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Les écrivains / adhérents

Françoise Pillet

Théâtre
photo Françoise Pillet

Ecrivain et metteur en scène, Françoise Pillet dirige le Centre Dramatique National "La Pomme Verte" pendant onze ans. Puis, reprenant sa liberté d’artiste itinérante, elle crée "Françoise Pillet et Cie ", une structure légère qui lui permet de s'engager dans des aventures artistiques au gré de ses rencontres et de s'associer plus librement à d’autres univers. Sur scène, elle continue de croiser son écriture avec celles de photographes, de peintres, de musiciens, l'inscrit dans des lieux du quotidien, sur des temps éclatés ou étirés. Elle aime se trouver où l'on ne l'attend pas et répondre aux demandes les plus improbables... Son travail sur les formes de la représentation l'amène à diversifier les rencontres avec le public, celui des enfants et celui des adultes. Elle questionne sans cesse le rapport entre l'enfance et la création artistique et anime des "chantiers de mots" de 7 à 77 ans.
En 2006, elle dissout sa Compagnie pour retrouver une nouvelle liberté de mouvement et pour pouvoir consacrer plus de temps à l'écriture. Les lectures publiques sont pour elle une forme privilégiée d'échanges, temps de discussion et d'enrichissement.

Bibliographie

Théâtre
- Métro Bastille (Éditions Théâtrales)
- Anciennement chez Louise (Éditions Théâtrales)
Mise au point, virgule (in "Des lendemains qui chantent", édition "Les cahiers de L'Égaré)
- Village (Éditions Lansman) in " Théâtre jeune public"
- Chut vole ! (Éditions Lansman) in "Théâtre à jouer"
- Molène (Éditions Théâtrales)
- Émile et Angèle, correspondance en collaboration avec Joël da Silva. (Éditions Théâtrales)
- Ficelles et merles chanteurs. ( Éditions Lansman) in "La scène aux ados, N°4
- De la pizza sauvage (Éditions Théâtrales) in "Vingt cinq petites pièces d'auteurs"

Création et mise en scène
- Voyage dans une cuisine - 1974
Création au Centre Dramatique National de La Pomme Verte - Mise en scène de l'auteur
- Léon Camille Pontdassets et Les mots n'ont pas d'écailles, 1977 et 1978 Création à la Scène Nationale de Sartrouville. Mise en scène de l'auteur
- Entre et ferme la page, 1980
Avec le peintre Patrick Géminel. Mise en scène de l'auteur
Création à la Scène Nationale de Sartrouville
- Un rideau d'incolore, 1981
Crée dans l'escalier de la Scène Nationale de Sartrouville. Mise en scène de l'auteur
- Aux habitudes, café restaurant - 1982
Mise en scène par Michel Véricel et Françoise Pillet
Crée à la Scène Nationale de Sartrouville.
- Alberta, Alberta, 1982
Création à la Scène Nationale de Sartrouville. Mise en scène de l'auteur - Spectacle écrit pour l'espace d'une école maternelle. (couloir, portemanteaux, WC, classe)
- Anciennement chez Louise - 1983 (éditions Théâtrales)
en collaboration avec le photographe Pierre-Olivier Deschamp
Création pour l'ouverture de la Scène Nationale de "la Ferme du buisson" Marne la vallée.
- Ligne blanche, ligne brisée, 1984
Création au Théâtre Dejazet à Paris Mise en scène de l'auteur
- La partie commencera à l'heure, 1985
Versions théâtre : création à La Maison de la Culture de Nevers. Mise en scène de l'auteur
- Mise au point virgule, 1988 (éditions Les cahiers de l'Égaré) en collaboration avec le photographe Jean Yves Cousseau. Mise en scène de l'auteur - Création à la scène Nationale de Cergy-Pontoise
- Métro Bastille, 1989 (éditions théâtrales)
Création au Théâtre Jacques Cœur de Bourges (Maison de la Culture et FOL)
- Figaro, peintre en bâtiment, 1994 - Musique de Rossini Mise en scène de l'auteur - Création à la Scène Nationale de La Ferme du Buisson.
- Même les chaussures dorment, 1996
en collaboration avec le photographe Thierry Augé. Mise en scène de l'auteur - Création à Maison de la Culture de Bourges.
- Village, 1997 (éditions Lansman)
Création au centre Gérard Philipe de Champigny sur Marne. Mise en scène de l'auteur
- Petite étude des dictionnaires, 1999
Création au Théâtre Atnénor de St Nazaire, Mise en scène de l'auteur
- Quand les mains murmurent, 2003
Création au Salon du Livre de Jeunesse de Montreuil.
- Émile et Angèle, correspondance, 2003 (éditions théâtrales)
Écrit en collaboration avec Joël da Silva (Québec).Création au festival international des "Coups de Théâtre " de Montréal.
- Amours d'escaliers- 2004
Création au Salon du livre de Montreuil. Mise en scène de l'auteur.
- Un petit tour et puis… (2006)
Mise en scène de Georges Perpes et Françoise Trompette. Théâtre de rue. Création au Festival de "Chalon dans la Rue", 2007

Théâtre et opéra
- Papageno et La flûte enchantée, 1986 Musique de Mozart
Création à la Scène Nationale de Sartrouville
- Les Gorges du Loup - 1991 d'après l'opéra Le Freïtchutz de Weber, Théâtre et opéra romantique - Création à Saonora, Centre Culturel de Macon

Théâtre d'objets (et marionnettes)
- La partie commencera à l'heure (version théâtre d'objet) 1997
par Les quatre Marionnettistes. Mise en scène de l'auteur
Version théâtre d'objet : création au Festival international de Charleville-Mézière.
- Quand les mains murmurent 2002 Crée en novembre 2002 au salon du livre de Montreuil. Mise en scène de l'auteur
- Chut vole 2001 (in "théâtre à lire et à jouer" Lansman)
Théâtre d'objets. Bourse du Centre National du Théâtre.
- Ficelles et merle chanteur – 2001 (éditions Lansman)
Texte pour marionnettes. 18 séquences aux fenêtres de plusieurs immeubles d'une cité.

Textes représentés en appartement ou en autres lieux improbables…
- Dix histoires pour un manège - 1976
Création au Cac de Sartrouville. Mise en scène de l'auteur
Écris pour l'espace d'une école maternelle.
- L'Escabeau avec un violoniste. 1979 CAC de Sartrouville. Mise en scène de l'auteur
- Ballade par contes et par mots 1980 Mise en scène de l'auteur
- Appartement-théâtre à vendre, 1991 Mise en scène de l'auteur
Création au Festival International de Spectacles à Domicile de Combs la Ville.
- Ma cousine sur la plage à Houlgate, 1993 Mise en scène de l'auteur - Création au Festival International de Spectacles à Domicile de Combs la Ville.
- Rue Élisa Lemonier 1984
Saonora. Centre Culturel de Macon.

Textes

Théâtre
- Le silence des vitrines 1984 - Mise en scène de Hervé lelardoux
Création au CAC de St Brieuc.
- Le pollen de la place des Vosges 1986 - Commande du festival de la BD d'Angoulême. Création à la Scène Nationale "Les Plateaux" à Angoulême.
- Pas d'idée sans chien 2000
Création au Théâtre des Bergeries de Noisy le Sec.
- Jardin de poche, 2000, Création au Festival Mélimôme. CDN de Reims
- Mon Corvol l'orgueilleux 2001 La Compagnie de La Hulotte.
- Molène - 2002. (éditions Théâtrales)
Texte écrit lors d'une résidence d'écriture au CNES de La Chartreuse
- Le liquide avant le solide (2003)
Commande de la compagnie de La Hulotte (Morvan)
- On m'a dit - 2004 Texte écrit en résidence au CNES de La Chartreuse.
- Les imbéciles font la comédie - 2004 Texte écrit à partir de "24 heures d'écriture" dans le hall de La Comédie de Reims.
- Salut Nelson (2005) Commande du "Groupe des vingt" (Théâtres de l'Ile de France)
- De la pizza sauvage – 2006 (éditions Théâtrales)
- Ramassage polaire. 2006 (à paraître aux éditions Théâtrales)

Extraits

Personnages :
Molène, douze ans
Jacob, frère de Molène, six ans
La mère, mère de Jacob et de Molène

La pièce se passe en trois lieux :
Le couloir
La cuisine,
Le lieu du monologue de Molène

Les textes situant les lieux, les lumières, certaines actions pourront être énoncés au cours de la représentation.
Ce ne sont ni des didascalies ni des indications de mise en scène.
Juste quelques images ponctuant les dialogues.

1-
Molène :
Molène.
Molène, le nom d'une île, mon nom.
Autour de moi, il n'y a que de l'eau, eau de pluie, eau de brouillard, eau de nuages. De l'eau et quelques mouettes qui n'osent pas rire de peur de déranger les morts, rangés-là, sous la terre et les pierres
Molène, l'île abandonnée des vivants, où il ne reste plus qu'un boulanger et un épicier qui écoutent le va et vient des vagues pour occuper leurs journées froides.

Molène. Douze ans.
Ou mille ans peut-être car j'ai déjà vécu partout et nulle part. Six maisons depuis ma naissance. Les déménagements bousculent le calendrier, demain j'aurais vingt ans peut-être.

Molène. Fille, comme son nom l'indique.
Sœur de Jacob.
Cousine de Chris.

Molène. Jumelle d'une autre fille qui n'a pas eu le temps de recevoir un prénom. Morte avant de naître.
Neuf mois passés dans un ventre en compagnie de cette minuscule demoiselle. On se tenait chaud. On écoutait les paroles venues du dehors, les informations du monde sur France-inter-gros -ventre. .
Février, la météo était glaciale. Notre mère enfilait ses moufles, mais nous, on se la coulait douce. Les doigts de pieds emmêlés, dans l'eau tiède du ventre de maman.
Ma jumelle n'a pas voulu ouvrir ses yeux, pas voulu respirer l'air du dehors.
- Pas voulu goûter à mon lait, dit notre mère.
Sucré, c'est vrai, un peu trop sucré.
Dégonflée. Elle m'a laissé seule, Molène.

Molène, cousine de Chris,
Le garçon qui joue de la trompette dans les près.
Une île, lui aussi, planté dans l'herbe, au milieu d'un océan vert, piqué de quelques fleurs de pissenlits qui l'observent de leurs yeux jaunes.
J'aime la trompette.
Je me glisse souvent dans le chemin pour suivre Chris sans qu'il s'en aperçoive. Je grimpe dans un arbre, je m'allonge sur une branche, les sons qui filent dans le vent me caressent le visage.
Quand Chris joue, des éclats de soleil se reflètent sur le cuivre de la trompette et envoient dans l'air des clins d'œil aveuglants.
Je les attrape, imaginant que Chris les fait miroiter pour m'éblouir.
Je m'en bourre les poches, de quoi survivre jusqu'à dimanche.

Molène, sœur de Jacob.
Oh, Jacob !

2-
Une cuisine.
La mère épluche des carottes.
Jacob prend une carotte dénudée et croque dedans.
La carotte craque sous les dents.

La mère
-Jacob, tu sais où est Molène ?
Jacob
- Non. Sans doute sur son arbre. Elle écoute Chris jouer de la trompette.
La mère
- Impossible, il fait nuit, noir, froid, il pleut.
Jacob
- Ça ne la dérange pas . Chris non plus,. Lui, il est capable de jouer
de la trompette en faisant du vélo sous la neige.

Jacob chante en imitant le son de la trompette.
Il recommence, trompetant toujours le même petit morceau de musique, sept fois, dix fois, douze fois

La mère
-Arrête Jacob.
Jacob
- Je travaille mon instrument. C'est bien plus difficile de jouer de la trompette sans trompette, il faut s'appliquer, se concentrer et surtout ne pas se décourager.
La mère
- Va prendre ta douche.
Jacob
- Un jour, j'apprendrais le violoncelle et je jouerais pendant des heures en regardant la mer, les cheveux dans le vent comme le mec sur le tableau qui est accroché au-dessus du buffet, chez Mamie.
La mère
- Tu joueras pour les poissons ?
Jacob
-Non. Les poissons n'ont pas d'oreilles, ils ne font pas la différence entre un violoncelle et une corne de brume.

On entend une porte claquer, suivie d'une autre.

Jacob
-Molène est revenue.
La mère
- Va prendre ta douche.
Jacob
- Je vais la voir
La mère
- Jacob, va prendre ta douche.

3-
Molène
Je suis là. Mouillée, gelée.
Je ne vais pas retirer mes gants, trempés à tordre. Encore moins mes chaussures. Mon bonnet est remplis à ras bord de notes échappées de la trompette. Le garder sur la tête, ne pas risquer de laisser ces notes dégouliner sur mon oreiller et se perdent sous la couette
Trop chaud, oui, trop chaud, mes oreilles rougissent. Mais je dois choisir : transpirer heureuse ou me retrouver vide, seule et perdue en mer.
Chris jouait bizarrement de la trompette ce soir. Il ne sentait pas le froid, la pluie glissait sur les pistons cuivrés, mouillant le son qui devenait atroce. C'était une étrange musique, cassée, ratatinée, engluée dans les gouttes de pluie.
Et puis le silence, souvent le silence.
Je ne bougeais pas de peur que Chris ne me repère, avec mon blouson trop clair, perchée sur mon arbre.
Il n'aurait pas aimé me savoir là.
Je n'aurais pas aimé le fâcher.

La nuit, enroulée dans mon grand tee shirt, je n'entends que les ronflements de mon père, la chaudière qui s'allume, brusquement en colère, les voitures qui s'arrêtent au feu rouge, et le voisin qui dévale l'escalier pour rejoindre sa douce, serveuse à la pizzeria.
Le son de la trompette, je ne l'entends plus. Aspiré, digéré par les bruits de la nuit.

Ils vont bientôt m'appeler pour le dîner.
Je voudrais : ne pas manger, ne pas parler, ne pas écouter, ne pas raconter.
Je suis une île. Celle qui se nourrit d'algues et d'embruns, de sels et de coquillages. Celle qui mange les marins dont les bateaux ont fait naufrages et qui chatouille les crabes dormeurs.
Pourquoi m'ont-il donné le nom d'une île ?

4-
Un couloir, éclairé par une applique.
Au sol un carrelage à grands carreaux noirs et blancs.
Jacob est assis par terre, le dos appuyé à une porte fermée.
Il est habillé d'un kimono blanc.

Jacob
- Molène ?

Jacob colle son oreille à la porte.
Silence.

- Molène, tu ne veux pas manger ?
Maman à fait un repas à ton goût. Un repas d'île.
En entrée, il y a des croûtons qui flottent sur de la soupe de potiron, après, elle fera un œuf sur le plat avec son jaune au milieu de son océan de blanc et, en dessert, une île flottante.
Peut-être que tu ne vas pas aimer, tu vas avoir peur d'être dévorée.

Jacob se relève, déploie lentement ses bras et ses jambes. Il pivote soudain sur lui-même, recommence trois fois et s'applique à exécuter très précisément le même mouvement.
Puis il s'assied sur ses talons et regarde fixement la porte.

- D'après mon prof d'Aïkido, tu devrais ouvrir cette porte parce que je t'ai fait le coup de l'Irimi, le truc qui me permet de passer le seuil de ta maison, alors, tu vois, tu es piégée, les Japonais sont les meilleurs des passe-murailles.

Molène ouvre la porte ; elle a les deux mains recouvertes de glaise grise qui lui dessine des gants luisants.
Jacob s'enfuit vers la cuisine
Elle le poursuit, applique une de ses mains dans le dos du kimono, laissant une empreinte granuleuse.
Elle retourne dans sa chambre.
Elle a toujours son bonnet sur la tête.

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