle est en train de rédiger pour La Revue indépendante, Frédéric applaudit à tout rompre, et George émue, songe en le regardant à ce jeune paysan de trente et quelques années, l’âge du musicien, tombée amoureux d’une autre Fanchette de quinze ans et l’épousant malgré la vieille fille coquette et riche que son beau-père a déniché pour lui. Ce sera La Mare au diable (1846), ça se finira comme aujourd’hui par une noce de campagne, elle l’écrira en quatre jours et le dédicacera « A mon ami Frédérick Chopin ».
Mais autour d’elle la discussion a repris de plus belle et elle s’en mêle avec feu : oui, « la propriété, c’est le vol », tranche la « châtelaine » de Nohant. Les yeux bleus-gris de Frédéric sourient de l’intérieur ; il s’éloigne discrètement, aveuglé par la fleur de fuchsia dans les cheveux noirs, près de l’œil de velours enflammé.

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire