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Les écrivains / adhérents

Gaëlle Josse

Poésie / Roman
photo Gaëlle Josse

Gaëlle Josse est née en 1960. Après des études de droit, de journalisme, de psychologie et quelques années passées en Nouvelle-Calédonie, elle travaille à Paris comme rédactrice pour un magazine et un site internet et vit en région parisienne.
Elle vient à l'écriture par la poésie, avec plusieurs recueils et de nombreuses parutions en revues, puis publie son premier roman Les heures silencieuses en 2011 chez Autrement, suivi de Nos vies désaccordées en 2012 et de Noces de neige en 2013, chez le même éditeur.
Elle anime des rencontres autour de l'écoute d'œuvres musicales et aussi des ateliers d'écriture auprès d'adolescents et d'adultes. Elle intervient régulièrement en lycées et collèges autour des Heures silencieuses et de Nos vies désaccordées, présentés au programme du bac de français par de nombreux établissements.

Écrire ? Inlassablement, chercher la note juste. Approcher du mystère des êtres, vers l'instant de vérité avec eux-mêmes. Et se souvenir de ce mot du poète Paul Farellier : Ne saisir le mot que s'il brûle les doigts, n'entendre que le brasier, n'écrire qu'un feu.

http://gaellejosse.kazeo.com
Bibliographie

Romans
– Les heures silencieuses, 2011, Éditions Autrement, en poche (J'ai lu) et en grands caractères (Éditions de la Loupe).
Traduit en italien et en turc.
Prix Lavinal 2011, Prix Peindre en Provence 2011, Prix du Marais (ville de Lille) 2012, finaliste du Prix Orange 2011.
– Nos vies désaccordées, 2012, Éditions Autrement, en poche (J'ai lu) et en grands caractères (Éditions de la Loupe)
Prix Alain-Fournier 2013, Prix littéraire National de l'Audiolecture 2013, finaliste du Prix des Grandes écoles 2013.
– Noces de neige, 2013, Éditions Autrement, en poche (J'ai lu) et en grands caractères (Éditions de la Loupe)
– Le dernier gardien d'Ellis Island, éditions Noir sur Blanc, collection Notabilia, 2014.
– L’ombre de nos nuits, Ed. Noir sur Blanc, 2016
– Une longue impatience, éd. Noir sur Blanc, collection Notabilia, 2017

Poésie
– L’empreinte et le cercle, Encres Vives 2005
– Signes de passage, Hélices/Poésie Terrestre 2007
– Tambours frappés à mains nues, prix d'édition poétique Ville de Dijon 2009, à l'occasion du Printemps des Poètes
– Castillanes/.doc, Encres vives, 2009
– Carnets du Leonardo Express, Encres Vives, 2009
– De vives voix, éd. Le Temps qu'il fait, 2016

Extraits

Les heures silencieuses
( ..) Nous sommes devenus mari et femme dans l’année qui suivit son retour. J’avais dix-neuf ans. Je découvris ce qu’on nomme la chair, et pour péché que ce soit, il me faut avouer ici que cette découverte me combla. J'ignorais ce qu’une femme doit attendre d’un époux, mais le contentement que j’éprouvais à m’endormir auprès de lui, sitôt nos corps délivrés du singulier mystère des gestes de la nuit, me fut une réponse suffisante.
Nous nous installâmes dans cette maison, au bord du canal ; elle nous parut immense. Nos voix résonnaient dans chaque pièce avant que tapis et tentures ne viennent en étouffer l’écho.
Oui, c’est dans cette chambre, où la vie me parut si douce avant de s’assombrir, que j’ai souhaitée être peinte, à ces heures où un soleil pâle vient tiédir le sol et y tracer d’insaisissables figures de géométrie. (...)

Nos vies désaccordées
(…) Je m’enfermai dans un silence compact, infranchissable, assommé par la déflagration qui venait de se produire. La nuit fut brève, confuse, assiégée par trop d’images. J’ai pris la route avant le jour.
Neuf cents kilomètres depuis la rue de la Jussienne. Un raid ponctué par les panneaux kilométriques, le prix des carburants, l’état du trafic autoroutier sur107.7, les tasses blanches sur leur fond bleu et les couverts posés en croix comme les deux tibias sur le drapeau des pirates. Les cahutes de péage bonjour merci bonne route, ne pas faire tomber le reçu. Des éoliennes, comme des mâts sans voiles dressés au milieu des champs, des villages assis dans leurs ocres. Du café brûlé amer et des sandwiches triangulaires sous leur emballage plastique, les miroirs des toilettes où j’évite mon reflet. Eau fraîche sur le visage. Dormir un quart d’heure. Repartir. Les chevaux alezans dans les prés verts, les vaches désœuvrées le long des haies, les balles de paille comme des bouchons géants posés sur les chaumes, les arbres solitaires, bras ouverts sous le soleil. Le claquement sec des moustiques qui s’écrasent sur le pare-brise et s’étalent en longues coulées blanchâtres. Les faces rondes et étoilées des tournesols par milliers. Tout, tout ensemble réel et lointain, embrassé du regard et sitôt oublié.(...)

Noces de neige
(…) Il est presque minuit. Le train vient d'arriver à Smolensk. Elle sort son téléphone portable et envoie un message à Enzo. Elle lui dit qu'elle est en route et qu'elle s'impatiente déjà de l'arrivée. Le temps lui paraît infini, les distances infinies, elle respire et son souffle épouse ce temps, ces distances infinies.
Dehors, juste au-dessus du wagon, dansent de légères étincelles bleues, produites par le frottement du réseau de câbles et d'antennes avec les caténaires, des étincelles comme des incisions légères dans la masse compacte du ciel, qui éclairent des congères boueuses repoussées le long des voies, avec leurs formes arrondies, massives, comme des mammouths ou des dinosaures endormis, posés là dans l'attente d'un hypothétique réveil. Le train poursuit son avancée dans la nuit, comme s'il ouvrait la terre droit devant lui, rejetant les ténèbres de part et d'autre de la voie. La nuit est noire, d'un noir dense, serré, d'où toute trace de gris a disparu.
De loin en loin, le halo clair tracé par les lumières d'une ville devinée, comme un témoignage de vie, ou la possible existence d'une galaxie proche, quelque part dans des espaces interstellaires, et l'idée que les hommes n'ont pas renoncé à exister là, pas encore. Cela dure quelques secondes, puis la nuit reprend possession des espaces brièvement concédés. Le train continue sa course, sans arrêt, avec de simples ralentissements dans des gares inconnues, avec leurs panneaux illisibles, leurs quais grisouille et leurs réverbères transis.
Irina reste à la vitre, elle a éteint les lumières de son compartiment, d'une main elle écarte le rideau plissé en tissu rêche et le retient à hauteur de son front. De l'autre main, elle essuie d'un geste circulaire les gouttes de condensation qui se sont formées sur la vitre, sans prendre garde à leur froideur tranchante. A travers l’espace dessiné, elle fixe la nuit. (...)

Lieu de vie

Île-de-France, 78 - Yvelines

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire