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Les écrivains / adhérents

John Baude

Poésie / Roman / Nouvelle / Essais

Né en 1964. Vit à Châlons-en-Champagne.
A publié un roman, des nouvelles et des poèmes.

Bibliographie

Roman
J’étais une île, éditions Jean-Paul Bayol, 2008
www.editions-bayol.com/pages/publications.php#ile

Nouvelles
– "Derrière la colline", revue Europe, n°935, mars 2007
www.europe-revue.info/2007/nervalsomm.htm
– "Nage et boxe !", Nouvelle Revue Française, n°579, octobre 2006
www.centenaire-nrf.fr/sommaires/A78185.pdf collection=105550000
– "Leçon d’égalité", revue Europe, n°892-893, août septembre 2003
www.europe-revue.info/2003/bachmannsommaire.htm
– "Vers l'exil", revue Europe, n°852, avril 2000
www.europe-revue.info/2000/espagnesommaire.htm

Poésie
– "Immobile été", revue Autre Sud, n°20, mars 2003
autre.sud.free.fr/revue/Bienvenue.html
revue ARPA, n°79, février 2003
"Rivages", revue ARPA, n°73-74, février 2001

Critique littéraire sur l'œuvre de Jean Giono
– "De quelqu'un à quiconque", Revue Poétique de l’École Normale Supérieure, n°132, novembre 2002
– "Le plateau, un avant-pays de Jean Giono", Le Bulletin de l’Association des Amis de Jean Giono, n°57, été 2002

Extraits

Extraits du roman J’étais une île

- « Bonjour »
Matteo lève le nez des cordages et, avant même de répondre
- « Vous allez à Bronda ?
- Oui…
- J’ai vu l’immatriculation de votre bateau, alors je me suis doutée… Nous, elle désigne du menton le petit voilier où les passagers, du creux des chaises longues, guettent les gestes de la conversation, on a eu un petit problème mécanique, on ne peut pas sortir du port. Vous pouvez nous emmener ? »
Sur le quai, des yeux clairs un brin moqueurs tiennent en l’air le point d’interrogation. Dessous un pantalon noir, coupé à mi-cuisse, et un maillot un peu étriqué avec une inscription que Matteo ne comprend pas. Il ne propose pas de réparer, il ne demande pas d’explications, il ne croit pas à l’avarie et glisse un sourire complice à Antonio, histoire de montrer qu’il n’est pas dupe. Encore des frimeurs, des m’as-tu-vu qui savent pas naviguer. Un voilier de plus pour bronzette. Faut dire qu’elle a de quoi montrer.
« - Vous êtes combien ?
- Quatre. Mais nous n’avons pas de gros bagages, simplement quelques sacs. On veut juste passer deux trois jours sur l’île. Et mettant les mains dans les poches arrière de son pantalon coupé, c’est d’accord ? »
Les bras écartés derrière le dos tirent le maillot, gonflent la poitrine, sous la proue se dessine un nombril en hameçon. Au-dessus de la noirceur du pantalon, un petit croissant de lune. Dans les yeux brille une insistance.
« - Allez prévenir vos amis, dépêchez-vous, nous levons l’ancre dans dix minutes.
- Merci, c’est sympa », dit-elle et elle fait demi-tour, dodeline des hanches au rythme du clac-clac de ses sandalettes de plage.
« - Elle a de l’aplomb, hein ? »
Antonio acquiesce.


À présent, il lui faisait face, appuyé sur l’armoire. Il avait délaissé le rangement. Il ne disait rien. Elle sortit d’un sac le petit poste radio. Une pub pour le nouveau cabriolet Alizé diesel tout confort avec « un aérodynamisme à vous couper le souffle », une autre pub qu’elle essaya de ne pas entendre, une autre qui parlait séjour et hôtel de luxe bien étoilé, avec la piscine et les palmiers à coup sûr si on avait tendu l’oreille mais ce n’était pas le Blue Sun, Radio Rivages, un shampooing… naturel, et encore une autre, des mots des sons et des images qui se forment, enchaînement qui n’a ni début ni fin, renouvelable indistinct, ce temps des choses s’emparait de la bergerie quand, sans qu’on pût en distinguer l’amorce, de ce fouillis sonore est venu le rythme chaud de mains sur des cordes et des peaux, des menus battements, chuchotements de cymbales, le frissonnement d’un monde caché, écrasé de soleil, qui se redressait, agile, onduleux comme une belle plante, que la nuit tombante desserrant l’étreinte libérait, de plus en plus près. Sa respiration souple par le poumon de la petite boîte noire se faisait mieux entendre, elle invitait les sens à s’ouvrir, elle fleurissait d’effluves nocturnes, elle sentait la vanille et le café, elle était jazz et tropiques, elle appelait les corps, elle leur susurrait partout sur la peau, sous la mélodie, de céder à la vie, d’entrer dans la danse, dans le trouble de la nuit, et elle est entrée, elle, Vanessa, la nuque déjetée, cheveux flottant, abandonnant ses hanches aux syncopes du tempo, et elle a relevé le menton qui disait « sens comme c’est bon » et, le regard ivre, ses yeux ajoutaient « viens » et avant qu’elle ne tendît les mains il cassait son grand corps trop droit, au cou aux jambes aux hanches, peu à peu en branle, en rythme, à l’unisson, la joue soudain traversée d’un pli animal, une onde nerveuse de désir, la musique accélérant, Tonio affranchi de tout maintien, libre, ailleurs, son corps le précède, il longe Vanessa, lui seul dans le rythme, les gestes de Vanessa sur les siens… brusquement une trouée repoussant le rythme, une trompette, elle a dégarni la mélodie, vidé l’espace, et elle les suspend, Vanessa et lui, les retient dans un lent déchirement qui rampe contre les murs si rustres qu’ils ne peuvent comprendre, qui s’agrippe, qui jette encore sa hardiesse dans les hauteurs, les aigus, semble lâcher prise, dégringole titubant d’une note à l’autre, puis recommence, remonte, vers les vertiges, et Vanessa est contre moi, si belle, son corps le long du mien, je sens ta peau, ton odeur me grise et j’embrasse tes cheveux, j’y perds ma bouche, tes joues dans le creux de mes paumes où je veux boire, tes petites taches de rousseur clairsemées dans mes mains, oh Vanessa, toi aussi je le sais je le vois dans tes yeux, ton désir étincelle, nos regards se touchent, tes doigts me touchent, ils s’ingénient à faire sauter le premier bouton de mon jeans, Luisa ne faisait jamais ça ! un deuxième, que j’aime cette trompette qui se déchire, cette nuit qui se tord et exulte, un troisième et déjà je sens le frémissement de tes doigts sur le suivant, et ce sont mes étés perdus qui un à un se détachent et s’en vont, cette nuit les efface, c’est toi Vanessa, Va…

Lieu de vie

Grand Est, 51 - Marne

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres en milieu scolaire