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Les écrivains / adhérents

Jadd Hilal

Roman
photo Jadd Hilal

D’origine libano-palestinienne, Jadd Hilal est né en 1987 dans les environs de Genève. Il a suivi des études de lettres et de littérature anglophone en France, puis a vécu en Ecosse et en Suisse. Il réside aujourd’hui à Lyon, où il est professeur de lettres, chercheur et chroniqueur pour Radio Nova Lyon.


Thèmes abordés :
Exil, condition féminine, migration, guerre, identité.

http://www.jaddhilal.com
Bibliographie

Des ailes au loin, Elyzad, 2018 (roman)
Lauréat du Grand prix du roman métis 2018, finaliste du prix de la littérature arabe de l’Institut du monde arabe, du prix Senghor du premier roman, du prix du roman métis des lycéens, du prix du jeune romancier et du prix Hors concours.
Une baignoire dans le désert, Elyzad, 2020
Lauréat du Prix littéraire des lycéens, apprentis et stagiaires de la formation professionnelle de la région île-de-Francen 2022, pour les Yvelines
Le Caprice de vivre, Elyzad, 2023

Extraits

Des ailes au loin, Elyzad, 2018

Extrait 1 :
Le bateau se rapprocha progressivement du colosse que j’espérais. Le ferry gigantesque, blanc et étincelant, emplit l’horizon au point de le boucher. Je retrouvai cette grandeur ostentatoire à l’intérieur, dans la salle centrale, où dès mes premiers pas, je fus éblouie par le parquet lumineux, par les assiettes en porcelaine où des homards rutilants reposaient, sur le bar du restaurant ; par les fauteuils en cuir rouge capi- tonnés et bordés d’une armature dorée. Dans le cœur sucré de cette gue de barbarie, nous étions totalement sourds à la férocité d’hommes-épines qui, tout autour de nous, s’entre-déchiraient.
Parmi les passagers, trois musiciens avaient improvisé un groupe où darbouka*, oud* et mijwiz* tonitruaient des notes dont l’écho se mêlait à celui des applaudissements. À côté de nous, une femme en costume trois pièces ôta ses chaussures, les jeta derrière elle et s’élança vers le trio dont les membres l’accueillirent d’un hochement de tête entendu. La musique baissa lentement jusqu’à s’arrêter. La femme se plaça au centre du groupe, prit une grande respiration puis clama dans un silence complet et avec une clarté et une puissance saisissantes les premiers mots d’Al Bosta de Fairuz.
Quasiment dans la seconde, tous les pas- sagers, Ema et mon père y compris, crièrent, applaudirent et piétinèrent le parquet en rythme. La chanteuse eut un mouvement de recul mais ne s’interrompit pas. Les battements de pieds se multiplièrent, le sol commença à trembler, les cris devinrent des hurlements. Les musiciens se regardèrent avec un rire nerveux. Un passager brisa une vitre, un autre éclata des bouteilles du bar au sol. Je pris Majid dans mes bras. Une voix menaça d’immobiliser le bateau, la sirène d’alarme retentit, les extincteurs à eau du plafond se déclenchèrent. Le volume ne changea pas d’un décibel, ni celui du groupe, ni celui des passagers. C’était trop tard, les valves étaient ouvertes. Fairuz avait libéré l’océan, l’océan que le Liban avait contenu en lui trop longtemps. Ses décès, ses assassinats, ses peurs, ses angoisses, tout cela avait jailli dans un torrent impitoyable et salvateur qui lavait tout par le chant et la fête.
C’était comme cela et comme cela seulement que l’on oubliait au Liban.

Extrait 2 :
C’était le printemps. J’étais assise sur l’herbe d’un parc à Ferney-Voltaire, à côté de Lila. Il était tard.
— Tu viens ?
Une amie lui tendait la main. Lila la saisit, se leva et s’élança avec elle pour rejoindre d’autres enfants qui jouaient un peu plus loin.
Les enfants, le ciel, j’ai repensé à Ahava. J’ai repensé à ces moments où nous courions côte à côte. À ces moments où plus rien ne comptait. Où nous étions encore protégées par le ciel palestinien, par ce ciel où les étoiles vivaient, où les étoiles ambaient. Ce ciel où nous volions, immergées dans le cosmos et filant parmi les astres qui se retournaient à notre passage.
Au loin, Lila m’a fait un signe. Elle voulait que je la regarde. Elle allait faire la course avec son amie. Lila a couru si vite qu’elle a eu l’air de décoller. Sur la ligne d’arrivée, elle a tourné la tête vers moi. Je lui ai souri. Un sourire sans crainte, sans peur. Un sourire volontaire, un sourire vrai.
Un sourire d’enfant.

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