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Les écrivains / adhérents

Jean-Durosier Desrivières

Poésie / Essais / Théâtre
photo Jean-Durosier Desrivières

Né en 1972 à Port-au-Prince, Haïti, Jean-Durosier DESRIVIÈRES est un artiste aux « pieds poudrés » qui traîne son corps et son esprit dans les ailleurs… Ecrivain, critique et homme de scène, on le retrouve depuis son retour raté au pays natal (août 2009 – janvier 2010), de lieu en lieu, talonnant les mots : invité en Tchéquie comme poète-dramaturge, résident à La Maison des auteurs à Limoges, puis à la Maison de la Poésie Rhône-Alpes à Grenoble. Il publie des textes théoriques et littéraires sur divers sites web, dans maints journaux, revues et magazines, notamment Conjonction, Bacchanales et Riveneuve Continents. Il a aussi enseigné les lettres pendant onze ans. Sa pièce, Paroles en crue, finaliste au 4ème concours d’Etc_Caraïbe / Beaumarchais (2009), a été lue, entre autres, au théâtre du Rond-Point à Paris, par François Marthouret et Jacques Martial (2010). Diplômé ès lettres de l’ENS d’Haïti, en littérature francophone et comparée de l’Université des Antilles et de la Guyane, en études théâtrales à l’université Lumière Lyon 2, il a animé des ateliers de théâtre éducatif et d’écriture, des émissions de poésie, de musique et de littérature à la radio et à la télévision, tant en Haïti qu’en France. Coauteur du Dictionnaire des écrivains francophones classiques (Champion, 2010), ce passeur de poésie écrit et publie en français et en créole. Bouts de ville à vendre, poésie d’urgence (Caractères, 2010) et Lang nou souse nan sous – Notre langue se ressource aux sources (Caractères, 2011), confirment la relative filiation de sa poésie avec le Surréalisme tel qu’il a traversé le paysage culturel haïtien de 1940 à nos jours. La discontinuité est sa deuxième pièce écrite au cours de l’année 2011. En résidence d’artiste à Anis GRAS en 2012, il compose Magdala et Marques déposées, portant sur les « débordements de l’eau », pour la Compagnie de la Gare, dans le cadre du Festival de l’Oh.

Thèmes
Derrière le vers : visages à la criée, pubis des êtres humains ; géographe des trottoirs, Desrivières montre un chemin, le long des caniveaux. Son quatrain, solitude effrayante, irrémédiablement seul, atomisé, le regard qui sépare le poète et l’exile. Comme les atomes crochus d’Épicure se rassemblent, pour unifier l’univers, le chant de Desrivières rassemble dans le rythme les figures de la misère pour faire apparaître une vie. Réunification qui finirait par faire sens, mais qui finalement ne le fait pas. Le « dieu misère » règne toujours, « Aux pieds des héros / surabondent vagabonds et larrons ». (Mehdi Etienne Chalmers, Lettre de Caractères)
Le corps-écrivant bilingue s’adosse ainsi aux langues qui l’habitent pour véritablement travailler la fiction de la langue qu’il réinvente, à sa manière et à contre-courant d’une certaine poésie produite ces trente dernières années par plusieurs créolistes qui, paraphrasant proverbes et comptines, folklorisent et la langue créole et la fiction en langue créole. Car Jean Durosier Desrivières réinvente ses langues dans un corps-à-corps laborieux et ludique avec le créole et le français : il œuvre et fait œuvre d’art, pour mieux habiter la vie. (Robert Berrouët-Oriol, « Le goût mutant de la langue »)
Son écriture théâtrale est marquée par la relation avec la vie, la mort et l’autre ; la volonté de vivre et les solidarités citoyennes possibles traversent ses deux pièces de théâtre.

http://www.potomitan.info/ayiti/desrivieres/index.php
Bibliographie

Poésie
– Lang nou souse nan sous – Notre langue se ressource aux sources. Illustrations de Valérie John. Edition bilingue, Paris, Caractères, novembre 2011
– Bouts de ville à vendre, Poésie d’urgence. Linotypes de Gerald Bloncourt. Editions Caractères, Paris, 2010
– « D’après ce qu’île dit », in Bacchanales : « Ce qu’île dit », revue de création de la Maison de la poésie Rhône-Alpes, N° 46 – octobre 2010.
– « Aimé Césaire, papa ! » in Bacchanales – « Enfansillage », N° 44 – octobre 2009.
– « Tragiques » (suite de poèmes extraits de Scriptease, composition inédite) in Alizés, Revue antillaise et guyanaise, juillet-août-sept. 2008.
– « Dissertation », in Orphéus, Numéro 3, Revue internationale de poésie, Editions La TILV, France, 2001.

