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Les écrivains / adhérents

Rolande Causse

Poésie / Roman / Essais / Jeunesse
photo Rolande Causse

Le rêve de l'écrivain

Graine de poésie
Pour le poète que je suis, le mot peut être caresse, joie, partage, douleurs, lumière, couleurs… Il existe des mots de fraîcheur qui permettent de marcher dans les déserts arides. Il y a des mots bâtons de nage qui éloignent les maux. Il existe des mots oiseaux qui transportent d’un val fleuri à un sommet enneigé. Il y a des mots d’ombre qui réveillent des colères d’étincelles. Des mots voile de vent qui tamisent les pensées. Des mots rocailles, clair-obscur des sentiments. Des mots sac d’étoiles qui prodiguent une enfance heureuse.
Il existe des mots flamboyants, mirobolants aux senteurs de cannelle, de piments et de santal…
Les mots sont maîtres de la poésie…
«Le langage poétique est le seul qui puisse expliquer la complexité de l’homme. Toute vie est un combat entre l’ombre et la lumière», a écrit Aimé Césaire.
Mais un seul être peut figurer le poème. Un visage est un miracle, chaque regard dit son histoire et la nature peut s’exprimer comme feu d’artifice :
«Verticales vertes,
Peupliers poètes,
Guérissez notre désolation.»

À l'aurore du roman
Écrire un texte c’est chercher le sens secret, profond, inconnu, c’est tenter de donner forme à la vie… C’est hésiter, rejeter tel sujet, choisir une direction, l’accepter, ou attendre le moment d’éblouissement, l’acharnement d’un personnage, l’entêtement d’une histoire. Alors les idées s’organisent autour d’un héros, d’une héroïne. Entraînés dans une intrigue, un lieu, des paysages, des habitations, les « Nommés » jouent leur rôle. Ils sont parcourus d’impressions, de sensations, de tropismes, fils conscients ou inconscients, ils imposent leurs obligations, le ressenti de leurs passions et avancent dans le creux du récit.
Une charrette - à laquelle s’attelle l’écrivain - lourdement chargée des personnages qui s’y débattent, contestent, se soumettent, pleurent, rient. Chacun exigeant un rôle à sa mesure.
Avancée dans des parcours sauvages ou enchanteurs, à travers une ville qui encercle, vers d’inquiétants brouillards ou sur le rivage d’une mer apaisée.

La langue va son chemin, exige énergie, perfection, métaphores ajustées qui parachèvent l’écriture. On peut mener drame ou roman dans une prose poétique essentielle.
«On parle dans sa langue, on écrit dans une langue étrangère, déclare à juste titre Jean-Paul Sartre. L’art réclame une écriture réfléchie, travaillée, métamorphosée.
Romancer c’est tenter de saisir l’être et ses mystères, c’est explorer les sources humaines et leurs ruisseaux de douceur, de douleur, de fureur, de rencontres, de pulsions, d’enfances pathétiques ou consolantes. Se pencher sur l’humus, observer les ombelles, courir avec le vent, s’envoler avec les oiseaux, respirer toutes les fragrances, tous les remugles, tendre l’oreille au silence et aux subtiles musiques, emporter le lecteur au premier printemps du monde.
Le texte devient architecture, nef aux lourdes voûtes soutenue d’arcs et décorée de coupoles ou frêle masure et dans l’air matinal au parfum de rosée, les phrases semées croissent.
Littérature vitale qui témoigne de l’humain, erre vers le secret, le jadis, l’insaisissable…
Mais écrire c’est aussi aborder la barbarie, la dénoncer, la pourchasser. Montrer les exodes, les exils, les exactions, dire l’Histoire sous son voile noir et mortifère et laisser filtrer vers le lecteur des pistes pour mieux résister.
Ecrire afin de faire perdurer le souvenir des morts innocentes, leur offrir une mémoire et un souffle de vie… Nouer les laines d’une tapisserie qui révèle la mémoire d’un groupe.
Et des abîmes tenter peut-être d’extraire un fil qui puisse conduire vers un espoir plus apaisant…

Images-miracles
Un texte peut être accompagnée d’illustrations. Comme une chanson, l’image offre un ailleurs liée à l’imagination de l’artiste. Voix en écho, distanciée et inventive, création différente, délicate, stylisée.
L’illustration ouvre vers un temps lyrique et donne un autre rythme de lecture. Un repos bienfaisant qui entraîne vers le rêve, vers l’art.
L’image surprend, étonne, choque, charme, émeut ; elle procure envol et admiration tout en enrichissant le texte.
L’illustration est une promenade, un art tout comme l’écriture, un jeu d’orgue qui chemine à côté du texte.
Texte, recherche de la question primordiale, appel à l’autre, déchirure, partage et soulagement en compagnie d’images qui creusent une autre vérité, qui volent vers un ailleurs de surprise et de beauté.

