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Les écrivains / adhérents

Simon-Pierre Hamelin

Roman / Nouvelle
photo Simon-Pierre Hamelin

Né en 1973 à Paris, Simon-Pierre Hamelin quitte la France peu après ses vingt ans pour plusieurs séjours en Inde et en Russie. De retour en France en 2000, il travaille quelques années dans l’hôtellerie, dans la librairie et pour la Fondation Alain Daniélou (Rome) où il participe à la mise en valeur de son fonds de photographies par l’édition de livres et l’organisation d’expositions.
Installé à Tanger depuis une quinzaine d’années, il dirige la Librairie des Colonnes, ses éditions et la revue de littérature "Nejma", fondée en 2006. Il a notamment fondé et dirigé le festival Les Correspondances de Tanger en 2012 et organise de nombreuses rencontres littéraires au Maroc et en Europe, des promenades littéraires, des ateliers d’écritures… etc.

Bibliographie

– 101, rue Condorcet, Clamart – Roman – Éditions de la Différence
Traduction en allemand pour les éditions Osburg Verlag – Hambourg, 2018– Paris, 2013 - Traduction en allemand en cours pour les éditions Osburg Verlag (Hambourg) / 2017
– La changeante écume des flots – Roman – Version bilingue Français/Russe - Khbar Bladna Éditions – Tanger, 2011
– Tanger fac-similé – Photographies – Le Bec en l’Air – Marseille, 2011
– Manaraf – Roman – Traduit en hollandais – En collaboration avec M. Mrabet, Nieuw Amsterdam Éditions – Amsterdam, 2010
– Sidi Gini, Saint Genet – Roman cinématographique – En collaboration avec Benoît Boucherot (Réalisation, montage) – Les Productions Rwann Hearn – Paris, 2010
– Stories de Tanger – Nouvelles – Version bilingue Français/Anglais
En collaboration avec M. Mrabet – Éditions du Sirocco – Casablanca, 2009

Concerts littéraires
– Lettres à France, de Tanger / En tournée en France et au Maroc 2019-2020
Texte joué par l’auteur, accompagné au Piano par les compositions de Franck Ciup (55 minutes)

Ouvrages collectifs
– Saint-Denis/Allers-Retours, in Territoire – Ed. du Relais, Saint-Denis, 2019
– La Passion selon Vieuchange, in Sures n°4 – Ed. Sures, Tanger – 2019
– Le syndrome de Tanger, in Sures n°2 – Ed. Sures, Tanger – 2018
– Cher Mohamed (lettre) in Tanger, refuge de Choukri – Fondation Twiza, Tanger – 2015
– Sidi Gini (extrait de roman) in Maroc : les Lettres portuaires, Revue de littératures de langue française (n°17) – Riveneuve éditions, Paris – 2014
– Limes (nouvelle) in La pensée de midi (n° 23) – Marseille – 2008
(URL : www.cairn.info/revue-la-pensee-de-midi-2008-1-page-30.htm)
– Le Portrait (nouvelle) in Mohamed Choukri & Tanger – Editions Zarouila, Tanger – 2008

Revues littéraires/Chroniques
– Rien n’a changé in Lettre International (n°124) – Berlin, 2019
– Kosmopolis Tanger in Lettre International (n°122) – Berlin, 2018
– Tanger, quatrième Rome in Host (n°8) – Prague, 2017
– N’habite plus à l’adresse indiquée in Nouveau Projet (n°8) – Québec, 2015
– Terre d’accueil in Le 1 hebdo – Paris, août 2014

Extraits

« Secret jardin de Marina. Y trouvez-vous ces mêmes lilas odorants que vous embrassiez, à les dévorer presque, dans les chemins creux de Meudon ? Y entendez-vous la cloche pesante, la rumeur d’un temps que je n’ai pas connu ? Et s’il reste un seul arbre, s’il ne doit y en avoir qu’un seul dans ce secret jardin qui serait alors désert ou banquise, est-ce le sorbier de Papa, un bouleau de Taroussa, ou le peuplier couleur cendre de la rue des Trois-Étangs, dont vous parlez si souvent ?
Mais répondez-moi donc, au lieu de gratter le papier en un geste enragé, les muscles, l’échine tendus ! Marina, pourquoi écrire si loin de moi ? M'écririez-vous à moi, si j'étais grand, si j'avais huit ans déjà? Et Papa qui n’est pas là, et Alia qui le suit pas à pas. S’ils rêvent tous deux d’un passeport rouge, c’est qu’un jour nous pourrons rentrer, n’est-ce pas ? Et partir, et quitter la tristesse lourde de cette banlieue-là, de ces petites gens-là, qui dans les cours d’école, me gardent prisonnier de leur horizon bas, rient de mon accent et persiflent « Russkoff, Russkoff ! » entre des dents à peine faites.
Oh oui Mamytchka, revenez-moi du secret jardin, de ce là-bas dont vous parlez tous le regard retourné, le sourire béat. Et j’enrage de ne pas y être déjà. Alia m’a dit que nous y serions tellement plus heureux qu’ici, dans ce gourbi de Clamart, qui succède à ceux de Meudon, l’isba de Mokropsy, ou Berlin que je n’ai pas connu. Elle m’a juré que chez nous, il y a la hauteur et l’espace ; il y a tant d’espace que l’on peut s’en contenter, et aussi que j’y verrai plus souvent Papa, qui fait n’importe quoi pour ne pas être là. Et vous, Marina, ne pourriez plus me laisser ainsi, noyée dans vos grands cahiers bleus, si longtemps et si loin de vos cheveux, ni poivre, ni sel, qui sentent le sorbier et les bois de Taroussa. »
in 101, rue Condorcet, Clamart – Roman – Éditions de la Différence – Paris, 2013


« Quand au petit matin, j'allais pêcher près du Cap Spartel, j'aimais porter une djellaba que j'avais cousue de mes mains d'une myriade de morceaux de tissus aux couleurs chatoyantes. Chaque carré d'étoffe était le souvenir d'une histoire. Et j'aimais à m'en raconter une, pour moi seul, en caressant doucement le tissu, attendant que le poisson ne morde. Un jour que j'arrivais sur la plage de Merkala, je vis à l'endroit où je posais habituellement ma ligne, un Européen en costume endormi, recroquevillé sur lui-même. Je le réveillais d'une bourrade amicale et lui dis :
– Hé l'ami, lève-toi donc, ce n'est pas endroit pour dormir!
Il parut surpris, regarda autour de lui, et se mit soudain à sangloter en murmurant :
– Où suis-je donc? Et diable, mais qui êtes-vous?
– Moi, je suis Mrabet, et tu es juste à l'endroit où j'ai l'habitude de taquiner le poisson!
– Mrabet!? Tu es l'écrivain?
– Moi, je ne suis rien... C'est ce que les gens disent ; mais les gens parlent beaucoup trop... Qu'est ce que tu fais là? Tu as l'air bien malheureux.
– Je bois beaucoup ; hier à la Vieille Montagne j'ai bu plus que de raison... et je ne me souviens de rien. Moi aussi, je suis un écrivain, mais je n'arrive pas à tracer une ligne, et encore moins à Tanger. C'est un vrai désespoir. En fait, jamais rien de bon n'a éclos de ma plume. Mrabet, quel est donc ton secret ?
– Mon secret ? Moi, je ne suis pas un écrivain, mais j'écoute ce que me dit le poisson, et je fixe ses histoires dans chacun des morceaux d'étoffe de ma djellaba. Cette djellaba est comme un livre d'images, un livre ouvert. Comme tu me fais peine! Allez, ne sois plus triste ; si tu me donnes ton beau costume, je te céderai ma djellaba. Elle t'aidera sûrement à trouver les bons mots si tu écoutes bien ce qu'elle te raconte. »

In Stories de Tanger (La Djellaba aux mille Couleurs) - Éditions du Sirocco – Casablanca, 2009

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