Théâtre
– Magdala / Marques déposées, Editions de la Gare, Vitry-sur-Seine, 2012. Les Petites Comédies de l’Eau, créées par la Compagnie de la Gare, dans le cadre du Festival de l’Oh, à Paris, mai 2012.
– La discontinuité, drame écrit au cours de l’année 2011, lu pour la première fois, par l'auteur et Hélène Liber, à Anis Gras, Arcueil (région Île-de-France), janvier 2012.
– Paroles en crue, nominé au 4ème Concours d’Etc_Caraïbe / Beaumarchais (2009), lu au Théâtre du Rond-Point à Paris, par François Marthouret et Jacques Martial.

Articles et préface
– « Mot-dit, Haïti : une piste des failles », in Riveneuve Continents : « Haïti, le désastre et les rêves » (Revue des littératures de langue française), Paris, Riveneuve éditions, Numéro 13. Printemps 2011.
– « Un langage à double canon pour une traversée à fleur de sens et de sang ou le cas Castera », in Ecrits d’Haïti, Perspectives sur la littérature haïtienne contemporaine (1986-2006) de Nadève Ménard, éditions Karthala, 2011.
– Dictionnaire des écrivains francophones classiques (co-auteur), éditions Honoré Champion, Paris, 2010.
– « Îles : mots à épeler, morts à appeler… » (préface), in Bacchanales : « Ce qu’île dit », revue de création de la Maison de la poésie Rhône-Alpes, N° 46 – octobre 2010.
– « Sens de cette scène, obscène et bienheureuse » (préface), in Le trou du souffleur de Georges Castera, éditions Caractères, Paris, 2006. Prix Carbet 2006.
– « Soulever le voile du silence », une lecture de Rosalie l’infâme d’Evelyne Trouillot, in Conjonction (revue franco-haïtienne), Port-au-Prince, 2005, N°211.
– « Critiquer et dépasser l'histoire de la littérature haïtienne de R. Berrou et de P. Pompilus », note de lecture, in Conjonction (revue franco-haïtienne), Port-au-Prince, 2003, N° 209.

Extraits

La jeune fille, assise sur un seau vide, inversé, contemple le ciel, au loin… Le garçon, à quelques pas d’elle, un seau vide à ses pieds, fait des gestes enfantins, tantôt avec ses mains, tantôt avec sa tête et son visage : il n’a pas l’air à l’aise avec son corps ; son regard paraît à la fois fuyant et intériorisé. Au bout de son moment de contemplation, elle s’adresse au garçon sans se retourner vers lui, continuant à regarder au loin…

La jeune fille : Regarde petit frère. Il a la forme d’un cheval celui-là. On dirait qu’il trotte pour aller retrouver le troupeau qui commence à se réunir au-dessus de la montagne déboisée là-bas. Tu vois ? Il commence à se transformer au fur et à mesure en un vrai troupeau tout noir là-bas… Tu t’imagines : il faisait tout beau tout à l’heure, et maintenant plus de soleil… Le troupeau dissimule tous les rayons.
Le garçon : Ce sont des monstres.
La jeune fille : Ils te font peur ?
Le garçon : Moi, non ! Mais ce sont des monstres.
La jeune fille : Ce sont de simples nuages qui en font à leur tête… (Pause) Regarde un petit groupe de l’autre côté… On dirait des anges… Ils se dirigent tous vers le troupeau…
Le garçon : Ce sont des monstres, ce ne sont pas des anges.
La jeune fille : Tu vois des monstres partout, toi !
Le garçon : En tout cas, ce n’est pas un troupeau… (Pause) C’est comme un gros ballon tout noir qui se gonfle d’eau bien sale et qui va s’éclater, et qui va nous embêter comme à chaque fois…

Magdala ou Les débordements, Version bilingue, Ed. de la Gare, Vitry-sur-Seine, 2012, p. 15-19.

Lieu de vie

Martinique, 972 - Martinique

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Résidences