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Bérengère Cournut

Poésie / Roman / Jeunesse / Contes
photo Bérengère Cournut

Née (contente) en 1979, Bérengère Cournut a grandi en région parisienne, dans un paysage d’eaux et de collines. À quinze ans, elle s’installe à Paris, où elle passe dix-huit années à étudier, écrire ses premiers livres, participer à l’aventure du Nouvel Attila, jeune maison d’édition turbulente. Elle a aussi la chance d’être un temps secrétaire du traducteur Pierre Leyris, dont elle aide à publier les œuvres posthumes chez José Corti. Pour subsister, elle fait de la correction dans la presse et l’édition. Durant ces années, elle prend volontiers le train, le bateau – l’avion quand elle est pressée. Depuis 2015, elle vit à Besançon, où elle a donné naissance à deux enfants, tout en continuant à explorer des territoires intérieurs et lointains.
Ses premiers livres (romans, recueil de contes, plaquettes de poésie) sont empreints d’un profond onirisme. La rencontre avec les cultures amérindiennes, lors de plusieurs séjours dans l’Ouest américain en 2011-2012, a provoqué un « retour au réel » dans son écriture, avec un roman sur les Hopis d’Arizona, à la fois contemplatif et documenté : Née contente à Oraibi, publié par Le Tripode, en 2017. Dans la même veine, paraît en septembre 2019 un roman sur le peuple inuit, toujours chez le même éditeur. Entretemps, un court roman épistolaire lui est venu, Par-delà nos corps, relatant le destin d’une femme entre les deux guerres. Et comme il faut également penser à l’avenir, elle travaille à plusieurs projets pour la jeunesse, dont un album illustré par Donatien Mary, Le Roi de la lune paru en 2019 et sa suite en 2022… mais aux éditions 2024 !

Septembre 2017 - Juin 2018 : Résidence Île-de-France au Muséum national d’Histoire naturelle, Paris 5ème. remue.net/spip.php?rubrique1089 & www.m-e-l.fr/fiche-residence.php?id=16

Bibliographie

Romans
Elise sur les chemins, Le Tripode, 2021
De pierre et d’os (roman inuit), Le Tripode
Par-delà nos corps, à paraître en février 2019, Le Tripode
Née contente à Oraibi, Le Tripode, 2017
Palabres, publié sous le pseudonyme Urbano Moacir Espedite avec N. Tainturier, Attila, 2011
L’Écorcobaliseur, Attila, 2008

Recueil de contes
Schasslamitt, Attila, 2012.

Jeunesse
Le Roi de la lune et le robot zinzin, illustré par Donatien Mary, Éditions 2024, 2022
Le Roi de la lune, illustré par Donatien Mary, Éditions 2024, 2019
Jeunes voix de Savoie (2013), Les Aventures du chat Miaulant et L’Histoire de Miolans (2014), Chantons Chambéry (2015), Ors et désordres baroques (2016), quatre livrets jeunesse édités par la Fondation Facim et illustrés par Donatien Mary

Poésie
Nanoushkaïa, aux éditions L’Oie de Cravan (Montréal), 2009
Wendy Ratherfight, L’Oie de Cravan, 2014

Conte musical
Nuit d’or et de désordre, conte musical baroque, créé par la compagnie Agamemnon en 2017

Préfaces
La Chambre du traducteur, Pierre Leyris, choix et présentation de Bérengère Cournut, José Corti, 2007
Un homme si simple et Chalet 1, André Baillon, préface de Bérengère Cournut, postface de Benoît Virot, Cambourakis, 2009

Périodiques
Une trentaine d’articles littéraires et de chroniques parus en revues en France (Travioles, L’Anacoluthe, Po&sie, Le Nouvel Attila), en Belgique (Indications) et au Québec (Le Bathyscaphe, Cousins de personne)

Extraits

Schasslamitt (conte extrait du recueil du même nom, Attila, 2012)

« Ce chat-là, ce chat-là !, répétait toujours mon oncle, ce chat-là, on n’en fera jamais rien ! » Et de caresser jalousement son chien, blotti bêtement contre ses jambes au bout de la table.
C’est vrai qu’on n’en tirait pas un profit énorme, du chat, mais que voulez-vous… Il promenait sa grosse queue sur tous les meubles, déplaçant les moutons par troupeaux, déposant à leur place de ces épis de poils plus volatils encore. Chacun de ses passages sur le vaisselier – toujours à l’heure critique des repas – était un moment de tension. Tati baissait la tête, mon oncle mastiquait nerveusement, suivant d’un œil mauvais l’évolution féline parmi les bibelots.
Ma sœur et moi, témoins incrédules du mystérieux malaise, n’osions cependant pas intervenir en sa faveur autrement que par un haussement d’épaules. C’était un chat, voilà tout. L’aurions-nous tous laissé vivre sa vie, l’atmosphère des vacances s’en serait trouvée considérablement détendue. Mais pour mon oncle il n’en était pas question. Nous lapions donc consciencieusement le fond de notre assiette, sans insister.
Dans la chambre du haut que nous occupions elle et moi, quand le chat y transportait son auguste présence, nous tâchions d’oublier tout cela, l’oncle et son chien qui puait, la tante idiote, l’ennui des repas. Une mite s’échappait du placard et nous clamions de concert : « Chasse la mite ! Chasse la mite ! » Assis sur son cul, l’animal nous regardait nous agiter, indifférent. « Y pourrait pas faire un effort, lui aussi ? » Et lassés, nous écrasions l’insecte d’un coup de savate.
Un jour que ma sœur, pour ses dix ans, s’était vu offrir une brassière – « Mais j’ai pas d’nénés ! » –, nous décidâmes d’en faire un vêtement pour le chat. C’était l’été. Le soleil entrait par la fenêtre, mordant le lit où nous étions assis. La brassière était à rayures roses et blanches, avec de petits pois verts. Ignoble. Considérant la taille du chat, on se mit d’accord pour un bonnet. Un peu arrangé, le bout de tissu semblait avoir été taillé à la mesure de sa tête, les bretelles à la bonne longueur pour le nœud.
Maîtrisé par les mains petites mais fermes de ma sœur, le chat se vit enfiler le couvre-chef. Seule une oreille sur les deux ne trouvait pas à se déplier correctement. On pratiqua un trou ; ainsi, c’était parfait.
Schasslamitt remplit très honorablement son office d’amuseur les quelques minutes que dura sa torture. Crachant et marchant à reculons une patte après l’autre derrière la tête, il se débattait drôlement, provoquant notre joie. Il finit pourtant par trouver un coin de meuble pour se délivrer.
Nous passâmes le reste de l’après-midi à regarder le bonnet gésir à terre. Le chat avait filé, la chambre était à nouveau triste.
Au dîner, nous fûmes heureux de le voir réapparaître et cela, sans doute, se vit dans nos yeux. Mon oncle, ulcéré, mit en branle avec une force décuplée son manège masticatoire et notre tante sa tête d’âne. Au regard de la quinzaine qu’on venait de s’enfiler, c’en était trop. Quoi ! Schasslamitt était bien la seule chose qui valût tripette dans cet univers de bout du monde et il fallait encore laisser bafouer sa prodigieuse survie ?
Nous n’échangeâmes qu’un regard. Ma sœur fila sous la table et saisit le toutou qui ronflait stupidement aux pieds de notre oncle. Elle le posa sur la table à côté du rôti froid-mayonnaise. Je saisis le couteau à viande de d’vant l’verre de tati et l’abattis sans ciller. Le sang coula sur la toile cirée.
L’oncle resta la bouche ouverte un long moment, avant de s’écrouler sur la table. Crise cardiaque. Ce furent les dernières vacances que nous passâmes en Dordogne.

Lieu de vie

Bourgogne-Franche-Comté, 25 - Doubs

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
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  • Rencontres en milieu scolaire