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Les écrivains / adhérents

Philippe Nadouce

Poésie / Roman / Récits
photo Philippe Nadouce

Philippe Nadouce est né en 1965 à l’île de Ré. Après un passage au court Florent en 1986, il part à Madrid et étudie le théâtre au conservatoire de l’acteur et metteur en scène Angel Gutierrez dont il intègre ensuite la compagnie.
Lauréat en 1993 du premier prix des Arts et Lettres de France pour sa pièce Les Rivières, il fonde avec l’actrice et productrice Cristina Rota le théâtre école La Sala del Mirador et la compagnie théâtrale Nuevo Repertorio. Il a écrit de nombreuses pièces de théâtre : La Ferraille (1994), La Révolution de Doña Pistilo (1995), Lamek (1998), La maison jaune (2006).
En 2001, il publie son premier roman, Les Cahiers Madrilènes (Editions Le Manuscrit) et s’installe à Londres un an plus tard où sa passion pour le théâtre le poursuit. Il travaille notamment avec la metteuse en scène Sacha Wares, à l’Institute of Contemporary Arts (ICA) et met en scène Tartuffe pour le Heymarket Theatre de Basingstoke. En 2007, il met en scène un court métrage Nothing qui primé au festival The Accolade Competition en Californie.
A partir de 2005, il commence une carrière universitaire (Vacataire à la London Metropolitan University et à South Bank University). Il se passionne pour les sciences du langage la bio-linguistique et les théories chomskiennes sur la grammaire générative (Master Management of Language learning à l’université de Greenwich). Il collabore aujourd‘hui avec SOAS, University of London et la Westminster University et écrit le reste du temps.

https://www.philippe-nadouce.com/
Bibliographie

– Cahiers madrilènes (Éditions Le Manuscrit, 2001, Roman)
– Louisiana (Éditions Les Deux Crânes, 2018, Récits des voyage, poèmes)

– Femmes (Éditions Hermaphrodite, 2005, Ouvrage collectif)
– La Naissance des Deux Crânes (Éditons Les Deux Crânes, 2017, Ouvrage collectif)

Extraits

Extrait de « Louisiana » :
« Je pars pour l’Amérique ! » Mais cette fois, j’éviterai les flots et l’océan, dur comme des sacs de graines. Avez-vous déjà vu une graine ? Vous êtes-vous jeté par hasard dans un silo ? C’est une mort affreuse. Vous descendez crucifié dans un mortier à prise retardée. Une fois immergé, vous perdez la raison ; des filins d’acier se jettent dans votre gorge, plongent dans les poumons, entremêlent leur graisse à la poussière des moissons ; vous suffoquez, relevez les joutes du spasme qui lentement vous enferme dans ses anneaux. Le néant souffle doucement sur le jeune brasier qui consume vos entrailles. Vous êtes ingurgité.
Alors, voyez-vous, je n’ai pas envie de prendre un navire ; je préfère les jumbo-jets. Je m’éviterai ainsi ces longues journées d’agonie, loin encore de mon périple en Louisiane. Car un voyage se commence avec les êtres qui vivent sous nos horizons, tous pris à l’orée de leurs efforts.
Nous volons depuis cinq heures : je pense au poète en quête de brouillons énergiques, aux cœurs des Américains, à cette enveloppe du drame qui s’élève au-dessus des terres du Deep South. Qu’en rapporterai-je ?
Les hommes d’ici, comment sont-ils ? Eh bien, rien ne les distingue de la momie que je nourris en moi. L’histoire de mes voyages ne sera pas le récit d’aventures exquises et extraordinaires ; ce ne sera que la longue interrogation d’un homme qui a honte de ce qu’il a vu. »

Extrait de « Cahiers madrilènes » :
« La devanture da la gargote valait le coup : deux vitrines poussiéreuses qui faisaient l’angle d’une rue. De vieux rideaux mémé empêchaient de voir la salle. En exposition, des empilements de boîtes de conserves et des fleurs en plastoc : on savait ce qu’on mangeait au moins. L’entrée était séparée de la salle par un rideau de velours rouge bordé de cuir noir. Le Soidemersol, était bien achalandé ; il y avait de tout ; du vieux breloque, seul et un peu gaga, mangeant comme une tortue, bouche ouverte et rebord de verre garni de masticage, à l’ouvrier saupoudré de ciment qui lorgnait les petites, en passant par des jeunes de toutes les tribus urbaines du moment. Tables de familles nombreuses aussi : gueulardes et éclaboussantes ! Et puis, des types seuls, des retraités pour la plupart, silencieux et tristes, tordus ou informes qui regardaient la télé. Des gens qui ne cachaient rien de leurs problèmes ; la boîte de cachets, les médocs, les gouttes, les prothèses étaient à côté d’eux, sur la table. L’un d’eux s’appelait Juan de la Fuente – j’étais le seul à ne pas être tombé dans le panneau avec son nom. C’était évident lorsqu’on l’on connaissait l’histoire du lascar. Jean de la Fontaine, qu’il s’appelait ? A d’autres ! Quand je fis sa connaissance, j’étais avec Tino, un ami renfrogné. Jean de la Fontaine occupait une table de quatre dans l’entrée. Pourtant, le vestibule était plein à craquer. Nous nous y précipitâmes.
- Vous tentez votre chance ? Demanda-t-il.
En Espagne, les aveugles et les estropiés vendent des billets de loterie. Celui-là n’avait rien d’un aveugle. Nous nous assîmes. Tino fit tomber sa serviette sur le sol et se baissa pour la ramasser. Il se redressa, interloqué. Au même instant, un bruit formidable me fit sursauter. Jean de la Fontaine avait disparu sous sa chaise : il était tombé comme une pierre. J’allai me lever pour voir ce qui se passait quand je vis son torse se diriger vers moi, rampant sur le sol. Pas de guiboles ! Nous nous étions assis à la table de l’homme tronc ! Il me regarda d’en bas et m’adressa un aimable sourire. »

Extrait de « Femmes » :
EKKLESIA

I
Le peloton sédentaire du trottoir
Lorgne la fissure d’un jupon

Une trainée offre sa fleur vipère
La rose est divine dans sa photo de terre

Ses jambes écartées offrent
Un proche hideux à l’averse
Elle moque la jupe d’une veuve
Acide au comptoir des pleurs

En proie à l’affreuse attente
Des chaleurs enchantées

L’égalité est un songe lépreux
Et la fiole du tempérament

Abreuve l’auge du destin
Verte écume des désordres


II
Une putain s’endort
Sur la table sans tain

L’amour en chiffon d’oseille
Traîne sur un manteau de liqueurs

Sur l’évier de l’échec
Un amour sauce sa vie

Coule victuaille silencieuse
Une pudeur collagène

Le rêve regarde cette icône
Pourrir aux écoutilles de l’aube

Poupée changeante et creuse
Lumière au sein des charmilles

Sommeil de bazar et d’étoiles
Où des nerfs à vif coiffent des dents saines

Ses amants fatigués partagent le divin
Et se jettent dans l’œil d’un ravin

Ma bibliothèque

Mes livres de chevet :
Le livre du découragement de Fernando Pessoa
Voyage au bout de la nuit de Céline
La philosophie dans le boudoir de DAF Sade

Tout Proust - Tout Rabelais - Tout Céline - Tout Bukowski - Tout Sade
Tout Lautréamont - Tout Breton - Tout Stendhal - Presque tout Tolstoï
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Philosophie :
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Poésie :
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Théâtre :
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