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Les écrivains / adhérents

Antoine Piazza

Roman / Polar
photo Antoine Piazza

Né le 4 avril 1957 à Mazamet (Tarn)
Études de lettres et histoire de l’Art. Montpellier 1977/1979
École Normale d’instituteurs 1978/1980. Montpellier
Enseigne dans un aérium, puis en Afrique de l’Ouest dans le cadre de la Coopération 1980/1982
Nommé instituteur de classe unique. Hérault 1982/1990 (voir Les ronces)
À Sète 1990/…
Premier roman paru en 1999 après de vaines tentatives auprès des éditeurs avec d’autres textes.

Bibliographie

– Roman fleuve, Le Rouergue, 1999, Folio, 2001
– Mougaburu, Le Rouergue, 2001, Le Livre de Poche, 2004
– Les ronces, Le Rouergue, 2006, Le Grand livre du mois, 2006, Actes sud, 2008
– La route de Tassiga, Le Rouergue, 2008
– La route de Tassiga, Babel/Actes Sud, 2010
– Un voyage au Japon, Le Rouergue, 2010
– Le chiffre des soeurs, Le Rouergue, 2012

Extraits

Dewaeghe n’est pas sans cœur, il n’est pas sans tendresse… Il est juste sorti de sa vie, de votre vie, de la mienne, s’il y est jamais entré, comme ces braves paysans sortaient de la ferme, confusément, à la façon d’une bille échappant à son tourniquet et que l’on ramasse pour la remettre dans le jeu. Il est au-delà, dans un ailleurs où vous ne l’atteindrez pas. Vous pourrez le contenir sur un mauvais grabat pendant des semaines, le nourrir avec des racines ou des cosses de fèves, lui prendre son cheval, sa bourse, sa jambe, puis son ordonnance, vous pourrez l’envoyer en Afrique avec pour mission de tuer des Maures ou d’acclimater la vigne, vous ne parviendrez jamais à le soumettre tout à fait. Si Dewaeghe n’est pas mort près de la Katzbach, ou pendant la retraite de Russie ou encore à Bois d’Évers, c’est qu’il porte en lui une mort dont on n’a pas idée, comme un secret qu’il serait inapte à dévoiler, parce qu’il n’a pas les mots pour l’exprimer, une mort singulière et mystérieuse qui l’habite et habite lui seul.

extrait de Mougaburu (2001)
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Le grand-père n’existait plus après avoir existé fort peu. Les hommes, ici, pouvaient accéder à l’état de maître comme descendre à celui de serviteur. Il suffisait d’une épouse puissante et bornée. D’une maladie. D’une absence prolongée. La guerre et les Colonies. Les blessures et les fièvres. Et la mélancolie. Les femmes se dressaient alors, colosses superbes et redoutables comme aucun mari ne l’avait été avant elles. La grand-mère avait régné, sans doute, mais le grand-père déchu avait mis autrefois deux enfants dans son ventre, la fille, tout d’abord, et le garçon ensuite, c’est-à-dire l’oncle, chacun affichant un poids de dix livres, au sortir d’une matrice que par bonheur ils avaient habitée l’un après l’autre, avant de vivre si proches qu’on ne pouvait savoir quelle matrice nouvelle ils avaient inventée pour demeurer ensemble. Ils eurent une enfance de châtaignes grillées et de bottines ressemelées et pas de jeunesse, ou si peu, quelques bals pendant lesquels il prit assez de cuites pour être écoeuré de l’alcool à jamais, et elle, grande, osseuse, avec ses épaules larges, se courbant au point de casser son corps en deux pour mettre son visage à la hauteur des autres visages, découvrit, au milieu des garçons du pays qui ne la regardaient pas, le père de son futur enfant, saisonnier désoeuvré qu’elle séduisit avec les pierres de son domaine. À sa naissance, Gaétan était si gros, si rouge, il était un Molinier si pur, que le père épouvanté prit le large. Pour le retrouver, le frère et la sœur entreprirent un cabotage qui les conduisit de bistrot en bistrot. Tous deux formèrent pendant leur équipée un couple si parfait que, lorsque le fugueur fut enfin aperçu, dans le buffet de la gare de Bédarieux où il s’était établi et où il commençait à régner sur une cour de poivrots somnolents, ils ne surent, au moment de l’arracher à son socle de mégots froids, quel titre lui donner à la face du monde. À son retour, le mari comprit qu’il était peut-être le père de l’enfant mais qu’il n’était pas son dieu. On lui confia des tâches dérisoires quand l’oncle abattait des arbres ou retenait un tracteur prêt à verser. Bientôt il eut un peu d’argent de poche qu’il dépensa dans des cafés et il se crut libre. Et libre, il le fut sans doute pendant les premières années, quand il y avait à la ferme assez d’ouvrage pour attacher les adultes à la rénovation des corps de maison, à l’invention d’un puits, à tous ces projets que l’oncle accumulait sans penser un instant qu’il faudrait à ses côtés des journaliers par dizaines pour en venir à bout. À huit ans, Gaétan partit seul pour l’école. Il s’enfonça dans le paysage oblique qui rejoignait la vallée, posa sa main dans la gueule des chiens de berger, se hissa sur la voie ferrée et atteignit l’école en coupant par la petite vigne au-dessus de la cour, en glissant le long d’un jeune pommier, en s’écrasant sur ses camarades de classe. Il était déjà le plus grand mais, par bonheur, l’institutrice qui l’attendait à cette époque pour le mettre en cage ressemblait à un mur.

extrait de Les Ronces (2006)

Ma bibliothèque

Rien de très original... Balzac, Proust, Céline, Flaubert, une prédilection pour le XIXème siècle, des livres tout à fait isolés (pour moi) comme le Désert des Tartares, l'Assommoir ... Mais le domaine littéraire ne constitue pas l'essentiel de mes lectures : documents, biographies etc.

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Occitanie, 34 - Hérault

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