Bibliographie

Romans et albums
– Les Enfants d'Izieu, éd. Le Seuil, 1992, éd. Syros jeunesse, 2004, 2008
– Oradour la douleur, illustrations Georges Lemoine, éd. Syros, 2001
– C D. Texte dit par Bulle Ogier, éd. Frémeaux, 2004
– Rouge braise, éd. Folio Junior, 1985,1992, 2000, 2004, 2007
– Mère absente, fille tourmente, illustrations Georges Lemoine, éd. Gallimard jeunesse, 1985, 2002
– Contes de chevaux, en collaboration avec Nane Vézinet, ill. Patricia Reznikov, Albin Michel jeunesse, 2004
– Le petit Marcel Proust, illustrations Georges Lemoine, éd. Gallimard jeunesse 2005
– Martin de Marseille, éd. Thierry Magnier, 1999, 2005
– La Guerre de Robert, illustrations Georges Lemoine, éd. Albin Michel, 2007
– Sarah de Cordoue, éd. Belin (roman), 2010
– Moussa le silencieux (album), éd. Le Sorbier, 2011
– Moi Cornélia, fille de Rembrandt (roman), éd. Archipel, 2011
– Contes des iles (album), éd. Circonflexe, 2011
– La Voix du vent (roman jeunesse), Gallimard/Giboulée, 2011
– Moussa le silencieux, illustrations Philippe Davaine, éd. Le Sorbier, 2011, éd. Seuil jeunesse, 2012
– Les Enfants d'Izieu (récit), Oskar éditeur, 2014
– 20 ans pour devenir Martin Luther King, Oskar éditeur, 2016
– 20 ans pour devenir Nelson Mandela, Oskar éditeur, 2016

Poésie
– Premier livre de poésie, éd. Gautier Languereau, 1980, 1999, 2002
– Une pluie de poésie, illustrations J. Kang, 2001
– Le Port des poèmes, illustrations Y. Nascimbene, 2001
– Mots perdus mots retrouvés, illustrations A. Millerand, 2002
- Couleurs, lumières et reflets, éd. Actes Sud Junior, 2002
- Paris poésie, illustrations Georges Lemoine, éd. Actes Sud Junior, 2003
– J'écris des poésies, illustrations Jean Claverie, Albin Michel jeunesse, 2004
– Vive la ponctuation, illustrations Emmanuel Pierre, Albin Michel jeunesse, 2007
– Rimbaud, choix de poèmes, illustrations Georges Lemoine, éd. Folio Junior, 2008
– Ita-Rose, illustrations Gilles Rapaport, éd. Circonflexe, 2008
– Rimbaud les poings dans mes poches crevées, choix de poèmes, illustrations Georges Lemoine, 2009

Essais
– La Scribure, éd. Buchet Chastel, 1982
– Qui lit petit lit toute la vie, éd. Albin Michel, 2005
– Camille Claudel, la sculpture jusqu'à la folie, collection Art et société, Oskar éditeur, 2014
– Conversations avec Nathalie Sarraute, Seuil, 2016

Livres épuisés récemment
– Sarah de Cordoue, traduit en espagnol : Fondo de cultura economica
– Femmes afghanes, traduit en italien : EGA, en grec : Fantasy shop
- Port Bastille, La Lettre brûlée, éd. Syros, 1996
– La langue française fait signe, J’habite un poème, Je suis amoureux d'une virgule, éd. Le Seuil

Extraits

Les Enfants d'Izieu, Éd. Syros, page 13

La maison vide
L'ombre de ses voix

La maison respire encore de ses quarante-quatre enfants Enlevés, raptés, kidnappés De ces adultes arrêtés

Pièces désertes

L'angoisse trame sa toile
L'absence laisse des traces
Les bols de cacao, les casseroles encore pleines Les tartines à peine entamées

Dans les chambres des dessins froissés
Des plumiers jetés
Des crayons, des porte-plumes abandonnés Des vêtements oubliés Tommy, le chien de tous les enfants, rode et cherche

Leur merveilleuse
Leur éblouissante présence


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Rouge Braise, éd. Folio junior, page 57

-Tu viens faire un tour en moto ? Dounia se précipite. Le moteur pétarade déjà. Elle grimpe sur le porte-bagages. Ils roulent vers le bourg. Ses bras serrent la taille de Claude. Le vent pique.
Ils chantent. À la ville, Claude lui demande de garder la moto. Sur la grande place bordée de platanes, Dounia s'assoit dans l'herbe. Calme, satisfaite. Soudain une main cache ses yeux.
Un paquet de bonbons tombe dans sa robe ainsi qu'une boite de crayons de couleur. Dounia embrasse Claude.
- J'ai dévalisé l'épicerie. Mais c'est la guerre. Je n'ai trouvé que cela alors qu'une aussi gentille Tourterelle mérite plus et mieux...
A-t-elle bien entendu ? Pour la première fois un autre homme qu'oncle Georges l'appelle ainsi. Une émotion bizarre l'envahit. Comme un tremblement, un frissonnement.
....

Page 58
Dounia se fait gronder. Grand-Ma peut crier, menacer, elle ne l'entend pas. Elle a caché les bonbons et les crayons chez Thérèse. Elle pense à la promenade et se sait hors de portée.
Punie, elle ne doit pas quitter les Tilleuls. Qu'importe ! Dounia se sent légère, si légère qu'elle pourrait enjamber les arbres, s'envoler au-dessus du village....
Elle pense à papa et maman et, pour la première fois, elle n'a pas envie de pleurer. Lorsqu'ils seront de retour elle leur racontera...

Ma bibliothèque

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Michèle Desbordes, Mac Iwan, Erri de Luca ...

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
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