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Les écrivains / adhérents

Hervé Carn

Poésie / Roman / Essais
photo Hervé Carn

Je suis né le 30-4-1949 à Fumay ( Ardennes ) de parents originaires du Finistère. Depuis ma jeunesse, ma vie a le plus souvent oscillé entre la Bretagne et le nord-est de la France, ne serait-ce que par mes affectations professionnelles. Les Ardennes et la Bretagne n'ont pas été les seuls lieux d'inspiration de mes livres. Je peux y ajouter l'Afrique subsaharienne où j'ai vécu et voyagé, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et beaucoup d'autres. J'accorde en effet une grande importance à la géographie et à la géologie quand elles deviennent insistantes par les obsessions et par le rêve.
Je n'ai pas seulement d'intérêt pour les éléments. Je porte également une grande attention aux idées comme bon nombre de gens de ma génération. Ayant suivi des études de philosophie avant d'obliquer les les Lettres, j'ai mené une carrière de professeur agrégé dans le secondaire et enseigné quelques années dans l'enseignement supérieur en tant que chargé de cours ( je suis titulaire d'un doctorat ). Je suis installé depuis trente ans dans une petite ville de Bretagne, un peu à l'écart des villes et de Paris, ce qui m'a laissé un temps autonome qui explique sans doute un peu le fait que j'ai pu écrire sans hâte ( et parfois des livres au long cours ) et le déficit de notoriété de mes livres et de ma personne. Je dois ajouter que je ne regrette rien.
Si j'ai réfléchi sur d'autres livres et d'autres auteurs ( par des essais et des critiques, lors de colloques ou d'interventions publiques ), je suis embarrassé pour le faire à mon sujet dans un court espace car j'aime bien développer ma pensée. Je m'en tiens à deux remarques : j'ai écrit et écris à la fois des romans, des essais, des poèmes et je suis persuadé que ces activités recèlent plus de différences que de ressemblances, aussi bien dans les postures d'écriture, les matériaux que l'investissement du corps ; j'ai toujours été attaché à la qualité matérielle de mes livres et je suis heureux que la plupart de mes éditeurs aient partagé cette préoccupation.

Bibliographie

Romans
– L'ordinaire de la nuit, La Différence, 1984
– Mauvaise mémoire, La Différence, 1988
– Florian Magadur, chercheur, La Ditfférence, 1991
– Pointe de la Garde, La Différence, 1995
– Issek, ou l'Histoire s'ouvre, Diabase, 1997
– Les grands nuages, Diabase, 1998
– Akparo, Editions Diabase, 2001
– La procession d'Echternach, Lignes/Leo Sheer, 2006

Proses critiques
– Bernard Noël, « Poètes d'aujourd'hui », Seghers, 1986
– Benjamin Péret et la Bretagne, Blanc Silex, 2001
– Julien Gracq, L'Atelier des Brisants, 2002
– Au pays d'Aimé Césaire, Diabase, 2004

Proses
– Tableaux fumaciens, Wigwam, 1994 ( réédition Alibis, 2004)
– Plages de Bretagne, Hôtel Continental, 1995
– La lumière, L'Attentive, 2000
– Rodano, MLD, 2008

Poésie
– Les chaises vides ( précédé de Lettre verticale XII de Bernard Noël ), Ubacs, 1980
– La nuit est pauvre, solitaire, Hôtel Continental, 1982
– Le rêveur inutile, Ubacs, 1988
– L'oeil du monde, Hôtel Continental, ,1990
– Le peu d'air, Rencontrs, 1993
– L'organisation de la pénombre, Dumerchez, 1996
– Avec Sima, Mont Analogue, 1997
– Hoquets du silence, Dumerchez, 2001 ( Prix Georges Perros )
– L'arbre des flots, Césure, 2005
– Vent de cendre, Dumerchez, 2008

Divers
Participation à de nombreuses revues internationales ( NRF, Serta, Les Lettres françaises, Europe...)
Textes traduits en polonais, allemand, espagnol, galicien, anglais et italien
Présence dans plusieurs anthologies de romans ou de poésie
Nombreux livres de luxe ou d'artiste en France ou à l'étranger

Extraits

Le Cahier
On sait depuis Jean-Jacques qu’un souvenir atroce de l’enfance peut avec le temps se retourner comme un gant, qu’il peut flotter en un ruban enluminé dans la mémoire.
Il m’est arrivé une expérience douloureuse lors du Cours Préparatoire. Il y avait dans cette classe un enfant malingre et sale. Ses parents le conduisaient et venaient le rechercher dans une voiture américaine déglinguée. Sa mère me fascinait : pâle, cheveux filasses, regard mouillé, fragile, battue sans doute…
L’état physique lamentable de cet enfant ne collait pas avec une telle voiture. Cela suscita des interrogations, puis des jalousies. Il devint le souffre-douleur des brutes qui faisaient régner la terreur lors des récréations. Je ne les aimais pas. Malgré mon éloquence, je ne parvins jamais à lever une troupe suffisante pour le protéger.
L’enseignement devenant plus rapide et plus complexe ( je parle d’une époque révolue où il était établi que l’on devait savoir lire et compter à sept ans ), il apparut que cet enfant ne pouvait plus « suivre », comme trois ou quatre autres élèves, malgré les soins attentifs de la maîtresse. Les moqueries furent alors plus insidieuses car l’une des brutes de la récré faisait partie de ces nouveaux Intouchables.
Un samedi matin, alors que nous étions requis pour un contrôle, je vis le garçon malingre sécher devant un problème d’une difficulté dérisoire. Je décidai de venir à son secours et de l’imiter. Je fixai la feuille blanche qui me sembla alors moins blanche. La cloche retentit. La maîtresse me retint après avoir grondé les cancres dont je faisais maintenant partie. Sans doute sentit-elle mon acte de rébellion car elle eut une idée bizarre ( qui de nos jours lui vaudrait un mois de prison et les récriminations télévisuelles du ministre, et que sais-je encore…). Elle écrivit un grand Zéro à l’encre rouge sur la page vierge de mon cahier. Elle le laissa ouvert à cette page, puis l’accrocha dans mon dos avec une épingle à nourrice. Je dus sortir ainsi dans la cour de récréation. Pour la première fois de l’année scolaire, on laissa tranquille l’enfant malingre ; et je dus affronter mille lazzi.
Je découvris la honte. Je pleurai. Je donnai des coups de pied et de poing avant de me terrer dans un coin de la cour. Témoin de mon infamie ( illusoire, puisque c’était volontairement que je n’avais rien fait des exercices proposés ), ce cahier ouvert prit très vite l’allure d’une conquête.
Les feuilles ouvertes et refermées par le vent devinrent les ailes soyeuses des oiseaux.
Le bien-être me gagna.
Plus tard, je passais de longs moments aux cimes des arbres ( dont le chapeau était tombé dans l’abîme ).
Et depuis j’ai souvent tracé cette liberté conquise grâce à la blancheur des pages.
L’enfant malingre déménagea. Je pense souvent à sa mère, à lui, à ces vies errantes

Lieu de vie

Bretagne, 22 - Côtes-d'Armor

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Résidences