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Les écrivains / adhérents

Jacqueline Starer

Poésie / Essais
photo Jacqueline Starer

Née en 1940 à Paris, Jacqueline Starer a été formée de manière très classique à la Sorbonne. Après avoir rencontré le poète anglais Keith Barnes (1934-1969) à Paris en 1963, elle partit avec lui aux Etats-Unis où elle enseigna et où elle découvrit la jeune poésie américaine. Ce qui l’amena à consacrer sa thèse aux écrivains de la Beat Generation :
– Les Écrivains beats et le voyage, Marcel Didier, 1977
– Chronologie des écrivains beats jusqu’en 1969, Marcel Didier, 1977
Après la mort de Keith Barnes, il lui fallut en faire le portrait et dire les années de création et de tribulations :
– K.B., Maurice Nadeau, 1987
La dure réalité francilienne des années 80 et 90, de travail, de banlieues, de trajets, donna :
– Les Bougons, La Bartavelle, 2002
et le travail de traduction des trois recueils de poèmes de Keith Barnes, aboutit à la publication de l’ouvrage bilingue :
– Keith Barnes Œuvre poétique Collected Poems, ouverture de Maurice Nadeau, éditions d’écarts, Paris, 2003
Articles, présentations, conférences se succédèrent jusqu’à la première édition bilingue de :
– K.B. Keith Barnes, traduction anglaise par Helen McPhail, éditions d’écarts, Dol de Bretagne, 2007
et de
Keith Barnes The Waters Will Sway / Die Wasser Werden Schaukeln, Selected Poems /Ausgewählte Gedichte, Translation from the English / aus dem Englischen by / von Ulrich Zieger, éditions d’écarts, Dol de Bretagne, 2011
Invitée en août 2007 au colloque de Cerisy sur l’Arménie : de l’abîme aux constructions d’identité, elle présenta une communication sur Martin Melkonian : une identité au carrefour d’elle-même.
Une voix venue du Japon l’émut et la porta vers la traduction, via l’anglais, avec Michèle Duclos, de :
Shizue Ogawa Une Âme qui joue, Choix de poèmes, éditions de la MIPAH, Bruxelles, 2010 et 2011
Avec le Retour de la Beat Generation, parut :
-Les Écrivains beats et le voyage, éditions d’écarts, Dol de Bretagne, 2011
En 2013, participation au Colloque de Tanger à Marseille, organisé par le centre international de poésie Marseille.
Le coffret What’s Up Femmes poètes de la Beat Generation de Jean-Marc Montera, radio France, 2013, inclut en livret bilingue l’article Les femmes de la Beat Generation et la poésie, portrait d’un groupe qui n’en est pas un, paru dans Le Journal des Poètes en 2004 et dans Action poétique 200 en 2010.
Prix Horace 2012 de traduction en poésie décerné par le Cénacle européen de poésie, arts, littérature

http://keith-barnes.com
Bibliographie

– Les Écrivains beats et le voyage, Marcel Didier, 1977
– Chronologie des écrivains beats jusqu’en 1969, Marcel Didier, 1977
– K.B., Maurice Nadeau, 1987
– Les Bougons, La Bartavelle, 2002
– Keith Barnes Œuvre poétique Collected Poems, ouverture de Maurice Nadeau, éditions d’écarts, Paris, 2003
– K.B. Keith Barnes, traduction anglaise par Helen McPhail, éditions d’écarts, Dol de Bretagne, 2007
̶in Arménie : de l’abîme aux constructions d’identité, Actes du Colloque de Cerisy-la-Salle du 22 au 29 août 2007, sous la direction de Denis Donikian et Georges Festa, Martin Melkonian : une identité au carrefour d’elle-même, L’Harmattan, 2009
– Shizue Ogawa Une Âme qui joue, Choix de poèmes traduits de l’anglais avec Michèle Duclos, éditions de la MIPAH, Bruxelles, 2010 et 2011 - Prix international de poésie Antonio Viccaro 2011
– Keith Barnes The Waters Will Sway / Die Wasser Werden Schaukeln, Selected Poems /Ausgewählte Gedichte, Translation from the English/aus dem Englischen by/von Ulrich Zieger, éditions d’écarts, Dol de Bretagne, 2011
– Les Écrivains de la Beat Generation, éditions d’écarts, Dol de Bretagne, 2011
Livret bilingue de What’s Up Femmes poètes de la Beat Generation, coffret de Jean-Marc Montera, radio France, 2013

