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Les écrivains / adhérents

Jean Gabriel Cosculluela

Poésie / Récits / Traduction
photo Jean Gabriel Cosculluela

Né en 1951 à Rieux-Minervois (Aude). Origines aragonaises (Pyrénées espagnoles). Vit en Haute-Ardèche, après avoir vécu plus de quinze ans à Montpellier et dans les Cévennes. Conservateur des bibliothèques. Écrivain, traducteur de l’espagnol, éditeur (directeur de la collection Lettre Suit, maintenant aux éditions Jacques Brémond, après une co-édition Atelier des Grames-Brémond) ). Co-dirige la collextion Espaces de peu aux éditions Atelier des Grames. Prépare l’édition d’inédits de Joë Bousquet aux éditions Atelier du Gué, Le Temps qu ‘il fait et aux éd. Voix d’Encre.
Commissaire d'expositions.
Livres courants ou livres d’artistes avec : Jean-Gilles Badaire, Guy Calamusa, Michèle Clancy, Jacques Clerc, Anne Deguelle, Claire Dumonteil, Jean-Louis Fauthoux, Joël Frémiot, Luce Guilbaud, Anne-Laure Héritier Blanc, Christian Jaccard, Martine Lafon, Joël Leick, Catherine Liégeois, Djamel Meskache, Jean-Luc Meyssonnier, Serge Plagnol, Albert Ràfols-Casamada, Fabrice Rebeyrolle, Jacqueline Salmon, Anne Slacik.,Christian Sorg, Émile-Bernard Souchière, Thémis S/V, Gérard Truilhé, Anik Vinay, Youl.

Photo : J. Salmon

Bibliographie

Livres (éditions courantes, éditions de livres singuliers)
– L’Affouillé (éd. Jacques Brémond, 1980) avec des encres de Luce Guilbaud
– Memoria de una excavacion: entretiens avec Bernard Derrieu (éd.Sculpt-Script, 1982)
– La Main de Julien, récit (éd. Atelier des Grames, 1986)
– L’Eau (éd. Atelier des Grames, 1989) avec des papiers d’Anik Vinay et Emile-Bernard Souchière
– Le Lointain est bleu (éd. Comp’act, 1994 ) avec une adresse au lecteur de Roger Munier et des dessins de Claire Dumonteil
– Vers le regard (éd. L’Art et la Manière, 1994) avec des dessins de Martine Lafon
– Terre et bleu (éd. Tarabuste, 1995) avec des dessins de Djamel Meskache
– Terreta (éd. Atelier des Grames, 1999) avec une mise en objet d’Emile-Bernard Souchière
– Sur le sol sec de la figure (éd. Post-Rodo, 1999) avec des gravures de Marine Lafon
– là-bas là-bas (éd. à Demeure, 2000) avec des monotypes d’Anne Slacik
– Noir lumière (Atelier Fauthoux, 2000) avec des papiers de Jean-Louis Fauthoux
– Feu dehors nuit noire (Atelier Fauthoux, 2000) avec des papiers de Jean-Louis Fauthoux
– Dehors n’est pas déshabité (éd. L’Amourier, 2000) avec des gravures de Serge Plagnol
– L’Odeur de brûler l’oubli (éd. Zéro l’infini, 2000) avec des peintures et photographies de Joël Leick
– Terre d’ombre (éd. Voix d’encre, 2001) avec une préface de Bernard Noël et des monotypes d’Anne Slacik
– Le Moins que l’on puisse dire (éd. La Porte, 2002) avec un dessin de l’auteur
– Âpre aveuglement (éd. La Porte, 2002) avec un dessin de Claire Dumonteil
– La Terre cette couleur (éd. du Hanneton, 2002) avec une gravure d’Anne Slacik
– D’un retrait, un (éd. Atelier des Grames, 2003) avec une gravure d’Anik Vinay, bilingue français-espagnol (traduction de José Luis Reina Palazon)
– Buée (éd. Jacques Brémond, 2003) avec des encres de Joël Frémiot
– Non sans (éd. Filigranes, 2003) avec une photographie de Jacqueline Salmon
– L’Envers de l’eau (éd. Fata Morgana, 2005) avec des photographies de Jacqueline Salmon
– Stèle du seul encore (éd. La Sétérée, 2005) avec des gravures de Jacques Clerc
– Une prière nue, d’emblée (Éd. Atelier des Grames, 2005) avec une mise en livre et des gravures d’Anik Vinay
– Rien de trop (Atelier Youl, 2006) avec des peintures de Youl
– Plus bas que terre (Atelier Youl, 2006) avec des peintures de Youl
– Le Livre le livre (éd. Jean-Pierre Huguet, 2008) avec des lithos-offset de Michel Duport, sur l'espace du livre
– Vallée (éd. Atelier des Grames, 2008) avec une une gravure et mise en livre d’Anik Vinay
– Je serai ton silence (éd. Propos 2, 2008) avec des dessins de Jean-Gilles Badaire
– Basso ostinato (éd. Mains-Soleil, 2008-2009) avec des peintures de Fabrice Rebeyrolle
– Faire la lumière (éd. Atelier des Grames, 2009) avec des dessins de Thémis S / V
– Tourner la page (éd. Atelier des Grames, 2009) avec une gravure de l’auteur
– La Lumière d’un peu (éd. Livre pauvre / Daniel Leuwers, 2009) avec une peinture de Jean-Gilles Badaire
– Un mot, mendiant (éd. Atelier des Grames, 2009) dans une mise à livre d’Anik Vinay
– Un mot, mendiant (éd. Jacques Brémond, 2009) dans une mise en espace de Jacques Brémond
– Rouge passé lequel (éd. Méridianes / Pierre Manuel, 2009 / 2010) avec des peintures de Martine Lafon
– Carnet d’A. in A port de temps (éd. Atelier des Grames, 2009) en collaboration avec d'autres auteurs et dans une mise à livre d’Anik Vinay
– Noirs dans la neige (éd. Cahiers du Museur / A côté, 2010) avec une peinture de Fabrice Rebeyrolle
– Musica callada (éd. Livre pauvre / Daniel Leuwers, 2010) avec une peinture de Jean-Gilles Badaire
– D’un retrait, deux (éd.Atelier des Grames, 2010) avec une une gravure et mise en livre d’Anik Vinay, bilingue, français-espagnol (traduction de José Luis Reina Palazon)
– Nuidité du feu (éd. Jean-Pierre Huguet, 2010) avec des combustions de Christian Jaccard
– Partir, d'où, torrent (éd. Le Cadran ligné, 2010)
– Sable, sable / Arena, arena (Atelier Catherine Liégeois, 2011) avec des travaux de Catherine Liégeois, bilingue français-espagnol (traduction de Elisa Luengo Albuquerque)
– Le Pays d'en haut, avec des photographies de Jean-Luc Meyssonnier (éd. du Chassel, 2011) en collaboration livre bilingue français-anglais (traductions de Delia Morris)
– Une Conversation (éd. Trames, 2011), avec des gravures de Gérard Truilhé

Les textes en revues
Textes dans de nombreuses revues depuis 1970, en France Actuels, L’Affiche, Aires, Anima, Arpa, Banana Split, Le Bout des Bordes, Les Cahiers de la Vierge Noire, Le Cahier du Refuge, Chimères, Contrepoints, Entailles, L’Etrangère, Europe, La Fabrique, Faire Part, Friches, Impressions du Sud, L’Instant d’après, Jalouse Pratique, Jungle, La Main de Singe, N4728, Noire et Blanche, Notes (sur Internet), Le Nouveau Recueil, Nunc, Passages d’Encre, Pictura Edelweiss, Poésie 92, 94 & 95, Propos de Campagne, Recueil, Résonance, Scherzo, Sotto Voce, Sous Aucun Prétexte, Terriers, Textuerre, Thauma, Triages, Tribu , Voix d’encre et en Belgique , L'Arbre à paroles, Filigranes, Le Journal des Poètes, Revue et Corrigée, Vérités, La Vigie des Minuits Polaires , en Espagne, Alora, Cuadernos de Filologia Francesa, Espacio/Espaço Escrito, , La Ortiga, Paradiso, Rosa Cubica, El Signo del Gorrion, Syntaxis., Zurgaï... en Italie, Offerta Speciale..

Les lectures publiques
Nombreuses lectures publiques ou conférences de 1980 à 2012

Les traductions
Traductions de livres d'Alfonso Alegre Heitzmann, Angel Campos Pampano, Miguel Casado, José Luis Jover, Albert Ràfols-Casamada

Commissaire d'expositions
– en 1988 pour la BDP de l'Ardèche: « Eloge du papier » avec des manuscrits inédits d'une trentaine d'écrivains dont Michel Butor, Charles Juliet, Bernard Noël.... , les peintres Monique Frydman et Jan Voss, les photographes William Betsch et John Batho
– depuis 2000, pour le Groupe d'Art Contemporain d'Annonay: les peintres ou sculpteurs Anne Slacik, Janos Ber, Jacques Clerc, Christian Jaccard , Fabrice Rebeyrolle, Jan Voss, les photographes Brigitte Palaggi, Jacqueline Salmon et Francis Helgorsky...

Extraits

Faire la lumière

Il reste de longues heures sur le talus à faire la lumière sur ce qui s’est passé. Dans un silence inouï. Il regarde le silence . Le talus est déjà affouillé sur les bords du lac.

Aucun des mots qu’il écrit ne tient en place. Il écrit depuis là où il est pour aller vers là où il n’est pas. Il n’y a pas d’envers ni d’endroit : la vie s’écrit avec la mort, et la mort avec la vie. La mémoire vit et meurt avec l’oubli. Il écrit pour trouver son absence et un peu de lumière.

Il est d’un lieu terreux où l’eau est venue lente, mendiante, recouvrir la terre, les chemins, les maisons, sa maison. Où l’eau est venue sans adieu.

Il n’est de nulle part lorsqu’il écrit.

Il se souvient maintenant de la dernière promenade qu’il fit avant la venue de l’eau, de la dernière conversation. Enfant.
Les visages restent vifs. La porte de la maison reste entrebâillée.
Il prend son visage de terre dans ses mains, où restent des lettres. Son visage s’efface dans l’eau des fleurs (1), l’eau des larmes.

La terre ne lui paraît exister que dans ses fragments, dans son sable, où le vide – le sentiment de vide - se serre avant l’absence.

Chaque grain de sable apporté par l’eau, mêlé à l’eau, mêlé à la terre, au silence lui paraît s’écouler lentement. Le temps erre. C’est la nuit, la lumière avec la nudité.
Il lui reste des mots de cette terre : ni brenca ni meya , nadar. Il ne sait plus. Peu importe, il nage avec ces mots. Il nage, en apnée dans le temps. Et le vide déborde.

Sur les bords du lac et dans l’eau, il y a le sable, et dans le sable, il y a des mots, au fond il n’y a rien, il nage. Les mots ne sont jamais entiers. Il ne sait plus. Le sable s’écoule et ne retient que les premières lettres des mots.

Entre ses mains, maintenant, il prend le sable. Il s’écoule, avec le temps. Plus bas, il creuse le sable écoulé et l’eau. Il écrit l’eau sous l’eau. Il écrit la terre sous la terre. Il écrit le silence sous le silence. Il creuse toujours plus profondément, il nage. En apnée. Et c’est l’épreuve de la nudité avec la lumière, même s’il ne sait pas toujours que c’est la nuit. Le tréfonds s’absente encore. Le vide. Il ne sait pas jusqu’où va l’eau, jusqu’où va la terre, jusqu’au va le silence.
Par les mots, dont il ne retient que les premières lettres, il revient à ce lieu abandonné, il reconnaît la terre, les maisons, sa maison, dans l’eau, il reconnaît l’aire à battre le silence autant que le blé, le sable ne se bat plus qu’avec le silence, les grains de sable se mêlent aux grains de blé et de silence.

Le village est affouillé dans la nuit de l’eau et de la terre. Dans le silence.
Le sable.

Où partir hors ce pays des morts où les mots ne reviennent qu’avec leurs premières lettres ? Où ? Le mot où vient à peine de commencer. Comme le mot sable. Il glisse entre les mains.

C’est un mot, où, c’est un mot, sable, pour trouver son absence, glissant entre la terre cette couleur et la douleur d’aller chercher l’eau sous l’eau, la terre sous la terre, le silence sous le silence quand il n’a que les premières lettres.
C’est un récit insupportable qu’il écrit pour intercepter, entrevoir quelques instants la lumière. Et faire la lumière.

Il se souvient maintenant de la dernière promenade qu’il fit ici avant la venue de l’eau, de la dernière conversation. Enfant.
Devant sa maison, affouillée, il y a la marelle, il n’y a pas de paradis, il n’y a pas d’enfer. Il y a eau. Il y a terre. Il y a sable. Il y a silence. Il y a où. Où sauter dans la lumière ?

Il y a maintenant un enfant dans cette marelle de premières lettres qui s’effacent presque.

Eau.
Terre.
Sable.
Silence.
Où.

Il chante.
A la terre seule, oh à la
terre seule je confie
ce qui m’est arrivé
nulle part sur terre ne trouverai
quelqu’un à qui le raconter (2)

Sous l’eau, sous la terre, sous le sable, sous le silence, avec le sable, la nuit est cristalline. Ne serait-ce que ce chant profond, esseulé. Pour faire la lumière avec l’absence et le vide.

Jean Gabriel Cosculluela
© jgcosculluela, 2008
© éditions Atelier des Grames, 2009

(1) Jean-Michel Reynard
(2) cante jondo

Lieu de vie

Auvergne-Rhône-Alpes, 07 - Ardèche

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire