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Les écrivains / adhérents

Elsa Flageul

Roman
photo Elsa Flageul

Je suis entrée en écriture en 2009, avec la parution de mon premier roman « J’étais la fille de François Mitterrand », aux éditions Julliard. Mais avant cela, j’ai voulu être comédienne parce que j’aimais follement, passionnément le cinéma. Je l’ai même étudié à l’université, et plus particulièrement l’œuvre de Jacques Demy, dont le mélange de légèreté et de gravité me fascinait.
Et puis un jour, sans que je ne l’aie jamais imaginé auparavant, j’ai décidé d’écrire un roman. La décision a été aussi soudaine qu’inattendue, aussi impétueuse que folle et pourtant profondément naturelle. Depuis ce jour j’écris, avec la même sensibilité que lorsque j’étudiais le cinéma ou la comédie, dans une continuité de préoccupations et de recherche qui se retrouve dans mes romans : le travail sur la langue, sur le rythme d’une phrase et son oralité ; l’humour qui vient éclairer et donner du relief aux méandres sinueux de l’âme et du cœur ; le détail du quotidien qui dessine les contours d’un personnage ; l’enfance qui nous marque à jamais et enfin, encore et toujours, la violence des sentiments et l’extrême difficulté de dire ces sentiments à l’autre. Et dans l’écriture de la sensibilité, j’essaie de rejoindre le lecteur par ce qui nous distingue et pourtant nous rassemble : l’intime.

Photo : Astrid di Crollalanza

Bibliographie

– Les araignées du soir, Julliard, 2013, roman
– Madame Tabard n’est pas une femme, Julliard, 2011, roman
– J’étais la fille de François Mitterrand, Julliard, 2009, roman

Extraits

« Il me semble parfois que l'aventure m'a oubliée depuis tant d'années que je ne suis peut-être plus sur la liste après tout, qu'il y a des personnes à qui l'aventure ne rend presque jamais visite, une fois comme ça au début pour faire connaissance puis plus rien, que c'est ainsi, on n'y peut rien. Mes parents ont tant souhaité que la vie les oublie, les épargne, les protège, dormir tranquilles, ne pas souffrir, ne plus pleurer jamais, qu’elle leur a peut-être fait un prix de gros finalement : madame monsieur pour vous c'est trois pour le prix de deux, profitez-en c'est une promotion, la fille est gratuite, la fille est offerte, la fille c'est cadeau, vous en avez de la chance. C'est si terrible, si inimaginable que je pleure parfois de rage et de désirs rentrés, toute seule dans mon lit une place, le même que celui de mes six ans, oui la même couche depuis l'enfance, avec la même housse de couette constellée d'étoiles, les mêmes autocollants impossibles à décoller : lavez-vous les dents halte aux caries le tabac ça pue un verre ça va trois verres bonjour les dégâts. J'ai l'impression que jamais je ne connaîtrai d'autres lits, d'autres horizons, d'autres vies, que ma vie à moi ne prendra pas, oui comme on dit vulgairement d'une mayonnaise, que cela arrive sûrement de temps à autre, une vie qui ne commence jamais.
Elle passe et puis c'est tout. »

Extrait de Les araignées du soir, Julliard, 2013
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« Mais ma mère apparaît dans la foule, solaire, belle comme une apparition divine. L’homme est avec elle, ils marchent tranquillement, inconscients du drame imaginaire que j’ai vécu. Si je leur racontais ils riraient sans doute et moi avec, mais pour l’heure des frissons de bonheur me courent dans le dos, le monde m’apparaît sous le regard neuf et éclatant du gracié, du rescapé. Ma mère et l’homme arrivent à ma hauteur, saisissent chacun une de mes mains et nous pénétrons ainsi dans la salle de cinéma. Mon cœur va éclater de fierté, il fait noir, il fait chaud, l’obscurité m’enveloppe, efface les contours et les différences, mon corps s’apaise étrangement dans la pénombre, s’y dilue avec douceur, je me répands dans le noir : je suis un strapontin, un esquimau au chocolat, je suis Jean Mineur 79 Champs Elysées Paris, je suis une enfant confiante et solide, je n’ai plus d’âge, de sexe, de visage, je pactise avec l’ennemi, un sentiment de bonheur et de fraternité m’inonde le cœur, je suis mesquine, je suis mauvaise, je me déteste d’être parfois cette petite fille bilieuse, nous sommes tous égaux, tous là pour la même chose. J’appartiens à ce tout.
Comme il est bon, parfois, d’être comme les autres. »

Extrait de Madame Tabard n’est pas une femme, Julliard, 2011.

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire