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Les écrivains / adhérents

Henri Meschonnic

Poésie / Essais

Né à Paris en 1932. Carrière universitaire de linguiste à Vincennes, Paris 8.

Thèmes
J’écris des poèmes et cela me fait réfléchir sur le langage. En poète, pas en linguiste. Ce que je sais et ce que je cherche se mêlent. Et je traduis, surtout des textes bibliques. Où il n’y a ni vers, ni prose, mais un primat généralisé du rythme, à mon écoute. La conjonction de ces trois activités a donné lieu pour moi à une certaine forme de pensée critique, à partir d’une transformation de la pensée traditionnelle du rythme à laquelle ont mené nécessairement ces trois activités, justement par leur conjonction. De là, une critique générale des représentations du langage, et d’une carence de la pensée du langage dans la pensée contemporaine. L’importance de la critique a relativement occulté les poèmes, surtout dans la mesure de la résistance que cette pensée a suscitée. Vérifica-tion empirique que la pensée fait mal, et d’abord, socialement, à qui essaie de penser. Mais le poème, tel que je l’entends, transformation d’une forme de vie par une forme de langage et d’une forme de langage par une forme de vie, partage avec la réflexion le même inconnu, le même risque et le même plaisir, le même pied de nez aux idées reçues du contemporain. Puisqu’on n’écrit ni pour plaire ni pour déplaire, mais pour vivre et transformer la vie.

Bibliographie

Poésies
- Dédicaces proverbes, Gallimard, 1972 (Prix Max Jacob)
- Dans nos recommencements, Gallimard, 1976
- Légendaire chaque jour, Gallimard, 1979
- Voyage de la voix, Verdier, 1985 (Prix Mallarmé 1986), L’improviste, 2005
- Jamais et un jour, Dominique Bedou, 1986
- Nous le passage, Verdier, 1990
- Combien de noms, L’Improviste, 1999
- Maintenant, Les petits classiques du grand pirate, 2000
- Je n’ai pas tout entendu, Dumerchez, 2000
- Puisque je suis ce buisson, Arfuyen, 2001
- Infiniment à venir, Dumerchez, 2004
- Tout entier visage, Arfuyen, 2005
- Et la terre coule, Arfuyen, 2006 (Prix Nathan Katz 2006)

Traductions
- Les cinq Rouleaux (Le chant des chants, Ruth, Comme ou Les Lamentations, Paroles du Sage, Esther), Gallimard, 1970
- La structure du texte artistique, de Iouri Lotman, direction de la traduction collective, Gallimard, 1973
- Jona et le signifiant errant, Gallimard, 1981
- Gloires, traduction des psaumes, Desclée de Brouwer, 2002
- Les Noms, traduction de l’Exode, Desclée de Brouwer, 2003
- Et il a appelé, traduction du Lévitique, Desclée de Brouwer, 2005

Essais
- Dictionnaire du français contemporain, (collaboration), Larousse, 1967
- Pour la poétique, Gallimard, 1970
- Pour la poétique II, Épistémologie de l’écriture, Poétique de la traduction, Gallimard, 1973
- Pour la poétique III, Une parole écriture, Gallimard, 1973
- Le signe et le poème, Gallimard, 1975
- Écrire Hugo, Pour la poétique IV (2 vol.), Gallimard, 1977
- Poésie sans réponse, Pour la poétique V, Gallimard, 1978
- Critique du rythme, anthropologie historique du langage, Verdier, 1982
- « La nature dans la voix », introduction au Dictionnaire des Onomatopées de Charles Nodier, Trans-Europ-Repress, 1985
- Critique de la théorie critique, Langage et Histoire, séminaire, direction et participation, Presses univer-sitaire de Vincennes, 1985
- Les états de la poétique, P.U.F, 1985
- Écrits sur le livre « Mallarmé au-delà du silence », introduction à Mallarmé, choix de textes, Éditions de l’Éclat, 1986
- Modernité modernité, Verdier, 1988 ; folio-essais, Gallimard, 1994
- Le langage Heidegger, P.U.F, 1990
- La rime et la vie, Verdier, 1990, Édition revue et augmentée, Gallimard, folio-essais, 2006
- Des mots et des mondes, Hatier, 1991
- Le langage comme défi, séminaire, direction et participation, Presses Universitaires de Vincennes, 1995
- Politique du rythme, politique du sujet, Verdier, 1995
- Histoire et grammaire du sens, co-direction avec Sylvain Auroux et Simone Delesalle, et participation Armand Colin, 1996
- De la langue française, essai sur une clarté obscure, Hachette-Littérature, 1997, Pluriel, 2001
- Traité du rythme, des vers et des proses (avec Gérard Dessons), Dunod, 1998
- Poétique du traduire, Verdier, 1999
- Et le génie des langues ? séminaire, direction et participation, Presses Universitaires de Vincennes, 2000
- Crisis del Signo / Crise du signe, Édition bilingue, Comisión Permanente de la Feria del Libro, 2000
- Le rythme et la lumière avec Pierre Soulages, Odile Jacob, 2000
- L’utopie du Juif, Desclée de Brouwer, 2001
- Célébration de la poésie, Verdier, 2001
- Hugo, la poésie contre le maintien de l’ordre, Maisonneuve et Larose, 2002
- Spinoza, poème de la pensée, Maisonneuve et Larose, 2002
- Un coup de Bible dans la philosophie, Bayard, 2004
- Vivre poème, Dumerchez, 2006
- Le nom de notre ignorance, La Dame d’Auxerre, Laurence Teper, 2006
- Heidegger ou le national-essentialisme, Laurence Teper, 2007

Extraits

Extrait de La rime et la vie, Gallimard, folio-essai, 2006

Le langage parle du langage. Ce qu’il le mieux, c’est ce que vous en faites. Par là, nous sommes tous tout entiers nous-mêmes le contenu du langage. Le langage est chaque fois le sujet tout entier. Son histoire. Qui signifie plus ce qu’il ne dit pas que ce qu’il dit. L’intérêt est de découvrir quoi comment. L’incommuniqué est ce qui se communique d’abord.
C’est pourquoi le rythme, qui n’est dans aucun mot séparément mais dans tous ensemble, est le goût du sens. Sa physique. Et le signe une vieillerie théorique. Ici se situe la critique : là où ce que vous faites du poème dit ce que vous faites du langage de tous les jours. Comme s’il y en avait un autre. La théorie casse à son point faible. Le point faible des théories du langage, donc des théories de la société, est le poème
On ne connaît pas de langue sans poèmes, devinettes, récitatifs, proverbes, quelque chose qui tienne de ce qu’on appelle littérature Même si la place en est tenue par les slogans publicitaires et les moulins à rêves, ou romans.


Extrait de Et la terre coule, Arfuyen, 2006 (Prix de la Littérature Nathan Katz 2006)

moi la vie
je marche
de soleil en soleil
de chevelure en nuage
un arbre d’odeurs
dans les bras
j’entends toutes les fleurs
je suis dans tout ce qu’on dit dans
tout ce qui n’est pas dit
je déborde des paroles
même quand elles ne veulent rien dire
on ne me vend pas d’histoires
au nom de
et au nom de
ces histoires vivent la mort
tous mes mots
sont pour la vie

Lieu de vie

Île-de-France, 77 - Seine-et-Marne

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu scolaire