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Les écrivains / adhérents

Catherine Gualtiero

Roman / Jeunesse
photo Catherine Gualtiero

Une enfance en Lorraine. Des études supérieures à Nancy puis à Paris. Titulaire d'un diplôme en Sciences de l’Information et d'un D.E.S.S de Français Langue Étrangère.
Un goût prononcé pour le voyage. Une passion – jamais rassasiée –pour la littérature, persuadée que, comme la musique, elle adoucit les mœurs. Ecrit depuis toujours.
S’est lancée sur le tard, à cause de l’esprit d’escalier.

Bibliographie

– Tous les baisers s’appellent encore, Mouche. L’Ecole des loisirs. 1998
– Tout le monde dort sauf moi, Médium Poche. L’Ecole des loisirs. 2005
– Western Spaghetti, Médium Poche. L’Ecole des loisirs. 2008

Extraits

Extrait de « Western Spaghetti » Médium Poche. L’Ecole des loisirs.
Je vois des films sur ma famille en général et sur ma mère en particulier. Je vois des films où elle ne cesse de m’embrasser, des baisers parfum calendula, hyper bien appliqués, des films où j’ai le droit de dormir avec elle, parce que mon père est mort en haute mer et qu’elle n’a plus personne pour la protéger. Je vois des films sur les cachettes que je construis pour elle en cas de guerre nucléaire. Je vois des films sur mon enterrement avec le visage de ma mère qui pleure derrière une mantille noire. Mon père, très pâle, fait son dur. Il cache ses larmes derrière des lunettes noires. Les invités défilent devant mon cercueil couvert de roses blanches et signent le Livre d’Or avant de quitter l’église. Sur ma tombe de marbre rose, quelquefois, c’est écrit Gone with the wind… ou Parti chez les Anges… Parfois, il n’y a aucun commentaire, juste mon prénom, mon nom, le jour et l’année de ma naissance, plus ceux de ma mort. Généralement, mes funérailles se passent en été parce que j’adore décéder par temps chaud.


Extrait de « Tout le monde dort sauf moi » Médium Poche. L’Ecole des loisirs.
On se taisait à deux. Elle regardait pousser les fleurs et moi, je la regardais devenir ma mère. Elle le faisait drôlement bien. Elle laissait toujours tout à disposition, sa peau, son cou, l’odeur, son rire, ses « mmh-mmh », ses rêves, les chansons et la vérité. Je pouvais me servir dans l’ordre que je voulais. Autant que je voulais. Ça fermait jamais. Je reprenais toute mon enfance à zéro. Et sans effort. Enfin presque. Parce que le jour ça allait, vu qu’on était inséparables, mais la nuit, sans elle, j’avais plus de mal. Moi chez les grands-parents, elle dans sa pension, c’était pas évident. Je loupais plein de trucs. Ça faisait fils en pointillé. Fils à la carte. Moitié fils. Alors que moi, j’avais envie d’une répétition générale. Tout près d’elle. Avec dîners, couchers, berceuses en vietnamien, réveils, état du lit le matin, un peu, beaucoup ou entièrement défait, pyjama ou chemise de nuit, petit déjeuner avant ou après la toilette, radio, journal ou silence, temps passé sous la douche, texture et couleur du drap de bain, odeur et contenu de sa trousse de toilette. Et plus les jours passaient, plus je mourrais d’envie de remonter en elle. Pour descendre d’elle. Être Made in Paola. Douche ou pas douche, les empreintes de naissance ça résiste au savon. À vie. Même séparés, je trimballerais son allure et son odeur partout. Du coup, la nuit, je dormais plus. Je passais des heures à me faire naître d’elle. Mon lit, c’était du placenta. Chaud, douillé, salé, mouillé. Une fois né, elle me léchait. Pour nettoyer. Ça, j’aimais beaucoup. Alors je recommençais. Une, deux, trois, quatre fois, jusqu’à épuisement des stocks. Et au petit matin, je m’écroulais raide mort de fatigue. Puis le téléphone sonnait. Entre treize heures trente et quatorze heures. Et c’était elle. Qui ne se doutait de rien.

Lieu de vie

Normandie, 76 - Seine-Maritime

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire