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Les écrivains / adhérents

Geneviève Metge

Poésie / Nouvelle / Récits
photo Geneviève Metge

Enfant, j’ai vécu à la campagne. Pour échapper à l’ennui des longs dimanches d’hiver, je me réfugiais dans les livres. Des histoires lues au hasard et avec avidité, m’ont révélé des mondes autres que celui que je connaissais. Plus tard elles m’ont entraînée sur les chemins de l’écriture. Celle-ci répondait à mon désir de fixer l’instant, de retenir la vie, de mieux me comprendre. Des mots contre l’oubli, des mots qui relient le passé au présent, des mots à l’aide desquels je me nourris.
Aujourd’hui j’ai ce désir de partager mon goût profond pour la littérature. De ce désir est né « Paragraphe », une association qui aide à faire prendre conscience que la lecture et l’écriture sont indissociables. Avec une jeune femme, écrivain, Florentine Rey, nous animons des ateliers d’écriture. Par ailleurs des lecteurs avertis proposent des textes d’écrivains et nous tentons d’en comprendre la genèse.
Lire, écrire, faire écrire est pour moi une seule et même expérience.

Un atelier d’écriture à Paragraphe, c’est une proposition d’écriture, un temps pour la production, une lecture en groupe, la reprise des textes avec les participants et l’animatrice, un travail essentiel de réécriture.
La lecture du texte d’un auteur sert d’amorce pour le texte à écrire. Une fois le texte écrit, il est lu, apprécié pour ses qualités. On tente de repérer ce qu’il faut améliorer et on procède alors au travail de la réécriture : justesse du ton, cohérence, suppression des clichés, des situations convenues, élimination des mots prévisibles, rythme, musicalité des phrases…

Bibliographie

Poésie
– Le soleil s’est tu Pré de l’âge,1981
– Terre, la soif, Cheyne, 1981
– D’eau et de pierre, Cheyne, 1983
– Le pays du père, Pré de l’âge, 1985
– Ombres, Voix d’Encre 29, 2003
– Passante des deux rives, Pré Carré, 2007

– Livre d’artiste avec Mijo Abel, 2000

Récits
– La voix douce, Ipomée, 1989
– Les grandes terres, Parole d’aube, 1998
– Trente ans après, La passe du vent, 2006
– Un chemin troué, Diabase, 2011

Nouvelles
– La fête votive, La passe du vent, 2001

Extraits

A l’abri des murs. Extrait d’un texte paru dans la revue « Voix d’encre » 2013
… Je me tiens immobile sur le seuil, puis je me décide à fermer la porte. Le hall est vide, sombre, silencieux. La fraicheur tombant sur mes épaules me fait frissonner. Le temps de trouver un chandail, l’atmosphère change. plus intime, plus chaleureuse. Comme si, après le grand départ, ceux qui naguère avaient habité ici reprenaient possession des lieux. Génération après génération, la famille, les amis de passage ont gravé leur nom dans le plâtre jauni de la montée d’escalier. Leurs allées et venues ont creusé les marches de pierre sur presque toute leur hauteur, de sorte que monter ou descendre exige d’être extrêmement attentifs.
Une fenêtre bat à l’étage. Est-ce dans la chambre « des vierges », celle du « grand-père » ou dans « la garçonnière » ? Depuis longtemps, celle-ci n’est plus le domaine exclusif des garçons mais le dortoir des petits. Je ferme les lourdes portes de chêne sur des chambres vides. Les marches qui mènent au dernier étage sont aussi usées que les premières. La fenêtre du palier est ouverte, laissant pénétrer la lumière. Une petite brise renouvelle l’air confiné de l’été.
Je dors au plus haut de la maison, sous les toits. Chaque matin, au réveil, j’ouvre grand les persiennes et je garde les yeux fixés sur la campagne. Verts profonds et acides des champs bordés de cyprès noirs, vignes, garrigue buttant sur la masse de la Sainte Victoire. Alors j’oublie la chaleur torride des nuits d’été sous la charpente, les fortes pluies tambourinant sur les tuiles ou les bourrasques du mistral s’engouffrant dans les conduits de cheminées. J’ai appris à aimer la part âpre et sauvage de ce pays.


Extrait du récit « Un chemin troué » paru aux éditions Diabase 2011
… Mais le bruit léger des sabots de Lola ne résonnait plus sur les chemins, elle tirait les machines de guerre sur les routes de l’Est tandis que lui, Léon, traînait la charrette, les yeux fixés au sol, le dos rompu. Derrière lui, les roues grinçaient et pour se donner du courage il se répétait, « tu es devenu un homme, tu es un homme ». Les mots de son père étaient entrés en lui avec une grande douceur. Ils avaient eu une telle force de persuasion que malgré l’épuisement, abandonner la tournée dans les fermes ne l’avait pas effleuré. Cette petite phrase, Adrien l’avait prononcée le soir de la déclaration de la Grande Guerre, le 2 août. La famille était à table, écrasée de silence. Tous avaient encore à l’esprit Jean, le frère aîné, montant dans le train avec les mobilisés de tous les villages avoisinants. Son uniforme, pantalon rouge, vareuse bleue tranchait sur la grisaille des vêtements autour de lui. Il devait rejoindre son régiment au plus vite…

Lieu de vie

Auvergne-Rhône-Alpes, 69 - Rhône