Extraits

Les femmes de la Beat Generation et la poésie – Portrait d’un groupe qui n’en est pas un Elise Cowen, Diane di Prima, Joyce Jonhson, Hettie Jones, Lenore Kandel, Eileen Kaufman, Joanne Kyger, Joanna McClure, Nancy Peters, Janine Pommy Vega, Anne Waldman, Helen Weaver et les autres…
« L’importance littéraire du mouvement beat n’est peut-être pas aussi évidente que son importance sociologique » disait Burroughs. En va-t-il de même des femmes que l’on peut qualifier de beat parce qu’elles avaient la même philosophie de la vie, ont vécu et écrit selon les cas plus ou moins silencieusement près des écrivains de la Beat Generation, ou après eux, s’imposant alors de leur propre voix, de manière tout à fait audible ? Elles furent nombreuses à écrire, des poèmes surtout mais aussi des romans – Joyce Johnson -, des contes pour enfants – Hettie Jones -, plusieurs livres autobiographiques : Diane di Prima, ses célèbres et alors scandaleux Memoirs of a Beatnik (1969) puis Recollections of My Life as a Woman (1990), Janine Pommy Vega, Joyce Johnson : Minor Characters (1983), Hettie Jones, le récit de son mariage avec LeRoi Jones ainsi que ses souvenirs de la vie beat dans les années 50 et 60 : How I Became Hettie Jones (1990), Carolyn Cassady, la minutieuse et perceptive évolution de sa relation avec Neal Cassady et ses amitiés avec Kerouac et Ginsberg : Off the Road (1990), Helen Weaver : The Awakener, A Memoir of Kerouac and the Fifties (2009), à nouveau Joyce Johnson : The Voice Is All : The Lonely Victory of Jack Kerouac (2012). Ces récits et études ont tous été très bien accueillis.
Les hommes de la Beat Generation, poètes et prosateurs, appartenaient essentiellement aux années 50 et 60 même si leur influence était encore forte dans les années 70 et, pour ce qui concerne les années 50, il serait difficile de nier qu’y régnait une réelle misogynie, même si ce terme doit être un peu nuancé. ‘Il fallait tout leur donner’ rappelle Carolyn Cassady et pourtant quand, à Los Gatos, Neal Cassady, Kerouac qui en aimait le refuge, Ginsberg et elle se retrouvaient, elle n’avait pas le sentiment d’être exclue. Au contraire, les conversations l’englobaient, son avis était sollicité, l’esprit d’amitié et de camaraderie valait autant pour elle que pour eux. Ce qui n’empêchait pas Kerouac de monter invariablement travailler seul ‘au grenier’, dans la chambre qui lui était réservée…Leurs préoccupations étaient essentiellement leur pays, leur identité, se transformer, les rencontres multiples, la réalisation de leur œuvre. La maison était un concept, une utopie, à construire, au sens figuré d’abord, au sens propre quand ils commencèrent à prendre un peu d’âge, pour ceux qui en prirent. S’ils allaient vers leurs amies et femmes, c’était plutôt pour y chercher un hébergement temporaire. Quand union ou mariage il y avait, l’issue en était le plus souvent une séparation ou un divorce. Les retours multiples ne manquaient d’ailleurs pas, en particulier pour Kerouac, dont les seuls vrais ports d’attache demeurèrent, où qu’ils se trouvent, la maison et le giron de sa mère. Il refusa même obstinément de reconnaître Jan, la fille qu’il avait eue avec Joan Haverty, sa seconde femme, en 1951, et qui lui ressemblait si évidemment…
Le récit du mariage de Hettie Jones avec LeRoi Jones, devenu Amiri Baraka en 1965, au moment où, malgré le Civil Rights Act de 1964, la dé-ségrégation était en passe de devenir séparation, est en ce sens indicatif. LeRoi Jones, à qui il ne pouvait pourtant pas être reproché de ne pas aimer ses enfants, ne tenait pas en place. Entre bars, écoute du jazz, lectures de poèmes, enseignement, amitiés multiples et l’écriture, il finit par ne plus guère manifester d’intérêt pour la marche quotidienne de sa maison d’alors, en particulier pour apporter son écot. Hettie Jones aimait se trouver ‘à la maison’, où elle avait rapidement pris conscience qu’il lui fallait absolument sa table à elle et son espace de travail. De plus, LeRoi Jones l’aimait aussi, même surtout, en tant que créatrice. Son silence et son manque de confiance en sa propre écriture pesaient à l’un et à l’autre. « Je t’aime/ et tu te caches/dans l’ombre » écrivait-il. Après sept ans d’une relation pourtant belle, chaleureuse, créative – et mouvementée, LeRoi Jones ne se fixa vraiment qu’en tant qu’Amiri Baraka, à Newark, ville dont il était originaire. Au fond d’elle-même, Hettie Jones savait pourtant qu’en son temps et son heure, elle aussi allait arriver à se faire entendre sur un ton qui pouvait ressembler à celui de Billie Holiday, avec des mots dont la mélodie serait aussi émouvante que celle de Miles Davis. Un jour ses poèmes n’auraient rien à envier à ceux de William Carlos Williams ou de e.e. cummings.

Lieu de vie

Île-de-France, 91 - Essonne

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques