Les écrivains / adhérents
Maëlle Levacher
Roman / EssaisMaëlle Levacher est autrice de littérature générale et enseignante de lettres et sciences humaines. Comme Alfred Kubin pour ses dessins, elle souhaite pour ses écrits un lecteur qui « ne se contenterait pas de les regarder avec plaisir ou d'un œil critique, mais, comme stimulé par un contact secret, [...] devrait accorder aussi son attention aux recoins obscurs pleins d'images de sa propre conscience rêveuse. » (Alfred Kubin, cité dans Europe, n°1021, mai 2014, p. 172) Elle est à l'origine de la Cie des Chemins de verre, créée en 2009, qui propose des spectacles en musique, car elle s'intéresse depuis longtemps à le scène.
Bibliographie
Bibliographie complète et actualisée : www.ciedescheminsdeverre.net/bibliographie-de-maelle-levacher/ Elle se décline en littérature générale, critique littéraire, presse culturelle, et littérature spécialisée (universitaire).
[Dans cet ordre :]
– Zébulon, Rennes, La Part Commune, 2019
– La Veillée de l'hyène, Avignon, Cardère éditeur, 2017
– Un Chœur populaire : Jehan-Rictus en pastiches aujourd’hui (étude, choix de textes et pastiches), cahier Chiendents n°117, Nantes, Éditions du Petit Véhicule, janvier 2017
– Buffon et ses lecteurs. Les complicités de l’Histoire naturelle, Paris, Classiques Garnier, coll. « L'Europe des Lumières », 2011
Extraits
La Veillée de l'hyène, Cardère. Présentation par l'éditeur :
« Elle se dit : Jamais on n’a vu d’hyène veiller un mort… Je serai la première. Alors elle veilla, empruntant un moment une mine contrite, ce qui la fit rire enfin de son rire d’hyène. Puis, comme elle avait faim, son ongle commença de gratter la poussière. »
Elle est leur ultime interlocuteur ; elle est cynique, condescendante, et elle est propre : « sa panse est sans issue », l’hyène ne laisse rien de ceux qui paraissent devant elle. Veux-tu, lecteur, t’asseoir un moment à son flanc pour te divertir des vanités, des prétentions sentimentales, de la comédie du sens qui voudrait se jouer du trépas ? Veux-tu dès à présent poser les yeux sur le dénuement sec et sans relief de son territoire ? Veux-tu savoir comme elle répond à qui – héros, bougre, animal – l’interpelle ? Ainsi tu te feras à sa musique, à sa prose, à ses vers, avant de paraître à ton tour devant elle. Notre tour viendra. Et tandis que déjà l’on prépare un plaidoyer dérisoire, « l’hyène se dandine dans le désert en couinant ses croches inégales. »
Ce recueil présente, en une succession de tableaux dialogués, la rencontre d’une hyène avec les défunts qui errent dans ses limbes avant qu’elle en parachève la disparition. Quidams, figures allégoriques ou mythologiques sont ainsi confrontés au cynisme radical de l’animal fatal. Il arrive cependant que le rire de l’hyène s’éteigne et qu’elle demeure interdite… Les choses de la vie et de la mort ne lui sont pas toujours plus intelligibles qu’à nous. La poésie, mise en tension avec une lucidité crue, joue avec la philosophie, et propose à notre angoisse d’êtres provisoires des images équivoques.
Un Chœur populaire : Jehan-Rictus en pastiches aujourd’hui, Le Petit Véhicule, p. 32 :
« L’Embernerie » [pastiche de Jehan-Rictus], par un engagement plus marqué, m’entraîna dans la recherche du ton juste – en quelque sorte le « cri » que cherchait Jehan-Rictus, source de l’émotion authentique du soliloque – du ton qui conviendrait au personnage, inspiré d’une personne que j’ai connue. Au cours de cet effort, le timbre de sa voix m’est revenu. Je ne pouvais plus lui faire dire n’importe quoi, des médisances par exemple, parce qu’il me revenait en même temps qu’elle avait des manières bourrues mais un caractère bon. Cette voix retrouvée m’a fait entendre « qu’ y a pas d’ maman dans ç’tte maison » ; enfant, je le sentais bien sans doute, mais je ne le savais pas.
Buffon et ses lecteurs. Les complicités de l’Histoire naturelle, Classiques Garnier, p. 33 :
On ne peut faire reproche à l’Histoire naturelle de Buffon de sortir quelquefois des bornes prescrites de nos jours à la science. L’âge classique attribue une égale dignité à ce que nous appelons aujourd’hui sciences sociales et sciences dures, et considère que les secondes méritent au moins d’être écrites avec grâce. L’œuvre du naturaliste est marquée par un grand nombre d’influences littéraires d’ordres divers. Buffon, en homme de son temps, partage avec ses lecteurs une culture littéraire à la fois héritée et en évolution. Il se propose parfois d’exploiter consciemment ces références afin de s’attacher le public, mais il ne s’agit cependant pas, comme on l’a parfois dit, de subjuguer par l’esthétique et l’émotion attachées au domaine littéraire des lecteurs ravalés au rang de consommateurs intellectuellement vulnérables. Si « le style est l’homme même* », si le style est la marque que l’humanité imprime à la construction de la science, comment concevoir une science qui ne soit pas marquée par l’humanité – et donc par la culture – de son auteur ? Le littéraire participe de la philosophie de la science de Buffon, et l’on ne peut en aucun cas réduire la part littéraire ou rhétorique de l’Histoire naturelle à une simple stratégie commerciale. Pensons aussi au lecteur de Buffon. À quelque catégorie qu’il appartienne, qu’il soit savant ou homme du monde, il a été sensibilisé aux belles-lettres et il a des attentes en matière d’écriture, attentes connues d’un naturaliste comme de n’importe quel autre auteur.
* Buffon, Discours de réception à l’Académie française (1753), Hist. nat., t. XXXIII.
Extraits de Zébulon, La Part Commune :
18. La laideur nue du nouveau-né humain le disqualifierait au jeu de la vie si celle-ci se résumait à un concours d'élégance. Où le chaton part tout le premier, le petit homme se traîne en compagnie du hideux oisillon qui, bientôt paré de plumes pimpantes, le devancera d'un coup d'aile.
39. Qu'est-ce qu'un chat à sa toilette ? Un miracle de grâce se léchant le cul.
42.
— Jamais il ne s’est confié à d’autres bras que les siens. À considérer cette exclusivité, on croirait qu’il n’aime qu’elle.
— C’est ce qui te trompe : ce qu’il aime, c’est le vieux pull de laine qu’il tète au creux du coude en le pétrissant, et qu’elle ne manque jamais de revêtir ici afin de s’attirer ses faveurs.
117. Que l'on songe au mot de chat : c'est une seule syllabe qui dit tout uniment l'intimité secrète (« chut ! ») et l'accueil amplement ouvert (« ah ! »). Secouons le nom laconique de ce farouche ami, nous ferons sonner ensemble repli et expansion, entre-soi et sociabilité, réserve et effusion, insubordination et élection. Est-il figure pus romantique ?
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