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Les écrivains / adhérents

Patricia Sanchez

Roman / Nouvelle / Contes
photo Patricia Sanchez

Patricia Sanchez est née à Béziers en 1968. Après des études de Lettres Modernes à Montpellier, elle enseigne le Français et la Littérature dans les collèges et lycées de l’Académie de Créteil avant de devenir Formatrice. Elle a quatre enfants et vit en Seine-et-Marne.
Dans ses romans, Le Marchand espagnol paru en 2013, puis Le Kaléidoscope d’Orphée, publié en 2014, elle s’interroge sur l’impact des événements politiques sur la construction personnelle de héros adolescents qui mènent une quête initiatique et familiale.
Ses romans sont inspirés de l’Histoire européenne des XIXème et XXème siècles. Elle crée un monde à la fois réaliste et poétique, peuplé de personnages emportés dans les tragédies de leur époque. Son univers romanesque s’est orienté d’abord vers l’Afrique du Nord et l’Europe de l’entre-deux-guerres où l’Histoire et ses bouleversements se reflètent dans une nouvelle conception de l’art illustrée par le surréalisme.
Romancière et auteure de nouvelles, elle écrit aussi des contes pour enfants.

Bibliographie

– L'Aube d'été, une vie de femme, nouvelles
– Slimène et la fille du Fennec, album jeunesse, L'Harmattan, 2015
– Le Kaléidoscope d’Orphée, roman, collection Rue des Ecoles, L’Harmattan, Septembre 2014
– Le Marchand espagnol, roman, premedit77, mai 2013

Extraits

Extrait 1 : Le Marchand espagnol, roman, premedit77, mai 2013

« Lorsque Mohammed Abou Abhal s’éveilla, il faisait encore nuit noire. L’herbe rase et épaisse où il avait dormi était humide et froide. Il se trouvait au commencement de la province de Jaén, loin de la cité de Grenade, et près du village de Baeza. Aux montagnes décharnées par la sécheresse avait succédé une vallée fraîche et bruissante, creusée de plusieurs cours d’eau où la végétation s’épanouissait dans un climat printanier et odorant.
La tête lourde et douloureuse, il se souvint des événements
tragiques qui l’avaient mené en ce lieu : la fuite loin du palais de son père envahi par les flammes. Il se souvint des hommes armés du grand Inquisiteur Gonzalves De la Cruz, déferlant dans les escaliers somptueux, souillant les précieux tapis de velours grenat, hurlant leur cruauté implacable, et neutralisant sans merci tous ceux qu’ils trouvaient dans les chambres, dans les salons, dans les cuisines. Il entendait encore les cris des domestiques violemment repoussés par les hommes de main du cruel Gonzalves. Ils viendraient augmenter le nombre des innocents torturés et jetés dans les geôles, ou condamnés aux galères avant même d’être jugés.
Par miracle, il avait pu emprunter un passage secret qui menait
de sa chambre aux portes des remparts par un très long tunnel. C’est ainsi qu’il avait échappé aux soldats. Il avait couru sans se retourner pendant de longues heures à travers les collines arides et les vallées boisées, parcourant les terres cultivées irriguées par le grand fleuve, le Wad Alkabir, et l’esprit toujours hanté par les cris et le crépitement de l’incendie. »


Extrait 2 : Le Kaléidoscope d’Orphée, roman, collection Rue des Ecoles, L’Harmattan, Septembre 2014 :
« Je savais que je retrouverai Mourad.
Dans les bras chauds et colorés de ma mère, je suis bercé par les mêmes chants de nourrice arabe qu’il lui susurrait lorsqu’elle était enfant. Les mots de lumière, de poussière et de cris joyeux, toute la musique de la terre algérienne.
En 1918, j’ai à peine trois ans. C’est mon plus vieux souvenir. La voix de ma mère reprenant doucement les mélopées que son père lui chantait.
Bien plus tard, elle me raconta la tragédie du bonheur effleuré. L’horizon lumineux qu’ils avaient entrevu, ensemble, pendant trois années, dans un petit village de la vallée du Sig près d’Oran. Leïlla, Emma et Mourad, ma mère et ses parents.
Mourad, mon grand-père africain.
Le sentiment de plénitude que j’éprouvais alors que ma mère me racontait le vertige de ses images d’enfance. Le velouté de sa voix, le soutien de ses bras ronds, la douceur de sa peau à travers le tissu léger de la chemise de nuit, son regard tourné vers moi et me quittant par intervalles, happé par les visages du passé.

Mourad Abel, mon grand-père, l’homme de sa vie, de la mienne donc aussi, que nous ne rencontrâmes jamais, que nous rencontrerions peut-être un jour :
Inch Allah ! Mon fils !
Les mots arabes.

Les paroles de l’appel confiant au destin, comme ceux des chants de l’enfance, avaient fusé de sa bouche, très rarement, comme malgré elle. Envers ou contre cette loi terrible selon laquelle les racines africaines ne devaient pas être révélées, jamais, sous peine d’entraîner un rejet social, culturel, professionnel. Personne ne savait, sauf moi.
J’aimais ces moments d’abandon où nous nous lovions, embrassés, tous deux protégés par les seuls mots de notre histoire. J’aime ce souvenir plus que tout. »

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Île-de-France, 77 - Seine-et-Marne

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