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Les écrivains / adhérents

Dominique Gauthiez-Rieucau

Nouvelle / Essais
photo Dominique Gauthiez-Rieucau

Dominique Gauthiez-Rieucau, nouvelliste née en Ile de France, vit et écrit à Montpellier. Elle est Professeure d’Histoire-Géographie et Formatrice associée à l’IUFM sur la question transversale de la mixité de genre et de l’identité professionnelle. Titulaire d’un DEA de civilisation européenne, elle a fait porter ses travaux de recherche et publications sur les droits des peuples et l’égalité-altérité entre les femmes et les hommes.
Son premier livre, la biographie du militant de la décolonisation Jean Rous « Un homme de l’ombre » (Le Monde, Le Nouvel Observateur, La Quinzaine littéraire, L’Action de Tunis, Le Soleil de Dakar…) a été bien accueilli en pays francophones ; elle devient alors membre de l’Adelf. Elle a écrit quatre Recueils de Nouvelles (Afrique contemporaine, Hauteurs, Ruptures, Septimanie, Nouvelle Donne…) dans lesquels elle interroge toujours les interfaces, dans une démarche onirique « Frontières » : la multiculturalité ; « In et Off » : le théâtre et la réalité ; « Duel » : le masculin et le féminin ; « Pessoa, le secret révélé » : l’écriture, passeuse entre la mort et la vie. Deux d’entre elles ont été mises en lecture et en espace au Festival d’Avignon.

http://www.editionslanore.com
Bibliographie

Théâtre
– La carte du tendre dans « Onze versions d’un entre-deux », Collectif de théâtre (Hafedh Djedidi Dir.), Editions E-Narrator, 2013

Recueils de Nouvelles
– Frontières, Paris, Edition L'Harmattan, collection " Ecritures " 1998
– In et Off suivi de A vendre », Paris, Edition l’Harmattan, 2001
– Duel, Paris, Edition L’Harmattan, février 2003.
– Pessoa, le secret révélé, Paris, Edition Lanore, 2004.
– La soixante-huitarde, dans Mai 68, Echos du Languedoc, Collectif Ada, Cap Béar éditions, 2008.

Travaux universitaires
– L’ange debout, sculpture conservée au Musée du Louvre, école de Reims, 13ème siècle. Mémoire d’Histoire de l’Art présenté à Paris X- Nanterre, 1970.
– Le réalisme chez Géricault et chez Courbet, étude comparative. Mémoire d’Histoire de l’Art présenté à Paris X-Nanterre, 1971.
– Les Politiques du travail en France, étude comparative d’après l’Enquête de 1891-93. Maîtrise d’Histoire contemporaine, 1973.
– Actes du Colloque Prévention des violences sexistes à l’école. Comment éduquer au respect mutuel ? IUFM de Montpellier, janvier 2003 (Coord.), Edition FSE et mise en ligne mars 2004.
– Actes du Colloque Quelles mixités construire à l’école ? IUFM de Montpellier, 17 novembre 2004 (Coord.), Edition FSE et mise en ligne fin 2005.
– L’institutionnalisation du Genre : l’exemple de l’Académie de Montpellier, in Actes du Colloque Le Genre en éducation, Fort-de-France, février 2006, Publications IUFM Martinique-Grenoble, 2007
– Les obstacles à la conscientisation du genre, in Actes du 3ème Séminaire de recherche transdisciplinaire sur le genre, Mission Egalité F-H, Université Paul Valéry Montpellier3, les 6, 7 et 8 juin 2006, Publications Université Paul Valéry, Montpellier 3, 2007
– Edition IUFM-DRAC, juin 2007 du Recueil 3 « Histoires de genre » Dominante : le déni historique et les résistances à la conscientisation du genre
(Editions Etre lu, Avl, 2007) Mise en voix et en espace par les comédiens Roseline Villaumé Patrick Vendrin, Anne Belliard et Patrick Hannais. Film support DVD réalisé par Patrice Betrom.
– Edition IUFM-UM2-DRAC, juin 2008 du Recueil 4 « Histoires de genre » Dominante : le sexe des métiers
(Editions Etre lu, Avl, 2008) Mise en espace par Florence Ozil ; mise en voix par des stagiaires-écrivants, le formateur-théâtre Gérard Saez et le comédien Patrick Hannais. Film support DVD réalisé par Patrice Betrom.
– "Histoires de genre" IUFM-UM2 (collectif, Dominique Gauthiez-Rieucau Dir.), 2009
– « Les obstacles à la conscientisation du genre », in Histoires de genre, Ed. Avl, 2009, pages 121-174
– « Les représentations des filles et des garçons à l’école : entre déconstructions et reconstructions », Revue AFAE, n°3, 2011
– « La formation à la mixité scolaire à la mesure du genre », Revue TREMA, n°32, juin 2010, mise en ligne 2012

Activités exercées en matière littéraire
– Critiques M@g ADA n°4 sept. 2007 - "La Femme Coquelicot" texte : Noëlle Châtelet au Théâtre du Funambule - Avignon 2007
– Critiques M@g ADA n°10 sept. 2008 - "Le jour où Nina Simone a cessé de chanter" - texte de Darina Al Joundi et Mohamed Kacimi, Théâtre des Halles - Avignon 2008
– Animation d’Ateliers d’écriture thématique sur le masculin-féminin, apports transdisciplinaires sur le genre, édition annuelle de Recueils et mise en voix et en espace (depuis 2004…
– Comité de lecture du M@g littéraire en ligne Ada-LR2l depuis sa fondation jusqu’à sept. 2012

Essai historique
– Un homme de l'ombre, Jean Rous, Paris, Edition Cana – 1983

Extraits

Pessoa, le secret révélé, ed. Lanore, 2004
En réalité, d’où je vous parle maintenant, depuis mon urne funéraire, je crois que Pessoa venait de commencer son œuvre magique : il avait ouvert en moi la source, mis en route le vertigineux processus de révélation qui guette les êtres créatifs, passeurs éternels de l’invisible, foudroyeurs des codes sociaux et des jeux de rôles, fossoyeurs de mensonges ; marchant à grandes foulées, courant presque à travers les rues, frôlant les uns et les autres, je me sentais multiple, portée et possédée par eux tous. Les passants. Leurs regards à la fois m’aspiraient et me heurtaient, astres et avens. Je m’oubliais pour mieux renaître en eux. Je volais, euphorique. Au-dessus de la mer de paille.

Extrait de « La soixante-huitarde » dans Mai 68, Echos du Languedoc, Collectif Ada, Cap Béar éditions, 2008.
1970. Commémoration. Singulière cérémonie au pied de l’Arc de triomphe. Minuscules, elles marchent le pas têtu, elles songent à son néant, elles l’exhortent à sortir des ténèbres « celle qui est plus inconnue que le soldat inconnu lui-même : sa femme ». On parlera du MLF et même de l’année zéro du mouvement de libération. À moins qu’en un continuum incertain, les flux et reflux du masculin-féminin ne se déploient en vagues successives, aporie atemporelle où flotte, parfois, l’une de ces fleurs aventure, hermaphrodite, au paroxysme de l’onde.
1975. Quand les maux douleur se travestissent, se revêtent de mots mensonges. Symbolisme à rebours. On proclame l’année internationale de la femme. À la conférence de Mexico, hommes de pouvoir et foultitudes, tous les courants se croisent dans un bourdonnement sourd. Monogames, les Européennes ont conquis la contraception et l’autorité parentale conjointe ; polygames, les Africaines, certaines excisées ou infibulées, les filles par les mères, veulent plus de parcelles vivrières, de l’eau moins souillée, l’accès au bois de chauffe pour nourrir les enfants, la vente libre sur les marchés pour avoir quelques pièces ; d’aucunes qui sont allées à l’école, réclament une formation et l’accès au crédit. Aux confluences du genre, les fleurs androgynes observent, invisibles, courtisées par l’essaim qui tourne en rond.
1985, Nairobi. À la croisée des cultures, hommes et femmes renouent des liens humains, déconstruisent ensemble les normes de la sexuation pour bâtir des ponts artifice, écrire des lois nougat. Celles qui s’expriment, Ouolofs du Sénégal, Fangs du Gabon, Kikuyu du Kenya font partie de l’élite, juristes, médecins, elles parlent dialectes et langues internationales. On sent bien les parfums qu’elles exhalent, les soixante-huitardes, mais les senteurs diverses se fondent et s’annihilent. Dolmen de traditions, frénésie de revendications. Les Algériennes subissent le joug du code de la famille, le métal pèse, acéré et froid, déchire la chair. Les Indiennes dénoncent toujours les bûchers des veuves où se consument des corps sains. Les Européennes revendiquent des postes de cadres, l’expression culturelle de leur créativité, une place politique dans la cité et les femmes d’Amérique latine militent contre le machisme et dans les syndicats agraires. Symphonie de tempos et d’odeurs, embrasement des parures, on en oublie de trancher à vif dans le binaire.

1989. Montréal, l’école polytechnique. Un homme mitraille des ventres, des seins, des cerveaux de braise ; la provocation de leur force neuronique et le désir inassouvi qu’elles lui inspirent, c’est trop pour lui. On le fera passer pour fou : il exhumait sa peur, dans son délire orgiaque. Quatorze femmes sang vacillent, les taches s’agrippent les unes aux autres et ploient jusqu’au sol. Chorégraphie lumière. Hécatombe. L’une d’entre elles tombe d’un coup sec, dans un gémissement de tronc d’arbre, face en terre ; une autre, chevelure rousse de Marie-Madeleine, glisse lentement, douceur aquatique, et va nicher son visage au cœur des pétales mystère
Je n’ai plus envie de rire, égaré, plus la force d’imaginer, rattrapé par la réalité.

Pékin. 1995. Élixir de vie, je me reprends et poursuis mon rêve dérision. Mes soixante-huitardes, corolles béantes, ont franchi la muraille de Chine, investi les terres à blé du nord et les rizières du sud, pénétré les vasques de la cité interdite. Effluves d’eaux pacifiques et de jasmin. Pistils aux yeux débridés. On en oublie la préférence pour l’enfant mâle, les infanticides de bébé fille et les médias n’ont encore rien dit des foeticides et des échographies ciblées. C’est l’euphorie. On décrète enfin une plate-forme commune. Hommes de tous les pays, unissez-vous, pour la louange des femmes. Des accents de partout inondent le Transsibérien, enchantent les avions des bouts du monde. On n’en revient pas de cette communion éphémère. Florilège de femmes. Fleurs de lotus.

Des fleurs de rien du tout. Comme celle du Petit prince.

Love and peace…

Dix ans plus tard, et quelques copeaux de l’arbre de vie, le bilan est sévère. Des témoins ont vu et des voix se sont dénouées ; malgré le jugement symbole, Bosnie, Rwanda, du tribunal pénal international, au Darfour, au Congo où Boyla dénonce la profanation des vagins et ailleurs, on décrypte l’usage persistant du viol collectif comme arme de guerre, on fuit les images obsédantes des chairs souillées, des scènes démentes sous la crainte du fusil ou de la machette, des gestes de bêtes, des beaux yeux hagards.
Retour de bâton. Backlash. Ce sont des intégristes qui ont lancé les ailes d’acier dans le béton des twins. Pas seulement à cause de l’argent et du pouvoir qu’ils veulent partager. Mais parce qu’ils ont peur.
D’elles.
Dolorismes et violences.
En Afghanistan, les écoles de filles ont été fermées et les burkas se promènent en silence, yeux baissés ; au Pakistan des jeunes femmes excédées par les pressions familiales et les interdits religieux s’immolent par le feu, d’autres cachent leur honte, défigurées par les brûlures assassines de l’acide. On parle çà et là de crimes d’honneur. Dans le stade enfer, on braque un revolver sur la tempe d’un homme, il est à genoux, la fleur d’amour en main, il attend la balle implosion. Banlieues européennes, dans la cave d’une cité sordide, gare à celle qui n’est pas soumise. Sur la planète ronde, au-delà des frontières iraniennes, de l’Arabie à la Turquie, et jusque dans la terre de France, au pays de Condorcet et de Saint-Simon, où Olympe de Gouges proclama « la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » avant d’être décapitée sous la Terreur, des femmes se revoilent pour sortir des domiciles codifiés, emprunter un moyen de transport urbain, pouvoir se rencontrer sans être harcelées. Us et régressions.

Lieu de vie

Occitanie, 34 - Hérault

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Rencontres en milieu scolaire