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Les écrivains / adhérents

Anne Rambach

Roman / Nouvelle / Essais / Polar
photo Anne Rambach

Je suis écrivain, mais peu portée sur l'autoportrait, raison pour laquelle je n'ai jamais écrit et n'écrirai probablement jamais d'autofiction – sans compter le respect envers des lecteurs qui trouveront sans doute plus distrayantes les mémoires de Groucho Marx. De mon parcours, je dirai d'abord que j'ai commencé à écrire à l'adolescence, ce qui m'a permis de m'aguerrir et d'affiner ma technique. J'ai cependant compris, ou du moins pensé que je n'avais alors pas assez à dire pour faire des œuvres intéressantes. Pendant dix ans, je n'ai plus écrit, sinon des tracts ou des articles sur mes sujets d'engagement, notamment la lutte contre le sida, la défense du droit des étrangers, des femmes ou des homosexuels. Après dix ans de tels engagements, je commençais à avoir un peu vécu ; je me suis remise à écrire. J'ai rédigé à ce jour sept thrillers et quatre essais. Ils ont pour ambition de donner du plaisir aux lecteurs, tout en leur offrant de quoi penser. Mes essais, co-écrits avec Marine Rambach, comme Les Intellos précaires, essayent d'interpréter certains aspects de la société française d'aujourd'hui dans une langue accessible à tous. Ils sont parfois radicaux mais jamais sectaires. Mes thrillers sont des livres d'action en même temps qu'ils explorent des questions sociales ou politiques. Je reste très marquée par l'influence du cinéma de genre, par la créativité qu'il a déployé pour se réinventer, offrant un mélange de narration codifiée pour plaire largement et de sophistication esthétique. J'essaye d'écrire des romans ainsi faits. Enfin, j'écris en écoutant de la musique, souvent du rock ou du blues, voire, et je concède que c'est plus étrange, des commentaires sportifs ou les bandes-son de films.
Me rendant compte que je reste dans le domaine littéraire pour me décrire, j'ajouterai quelques faits (on frôle l'autobiographie) : je suis parisienne, j'ai une femme, deux enfants, un chat, et j'aime la pluie, les tempêtes en mer, Paris et la Grèce contemporaine.

http://www.anneetmarinerambach.fr
Bibliographie

Thrillers
– Parfum d’enfer : 2008 aux Editions du Panama
– Bombyx : 2007 chez Albin Michel.
– Success Story : 2004 chez Plon
– Tokyo Mirage : 2002 chez Calmann-Lévy, puis chez Pocket.
– Tokyo Atomic : 2001 chez Calmann-Lévy, puis chez Pocket.
Prix du Forum Cinéma et Ecriture à Monaco en 2001.
– Tokyo Chaos : 2000, chez Calmann-Lévy, puis chez Pocket.

Essais (avec Marine Rambach)
– Les Nouveaux Intellos précaires, Stock, 2009.
– A vous de jouer ! Enquête sur les jeux promotionnels, Fayard, en 2006
– La Culture gaie et lesbienne, Fayard en 2003.
– Les Intellos précaires, Fayard en 2001.

Nouvelles (avec Marine Rambach)
– Ecriture d'une nouvelle, Quinn, pour l'œuvre de Sophie Calle, Prenez soin de vous, Biennale de Venise, 2007, puis Actes Sud, 2008.
– Une nouvelle dans Histoires à coucher dehors, collectif au bénéfice du DAL, Julliard, 2003

Extraits

Extrait de Success Story :

Il s'arrêta tout de suite, ébloui par les gyrophares. Les pulsations orange s'incrustèrent sur sa cornée et envahirent son champ de vision comme un mur de flammes. Il bondit de la voiture, arrachant les clés au tableau de bord. Le sol tanguait presque et un grondement précéda la foudre qui claqua dans un ciel sec. Il avança cependant sans égard pour la noirceur des nuages et ce vent chaud qui faisait s'agiter les feuilles des ficus. Les sirènes approchaient, transformant leur feulement plaintif en cacophonie assourdissante. Gregor ne contrôlait plus son corps : ce dernier le portait avec brutalité vers le foyer de cet incendie, le propulsait à travers les uniformes, les cris et les murmures, le projetait en avant alors que son âme lui enjoignait de fermer les yeux, de se boucher les oreilles, de s'épargner, lui susurrait qu'après tout le pire n'est jamais sûr, que ce pouvait être n'importe qui. Il fendit la masse humaine qui s'était formée, les oreilles bourdonnant, les yeux tremblants, les éclairs des gyrophares pulsant encore devant lui, quand soudain il prit un coup dans le plexus, chancela, se rattrapa comme il put à une épaule galonnée : une femme gisait à terre. C'était elle.
Son corsage rose s'ouvrait sur un puits de chair sanglant. Ses jambes étaient emprisonnées dans une longue jupe noire à fleurs d'où émergeaient deux pieds et leurs sandales en faux cuir – les lanières qu'on avait colorées au stylo pour cacher l'usure. Son corps était tourné sur le côté, le visage niché au creux du bras. Son aspect chétif accentuait l'impression de petitesse qui émanait d'elle. Gregor la regarda, l'esprit d'abord vide, puis envahi par des sentiments d'une force inconnue ; stupéfaction, colère, désespoir dont les vagues montaient en lui, se recouvraient, se fondaient en un tumulte écumant, mais surtout une tendresse mordante, le désir d'étreindre Mary Dorothy Brown, de la serrer dans ses bras, de la réchauffer jusqu'à ce que, une seconde au moins, juste pour un souffle, elle sache qu'il était là, qu'il était venu comme il l'avait promis, qu'il l'aimait.
– Monsieur, ne vous approchez pas !
Le policier s'interposa, puis l'observa :
– Vous connaissez cette femme, monsieur ?
– C'est ma mère, murmura Gregor.

Extrait des Nouveaux Intellos Précaires :

Dans la chaîne de l’industrie du livre, il y a d’abord un auteur qui écrit le livre, puis un éditeur qui le lit et le choisit (peut-être même « un lecteur »), puis un correcteur qui le corrige, puis un maquettiste qui le met en page, puis un imprimeur qui imprime le livre, des ouvriers de l’imprimerie, puis des chauffeurs livreurs qui transportent le livre, des commerciaux qui vont le présenter aux libraires, des manutentionnaires qui trient, empaquètent le livre dans des cartons. Quelque part il y aussi des standardistes, des comptables, des agents d’entretien, des directeurs financiers. Il y a le libraire. La grande majorité de ces gens sont des salariés, payés au moins au SMIC.
Et puis il y a l’auteur. Le seul (enfin on espère ) qui est rémunéré presque toujours en-dessous du SMIC. Il y a plein de raisons à cela, nous y reviendrons. Il n’empêche, c’est drôlement intéressant : c’est celui qui conçoit le livre qui est le plus fragile dans la chaîne.
« Certains éditeurs, dit Hervé Hamon dans notre documentaire Les Intellos précaires, traitent leurs écrivains comme ils ne traiteraient pas leur garagiste. » Voilà pourquoi, ajoutant à la confusion, nous reviendrons sur les auteurs. Parce que cette phrase pourrait être détournée ainsi : « On traite les intellectuels comme on ne traiterait pas les garagistes. » On pourrait ajouter : la place qu’occupent les intellectuels dans leur monde est de plus en plus excentrée, périphérique, et leur travail minoré et dévalorisé.
C’est la thèse de ce livre. Nous le soulignons pour les lecteurs qui ont pour principe de ne jamais lire un livre en entier.

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Rencontres en milieu scolaire