Contenu | Navigation | Politique d'accessibilité | Crédits Lettre internet

Les écrivains / adhérents

Frédérique Niobey

Roman / Jeunesse
photo Frédérique Niobey

Née en 1961, Frédérique Niobey habite en Bretagne.
Dans une première vie, elle est enseignante. Après la parution de son premier roman, Loeïza, elle quitte l’enseignement et aborde sa seconde vie : écrire.

L’écriture et la lecture la conduisent régulièrement à animer des ateliers auprès de différents publics : Adolescents en IME, adultes en hôpital psychiatrique, personnes en difficultés avec la lecture et l’écriture, public des bibliothèques …

Dans ses romans, les adolescents sont saisis à la fois dans leur expérience de la réalité quotidienne et dans leur parcours intérieur, dans la fragilité de leur relation aux autres, dans leur tentative de grandir et de trouver leur place.

Bibliographie

– Sur le toit - Collection DoADo, Editions du Rouergue, 2013
– Trop loin la mer - Collection DoADo, Editions du Rouergue, 2011
– En cas d’absence - Collection Photoroman, Thiery Magnier, 2008
– Léonore - Collection DoADo, Editions du Rouergue, 2007
– P’tit Mec - Collection Zig-Zag, Editions du Rouergue, 2005
– En roue Libre - Collection DoADo, Editions du Rouergue, 2004
– Loeïza - Collection DoADo, Editions du Rouergue, 2001

Extraits

Un visage apparaît en gros plan sur l’écran. C’est une fille. Quinze, seize ans. Une frange de cheveux noirs cache son regard. L’image bouge un peu.
La fille se met à parler, sa bouche s’ouvre et se ferme, elle articule des mots. On n’entend rien.
Un autre visage apparaît sur l’écran. C’est encore une fille. Quinze, seize ans. Elle rit. Son appareil dentaire brille dans sa bouche. Elle se met à parler. Sa bouche s’ouvre et se ferme, elle dit quelque chose. On n’entend rien.
Et puis d’autres visages apparaissent, un à un, en gros plans presque flous. Ils font face, regardent, disent quelque chose. Leurs bouches s’ouvrent et se ferment. On ne les entend pas.
Visages de jeunes. Eloignés, rapprochés, fondus, mêlés.
Un œil se plisse, un bout de nez se fronce, noir sous un bonnet blanc. Une mimique. Un sourire, un rire. Des yeux se ferment. D’autres s’ouvrent grands, trop maquillés. Une tête bouge, des cheveux longs flottent, une bouche très rouge sourit. Des lèvres envoient un baiser. Une main rejette en arrière une chevelure frisée, épaisse. D’un côté, de l’autre. Balayage de cheveux, des mèches caressent une joue, frôlent des oreilles. De grands anneaux en argent pendent. Ils effleurent un cou, des épaules. Une bouche hargneuse grimace un sourire et se détourne. Des piercings brillent le long d’une oreille, d’un sourcil. Des cheveux courts sont piqués droits par du gel. Un regard dur, buté, part en vrille. Une main passe de la nuque vers le front sur une tête rasée. Tatouée. Des yeux inquiets vont et viennent sans trop savoir où se poser. Un visage de fille, doux et nu, sourit tranquillement. Un autre, de garçon, s’approche avec un air d’enfant perdu. Il s’approche, s’approche, s’approche encore. Il devient tellement près qu’on ne voit plus que ses yeux. Qui disparaissent. Petit à petit. Se fondent dans le noir.
C’est le noir total.
Et puis apparaît l’image d’une rue la nuit.
Devant la porte d’un immeuble, des silhouettes. Groupe compact, masse mouvante, et sombre. Des têtes se détachent sur le rectangle lumineux de la porte d’entrée. D’autres se tournent, bise à droite, bise à gauche. Des mains se tapent l’une dans l’autre, certaines tiennent des casques de scooter.
L’image se resserre. Ils sont plus d’une dizaine, des filles, des garçons. Ils rient. Ils parlent. On les entend. Ça fait comme un murmure. Qui grandit.
T’as pu sortir sans problème ? Attends, on est samedi, si je ne peux pas sortir le samedi, où on va. Tu sais, moi, j’ai zappé mes parents, sinon je serais dans ma chambre. Flora n’est pas là ? Ah voilà Benjie. Salut. Salut. Super t’as apporté ta guitare. Pas question de la laisser chez moi, avec mon père. Ça va être cool, si tu joues. On verra. Je peux te taxer une clope ? Tiens. Flora n’est pas là ? C’est quoi dans ton sac ? Des chips, du coca. Ah ouais, on aurait pu faire un méga pique-nique. Là-haut ? Pourquoi pas ? T’es ouf, toi. T’as mis tes talons ? Oui, pourquoi ? Pour courir c’est pas génial. On va courir ? On sait jamais. On va courir ? Flora n’est pas là ? Pas vue. Tu trouves que ça me va ? Tout te va, toi. Arrête, Dek, t’es soulant avec ça. Quoi ? Ptt tssch ptt tssch ptt tssch, t’as pas autre chose à dire ? T’y connais rien. C’est sûr, ta langue, là, je la connais pas. C’est du Human Beat Box. C’est soulant. Ça fait bien mes cheveux, vraiment ? Mais oui, t’es belle. Personne n’a vu Flora ? C’est pas un peu risqué ? Quoi ? Je sais pas, monter là-haut, tout ça. Arrête, t’as toujours peur de tout. Ça va pas ? C’est ma mère, elle m’a pris la tête. Oublie, t’es là. J’y crois pas. Quoi ? Regarde le texto qu’il m’a envoyé. Et Flora ? Mais quoi, Flora? C’est bizarre qu’elle ne soit pas là, non ? Elle va arriver, t’inquiète. Tu peux me tenir ça ? Attends, j’ai un appel. Tu fais quoi ? Je me change. Tu te changes ? Oui, j’ai apporté mes bottes à talons et mon haut que j’aime bien, tu sais. Mais je ne pouvais pas sortir comme ça, ma mère ne veut pas que je les mette. Voilà Tony. Il ne manquait plus que lui. Non, y’a Nina qu’est pas là. Et Flora. On va y aller, elles arriveront. Salut. Salut. Salut. Il ne manquait plus que toi. Et Alix ? Alix, elle filme déjà, regarde.
( Sur le toit. Editions du Rouergue. 2013)

Lieu de vie

Bretagne, 35 - Ille-et-Vilaine

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire