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Les écrivains / adhérents

Emmanuel Bing

Poésie / Roman / Essais / Théâtre
photo Emmanuel Bing

Né à Paris en 1959. Écrivain, artiste peintre, psychanalyste, très tôt engagé dans l'écriture et la littérature, Emmanuel Bing anime des ateliers d'écriture depuis trente ans. Diplômé de l’École Supérieure de Journalisme à Paris en 1979, il s’est ensuite consacré à l’informatique et aux arts graphiques, et a participé à l’informatisation de la Presse dans les années 80, sans jamais cesser de peindre et d’écrire. Il a créé et dirigé un Centre de formation destiné aux arts graphiques et à la Presse. Il prend également en 2008 la rédaction en chef de la revue en ligne ecrits-vains.com.
L'art, l'écriture et la psychanalyse sont aujourd'hui au centre de son activité.
L’écriture est ce qui me tient depuis toujours debout, dans mon équilibre avec le monde.
Ce sont l’art, la pensée et la création qui toujours m’ont préoccupé.
La fréquentation de différents univers, de différents métiers, m’a toujours ramené à l’essentiel du processus de création. C’est de me souvenir de cela qui fait que depuis toujours je peux travailler au désir d’écrire.
Explorer les ressources de la littérature et de la création est l’enjeu des ateliers d’écriture que j’anime. Être l’instigateur de tels ateliers exige un savoir particulier, unique, original, non scolaire, multiple, organisé, profond, personnel. C’est cela que je tente de transmettre à ceux qui me font une demande de formation. Dans le respect et la continuité de ce travail inauguré par ma mère en 1969.
Je vis toujours dans ce qu’autrefois un poète suisse appelait ma « nuit de feuilles », avec la « rage » dont m’avait caractérisé un ami typographe, avec l’appréhension fragile du sensible, de l’éthique comme esthétique, la condition de l’être et du devenir, dans les entrelacs infinis de la littérature.

Thèmes
Les thèmes que j’aborde au travers de l’écriture sont ceux de l’art, du processus de création, la question de la psychanalyse, la question de la langue, du travail de l’écriture. D’autres résonnances, multiples, ont lieu au travers du récit ou du roman, le désir, l’érotisation de la langue, le sacré, le mystérieux, la fiction et la science, la question du réel, les passages au delà et au travers des miroirs.

http://www.atelier-bing.fr
Bibliographie

– Le manuscrit de la mère morte, récit, Éditions Maurice Nadeau, Paris 2009.
– Les chemins d’Oniris, science-fiction, co-auteur avec Marie-Josée Keller, Le manuscrit, Paris 2006.
– Cacophonie, théâtre, marionnettes et chant, à l’Espace Château-Landon à Paris, 2000.

Articles et textes dans la revue Ecrits...Vains?
(www.ecrits-vains.com) et sur d’autres sites Internet.
Subjectivation subversive, article dans la revue Passages, N°136/137 - Faut-il interdire la psychanalyse ?
Le rire dans le processus de création, revue Humoresques, juin 2004

Extraits

Le manuscrit de la mère morte

Sombre personnage noir dans la nuit bleue d’encre et de colère. Sombres les cheveux, sombre le regard. Au front deux rides profondes au-dessus du nez fin et long, qui semble pointer, carnassier, vers vos désordres. Deux grandes rides d’amertume. La bouche fine. Dents blanches. Menton petit. Un visage long, ovale. Angles durs. Les yeux noirs et profonds, petits. Sourcils noirs, légèrement épilés à la bosse de l’arcade. Elle est fardée, gros traits de crayon de kohol et mascara. Rouge à lèvres. Rouge à joues — sans quoi elle les pince, pour faire venir un rose pâle qui disparaît presque aussitôt. Un front grand assez, les cheveux en mèches ou frange. Pommettes assez hautes. Elle est en noir, dans sa cape, sa peau est pâle et blanche, parfois comme d’une morte (on lui fera jouer ce rôle au cinéma). Elle est comme la mort avec sa faux. Elle vous regarde alors et sa détresse est profonde. Sa détresse est indicible et vous ne pouvez rien dire. Elle est jeune. Trente huit ans. Elle vous tient de ce qu’elle est fragile. De sa longue détresse romantique. Elle est vive. Elle pourrait mourir là, à l’instant même. Elle est haute, et vous dit parfois « mon chéri ». Elle ne met plus de talons aiguille. Nous sommes à la campagne. Sous la Lance. Elle est ce chat noir hérissé et cauteleux de la campagne. Par-dessous le contrefort de la montagne coule le Lez. Elle est dans toute sa détresse, la lente promenade. Il faut monter, de l’ancienne école de Béconne qu’elle a louée, vers la petite chapelle. On y guérit, croit-on, de fistules. Elle est la grande sorcière des nuits. Ses longs cheveux noirs répandus au vent de la lune. Vous ne pouvez l’atteindre, la détresse est trop grande. Elle vous regarde, elle est le poème même. Il n’y a d’autre issue que le poème, que la littérature grande. Elle est la littérature, et, de là, elle vous regarde. Elle est le passé des désastres, et la guerre, oh la guerre. Elle est le passé triste. Elle vous regarde et son œil a comme écarté, définitif, le vulgaire. Il n’y a là que la beauté possible, la beauté terrible, la beauté tragique. Il y a dans son regard tous les drames, et, sous les siens, les vôtres ne comptent pas. Ici, enfin, elle règne. Dans cette vieille école de ciment, aux ifs sombres, elle est enfin maîtresse du soir. Au loin, au-delà de la cour d’école aux deux arbres minables, d’immenses peupliers. Elle est comme perdue dans la montagne, sorcière qui hante l’âme noire des bergers alentour.

Lieu de vie

Île-de-France, 77 - Seine-et-Marne

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire