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Les écrivains / adhérents

Raymond Penblanc

Roman / Nouvelle / Récits
photo Raymond Penblanc

Né en 1945 en Bretagne, Raymond Penblanc a commencé à écrire à l’âge de 8 ans - revisité Les Trois Mousquetaires à 10 ans, plagié Chateaubriand à 15 ans, emprunté à Baudelaire, Rimbaud et Lautréamont entre 16 et 18 ans, avant de voler de ses propres ailes. Ses premières parutions sont des poèmes, en recueils (chez Guy Chambelland) et en revue (revue Contrordre regroupant auteurs et plasticiens).
1975 constitue une année charnière, celle où il se met à écrire des romans, dont 5 ont été publiés à ce jour: 3 entre 1990 et 1993 aux Presses de la Renaissance, 2 en 2015.

Ces romans évoquent le plus souvent le monde de l’enfance, adolescence comprise, ses rêves, ses pulsions, ses errances, sa solitude aussi. La langue y est élaborée, colorée, charnelle, proche de la poésie. Avec une prédilection pour les univers décalés, entre rêve et réalité, à la manière de Julien Gracq et d’André Dhôtel, ou encore du Maurice Pons des Saisons.

Bibliographie

Romans et récits
– L’Age de Pierre, roman, Presses de la Renaissance, 1990
– La Main du Diable, roman, Presses de la Renaissance, 1991
– Miroir des Aigles, roman, Presses de la Renaissance, 1993
– Œil-de-Lynx, histoire courte, éditions Lunatique, 2014
– Bref Séjour chez les Morts, récit, éditions Lunatique, 2014
– Phénix, roman, Christophe Lucquin éditeur, 2015
– Prête-moi ta plume, roman, éditions Lunatique, 2015
– Les Noces d’or, histoire courte, éditions Lunatique, 2016
– L’Egyptienne, histoire courte, éditions Lunatique, 2016
– Le petit garçon qui voulait son histoire, (illustrations Hugues Breton), éditions Lunatique, 2016 (Collection Dos au Mur)
– L’Ange gardien, roman, éditions Lunatique, 2017

Ouvrage collectif
– Général Instin, anthologie (ouvrage collectif),Le nouvel Attila, 2015

Nouvelles et textes courts publiés en revues
Revues papier Minuit, Brèves, Népenthès, Harfang, La Femelle du Requin, Microbe, Traction Brabant, Les Hésitations d’une Mouche, Le Cafard Hérétique, Le Livre à Disparaître.

Revues numériques La Revue des Ressources, L’Ampoule, Coaltar, Levure Littéraire, Remue.net, Nerval.fr, Paysages Ecrits, Hors Sol, Le Capital des Mots, Les éditions de l’Abat-Jour.

Extraits

L’Ange gardien

Lorsqu’il a étranglé la fille, elle se trouvait juchée sur sa table, jupe retroussée, cuisses écartées. A-t-on idée de grimper sur sa table quand on est élève à l’institution de la Mère-Dieu ? Ici, c’est genoux serrés et bouche cousue (ça devrait l’être, c’était comme ça, avant. Avant, c’est-à-dire avant l’arrivée de monsieur Rouste, le nouveau directeur). Lui, c’est Fellow. Il n’a fait ni une ni deux, il a mis carrément les pouces. Quand on empoigne une gorge de pucelle et qu’on est ivre de colère, on serre, un poing c’est tout, on ne se pose pas de question. Les questions, c’est pour après. La petite avait le cou violacé, avec de profondes marques de strangulation, les yeux révulsés, un vrai travail de cochon, ont avancé certains, qui s’y connaissent. Alors que c’est faux. Un travail d’artiste au contraire. Fellow doit avoir de gros pouces, et porte une chevalière. Voilà pour les marques qui pourraient l’accabler. Après tout, un pianiste maltraite bien ses touches, il étreint son clavier dans ses grands bras tentaculaires, et pourtant on l’applaudit, on se précipite pour le congratuler, ce qui l’encourage à frapper plus fort, à agiter son torse avec encore plus de frénésie en s’arrachant au passage quelques touffes de cheveux.

Les Noces d’or.
Elle était un oiseau. Elle les aimait trop pour ne pas avoir emprunté à l’hirondelle au vol brisé qui criait son allégresse dans le ciel du soir, au rossignol tapi dans l’ombre qui lui semblerait avoir toujours inspiré Mozart, au rouge-gorge qui l’accompagnait en sautillant jusqu’au fond du jardin, à la mésange charbonnière, au bouvreuil, au chardonneret fardé de rouge, au verdier moins vert que jaune, au pinson du nord.

Prête-moi ta plume. éditions Lunatique
Elle n’aura poussé qu’un miaulement contrit. Timide déjà, s’excusant presque. Et cependant bien décidée à vivre. Elle arrive avec quelques jours d’avance. Le printemps aussi. Le père a entrevu les premières violettes dans l’herbe du talus, tout en se gardant bien de les cueillir, ça porte malheur. Ce matin (mais il fait encore nuit à cette heure) il ne pleut pas et il fait doux, tandis que le vent, qui soufflait très fort la veille, vient brusquement de céder. On est le 20 mars 1918, dans une petite ferme de la Bretagne du sud. Pas vraiment le bout du monde, la pointe du Raz se trouve à moins de trois heures de route, et Quimper, la préfecture, à seulement une heure.

Bref Séjour chez les morts
Le lendemain il recommença le même rêve que la veille, sauf que cette fois il tomba de son lit. Il lui fallut de longues minutes avant de réussir à faire coïncider la réalité de la chambre avec cette impression qu’il avait de ramper au fond d’un puits où il aurait plongé par mégarde, et dont il lui semblait entrevoir le cercle pâle au-dessus de sa tête. Il confondait avec le rectangle de la fenêtre. Mais parce qu’il ne pouvait que se traîner à quatre pattes, il avait songé à un piège de lianes et de branches solidement tressées, à peine rompu par sa chute. La grande forêt nocturne craquait autour de lui, et dans ce monde en train de s’ébouler, les pieds chaussés de sabots blancs et les chevilles nues de l’infirmière de nuit passaient et repassaient rageusement, rayant l’espace qui devenait à son tour celui du rêve, rêve d’oiseau pris au piège, de nageur prisonnier d’un étang gelé, rêve d’enfant égaré, mort de trouille dans la forêt vierge de son lit.

Phénix
Il a éteint sa clope depuis un moment et sa respiration est régulière. « Tu dors ? » Enhardi par son silence je me retourne, et dans le noir je le frôle avec mon doigt. Je le désenvoûte, je lui dessine un deuxième corps, un nouveau visage, pareil au mien. En cet instant je suis l’aîné, je suis le père, je suis le père et la mère confondus. Minute sacrée où tout redevient possible. Qu’il ne se réveille pas surtout, qu’il s’abandonne entre mes doigts. Qu’il perde la mémoire et rembarre ses mauvais anges. Je souffle sur son front, je souffle sur ses yeux, il ne dort pas, ses yeux sont grands ouverts. Alors je lèche entre les cils tout le mouillé des larmes que je n’avais pas vues. Lui se laisse aller, on dirait un bébé, puis il soupire, et je sens son corps qui se relâche. Le mien aussi.

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Jérôme Ferrari, Laurent Mauvignier, Pierre Michon, Boualem Sansal, Sylvain Trudel, Antoine Volodine, John Burnside, Vergilio Ferreira, Sandor Marai, José Saramago, Antonio Soler, Jon Kalman Stefansson...

Lieu de vie

Provence-Alpes-Côte d'Azur, 04 - Alpes-de-Haute-Provence

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu scolaire