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Les écrivains / adhérents

Denis Montebello

Poésie / Roman
photo Denis Montebello

Denis Montebello est né en 1951 à Epinal, dans les Vosges. Il habite à La Rochelle où il enseigne la littérature.
S'il s'intéresse aux saveurs, c'est pour réconcilier saveur et savoir, pour redonner du goût aux mots, le goût des mots. Il les regarde aussi en archéologue, comme des traces, des fossiles qui s'incrustent dans notre présent. Des vestiges où mettre ses pas, ses mots.

Bibliographie

Ouvrages publiés
– Le Sentiment océanique, Rumeur des Ages, 1988 (texte « mouvementé » par Régine Chopinot et le Ballet Atlantique et présenté en 2002 à La Rochelle, Lübeck et Poitiers).
– Richard Texier ou le droit d’épave, Le Temps qu’il fait, 1989.
– Champignons pour mémoire, La Licorne, 1990.
– Verrines, Hautécriture, 1990.
– Moi, Petturon, prince celte, éditions de l’Aube, 1992.
– Le Bateau de sauvetage, Cheyne éditeur, 1993.
– Bleu cerise, Le Temps qu’il fait, 1995.
– Contes et légendes du Poitou et des Charentes, Nathan, 1997 et 1999.
– Au dernier des Romains, Fayard, 1999.
– Filature et tissage, Fayard, 2000.
– Trois ou quatre, Fayard, 2001.
– Au café d’Apollon, Dumerchez, 2001.
– Archéologue d’autoroute, Fayard, 2002.
– Fouaces et autres viandes célestes, Le Temps qu’il fait, 2004. Prix Erckmann-Chatrian (bourse de la monographie), Prix du Livre en Poitou-Charentes ; Prix des Mouettes.
– Couteau suisse, Le Temps qu’il fait, 2005.
– Le diable l’assaisonnement, Le Temps qu’il fait, 2007.
– Mon secret de Pétrarque, lu par Denis Montebello, Le Cerf, collection L'abeille, janvier 2011.
– Tous les deux comme trois frères, Le Temps qu'il fait, février 2012.

Edition numérique
– Immobilier-services, publie.net, 2008.
– Calatayud, publie.net, 2008.
– Le cactus car il capte, publie.net, 2008.
– Lachambre voyage, publie.net, 2009.

Pièce radiophonique
– Le bonjour aux arbres, France Culture, 2002 .

Traductions
Du latin :
L’Ascension du mont Ventoux, de Pétrarque, Séquences, 1990.
Lettre à la postérité, de Pétrarque, Le Temps qu’il fait, 1996.
Le Jardin de Priape, trois textes tirés de l’Appendix Vergiliana, Séquences, 1997.
Le dernier mot, organisé et présenté par Ana Rodriguez de la Robla, Le Cabinet de lecture, collection dirigée par Alberto Manguel, L'Escampette éditions, novembre 2012.

De l’occitan :
La Mar quand i es pas/ Absence de la mer, Joan-Pèire Tardiu, Jorn, 1997.
Las quatre rotas/ Les quatre routes, Joan-Pèire Tardiu, fédérop, 2009.

Extraits

« Les jaunirés poussent par taches, ils repoussent la nuit. Ils vous attendent dans la mousse et sous les feuilles. Fidèles au rendez-vous. Sous les feuilles où vous les avez cachés. Pour qu'ils poussent à l'abri des regards. Pour qu'ils ne tombent pas dans le panier d'un autre. Un prédateur déguisé en pèlerin. Vous savez dérouter le pèlerin, décourager le prédateur. Semer des traces qui ne mènent nulle part. Cacher de faux vestiges avec de la fougère, présenter comme aux trois quarts vides un panier bien garni. Montrer comme il est vide en feignant de le cacher. Vous savez la couleur de l'absence, quel nom il faut porter. Pour qu'on vous oublie. Pour éloigner le curieux. Pour continuer à cueillir les jaunirés sans être dérangé. Vous savez attirer l'attention de la sentinelle en
cherchant sous les pierres. Faire qu'elle garde ses cochons, qu'elle les regarde crever. Qu'elle écoute rouler le tonnerre. Résonner dans tout le vallon. Dans ce vallon de saint Antoine où il fait noir
comme dans le cul du loup. »
Couteau suisse, Le temps qu'il fait, 2005.

« La sentinelle montait la garde sur le plateau. Comme la tour au couchant, dressée contre les monstres qui tombent avec la nuit, la tour massive et aveugle dont l'image vous obsède, bien que vous ayez mis huit cents kilomètres et bientôt trente ans entre votre vieille ville natale et vous.
Cette image vous revient aujourd'hui, tandis que vous progressez sous la tonnelle.
Sous le tunnel et que vous songez à ces trains descendant vers Marseille. À ce train, toujours le même, qui emporte ses régimes de bananes vers la mûrisserie et ses soldats vers l'Algérie. Et deux fois par jour (comme vous passez le tunnel) coupe la tête du chat.
Mais l'église veillait sur la ville, avec sa tour massive et aveugle, elle éloignait les ombres échappées des enfers, alors que le berger n'apparaissait jamais sans son troupeau. Il semblait même
appeler l'orage. Il menait paître ses nuages. Ses moutons étaient des cochons. Des cochons de saint Antoine, vous les mettiez en fuite en soulevant les pierres. Les petits cochons sous leur grosse
pierre. Les petits cochons couleur pierre. Couleur grès rose. C'est-à-dire gris. C'est la couleur sous laquelle ils se cachent. Sous laquelle on les trouve. Comme les bises vertes sous les feuilles ou les gormelles dans la mousse. Comme bises vertes ou pieds roses sous leurs noms. Sous leur couleur qui varie.
Car la bise verte, scientifiquement appelée russule verdoyante, verdoie le plus souvent jusqu'au violet, en passant par le marron ou le bordeaux. Et si elle paraît verte sur les chemins, d'un vert nettement plus pâle que les grandes herbes qu'elle écarte, elle et sa famille, et qui va se craquelant, s'écaillant, cela n'est pas pour vous rassurer. Comme si un champignon ressemblant à son nom n'était plus un champignon. Comme s'il fallait, pour que ce vert vous inspire confiance, qu'il soit du même brun que la feuille sous laquelle il pousse, du roux de la limace qui l'attaque.
D'une couleur déroutante. Pour avoir une chance de remplir votre panier, la bise verte devait garder, bien que toujours exacte au rendez-vous, ce caractère imprévisible du champignon. »
Couteau suisse, Le temps qu'il fait, 2005.

Lieu de vie

Nouvelle-Aquitaine, 17 - Charente-Maritime

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques