Les écrivains / adhérents
Sébastien Berlendis
Roman
La création artistique a toujours été au cœur de mon existence. La photographie a d’abord été l’objet de mes premiers travaux, exposés depuis 2008 en France et en Europe. Des textes accompagnent toujours mes images. Progressivement l’écriture a pris le pas sur la photographie (même si cette dernière - et le cinéma que j’ai étudié, à travers un master 2 de philosophie consacré au corps dans le cinéma japonais des années 60 – demeurent présents dans mes textes). Mon premier livre, Une dernière fois la nuit (paru aux éditions Stock en 2013, et ayant pour objets la mémoire trouée, la maladie et le souffle), est d’ailleurs composé de courts fragments, comme de courts instantanés photographiques et le montage de ces instants peut rappeler le montage cinématographique. Le deuxième texte, L’autre pays (paru lui aussi aux éditions Stock en 2014, balade italienne du Nord au Sud, en quête, comme le titre peut le laisser supposer, d’un pays) peut faire penser à un travelling lent et rêveur. Ces deux premiers textes (ainsi que le troisième qui n’en est qu’à ses balbutiements) se déroulent en Italie, pays d’origine de mes ancêtres (du côté paternel). Même si la quête des origines familiales n’est pas le point central de ma quête littéraire, elle irrigue, en creux, chacun des textes. L’Italie toujours à travers la correspondance littéraire et amicale que j’entretiens avec l’écrivain Claudio Magris depuis l’été 2012. Cette correspondance stimule et encourage la poursuite de mon travail d’écriture.
Par ailleurs, j’enseigne la philosophie en lycée depuis 2000.
Bibliographie
Littérature
– Une dernière fois la nuit, Stock (collection La Forêt), mars 2013
– L’autre pays, Stock (collection La Forêt), avril 2014
– Maures, Stock (collection La Forêt), 2016
– Revenir à Palerme, Stock (collection bleue), avril 2018
– Des saisons adolescentes : récits, Actes Sud (collection un endroit où aller), mars 2020
– Seize lacs et une seule mer, Actes Sud (collection un endroit où aller), octobre 2021
– Lungomare, Actes Sud (collection un endroit où aller), janvier 2024
Photographie
– Caravane(s), livre photographique collectif, éditions L’Erre de rien (collection Carnets), juin 2014
– Ricochets, photographies de Stéphane Ros, nouvelle de Eric Chatillon, postface de Sébastien Berlendis, éditions Territoire, mars 2018
– Itinéraires..., sous la direction de Vincent Bengold, Philippe Dollo, Joël Van Audenhaege, textes de Fabien Ribery, Sébastien Berlendis, éditions Loco, novembre 2021
Extraits
Une dernière fois la nuit
(trois premières pages)
C’est une dernière fois l’été au dix, chemin de la résistance sur le plateau d’Assy. L’ancien sanatorium de Martel de Janville est en voie de destruction. Une fois les décombres enfouis et le sol aplani, il sera remplacé par un hôtel de luxe.
C’est une dernière fois l’été en ce matin de brumes et de pluie, de sapins sombres et de chemins boueux. Le thermomètre avoisine les onze degrés et mon corps peine à respirer. Depuis la fenêtre de la chambre, on peut voir la mer de glace dont la neige grise, sale, presque cendrée, lèche la route d’Italie.
Mon corps est un corps qui tousse. Qui s’essouffle et s’asphyxie.
C’est une toux qui vient de loin. De l’enfance. A quatre ans, les premières crises apparaissent, l’asthme commence à rythmer les nuits. A quatre ans, ma sœur ouvre les yeux et ma mère perd le sommeil.
C’est une toux qui prend les jeunes années et qui déplace mon corps de centres thermaux en maisons médicalisées, d’hôpitaux en maisons de repos. C’est un parcours d’Italie. Le Nord, les lacs, la Lombardie.
C’est une dernière fois l’été au dix, chemin de la résistance. Un été de poutres gorgées de pluie, de charpentes effondrées, comme si l’eau lentement avait pris possession des lieux, couvrant les murs de lèpre et les sols de vase.
Dans la maison du chemin de la résistance, je ne me risque plus aux étages. Les fils électriques sont dénudés, les portes du buffet ouvertes, la vaisselle est faite, les faïences noircissent, le service à café est posé sur la table du salon, les armoires pas encore vides.
Seule ma chambre, à droite de l’entrée, résiste au naufrage. Une chambre aux volets toujours clos, aux livres et aux carnets qui s’entassent, aux voiles opaques.
Recroquevillé sous les draps de lit, à l’abri des brumes et du froid de juillet, ma mémoire s’effiloche.
Ma bibliothèque
Patrick Modiano, Marguerite Duras, Cesare Pavese, Georges Perec
Pier Paolo Pasolini (sa poésie), Pierre Jean Jouve, Annie Ernaux
Jean Philippe Toussaint, Maylis de Kerangal, Pascal Quignard, Claudio Magris, Julien Gracq, Emmanuelle Pagano, Rainer Maria Rilke, Marcel Proust, Lorand Gaspar, James Salter
Lieu de vie
Auvergne-Rhône-Alpes, 69 - Rhône
Types d'interventions
- Rencontres et lectures publiques
- Ateliers d'écriture en milieu universitaire
- Rencontres en milieu universitaire
- Ateliers / rencontres autres publics
- Résidences