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Les écrivains / adhérents

Monique Enckell

Roman / Jeunesse / Théâtre

Passionnée d’actualités ses pièces sont des faits divers imaginaires mais elle s’éloigne d’une expression disséminée qui parodie l’actualité. Elle essaie d’empoigner le monde présent et à venir dans sa dimension d’incertitude radicale. « Son avancée mortifère me traverse » disait Fassbinder. Elle la traverse aussi.
Elle aime le théâtre dans sa démesure tragi-comique.
La question esthétique et la question politique ne font qu’un. Ses pièces sont des histoires de vie et de mort, des contes oniriques, des songes nocturnes.
Pas de message. Peut-être un signal d’alarme.
Le texte dramatique, elle le veut créateur d’altérité, diffuseur d’énergie et d’étincelles de vie.
Son écriture est dépouillée, distillée. Elle se définit comme architecte dramatique.
Une question obsède Monique Enckell : comment écrire la maladie du monde et cependant donner des ailes aux spectateurs ?

Née le 9 novembre 1953, Monique Enckell a raconté son enfance dans un récit : Quand je serai grande, je serai étrangère (Seuil). Elle a vécu en Algérie (Groupe Théâtre/Tournées dans le Maghreb et en Afrique). Séjours évoqués dans : Madame l’Afrique (Seuil) et dans : Il pleut du sable sur Paris (Ed. Alain Gorius/Al Manar). En Mauritanie, elle a écrit Au Pays de Chinguetti (Caravanes/Phébus,2003) et des textes Collection Théâtre (L’Ecole des loisirs). Elle a exercé divers métiers : infirmière, enseignante, comédienne… Diplômée en littérature, elle a renoncé à poursuivre sa thèse de doctorat pour tenter l’aventure cinématographique. Elle a réalisé un court-métrage avec Rufus : Aller-retour et un long métrage : Si j’avais mille ans (Prix du scénario fantastique en 1982), deux films réunis dans un DVD Artus Films. Elle a écrit pour la radio des textes diffusés par France Culture (dont les très belles mises en ondes de Claude Roland-Manuel, Jean-Matthieu Zahnd…) Depuis une quinzaine d’années, elle poursuit son travail d’écriture dramatique. Ses textes sont édités (L’Avant-Scène Théâtre/Editions des Quatre-vents), ont été lus par Mathieu Genet et Audrey Bonnet et mis en scène (Julien Bal, Gabriel Garran, Marc Zammit, Ophélia Teillaud, Jean-Louis Jacopin, Abbès Zahmani). Son écriture dramatique est liée à cet - ailleurs - où elle a vécu.

Bibliographie

Romans, récits, théâtre
– Il pleut du sable sur Paris, roman, Ed Alain Gorius Al Manar, 2014
– Au pays de Chinguetti, Caravanes/Phébus, 2003
– Madame l'Afrique, Roman. Seuil, 2001
– Quand je serai grande, je serai étrangère, Roman. Seuil, 2000
– Heureux comme des rois, L'Avant-Scène Théâtre/Editions des Quatre-vents, 1996
– Dieu merci, on ne meurt qu'une fois, L'Avant-Scène Théâtre n° 934, 1993

Pour la jeunesse
– Il a dit, il n'a pas dit, L’Ecole des loisirs. Théâtre, 1998. Festival Bravo. Helsinki, 2012
– Vive la vie en vert et bleu ! : Editions La Fontaine, 2004
– Deux jambes, deux pieds, mon œil, Actes Sud-Papiers, 1997 - L’Ecole des loisirs, 2003
– 3 octaves ½, Théâtre à lire et à jouer, ouvrage collectif. Lansman, 2001
– Pêcheurs de lune, l’école des loisirs. Théâtre, 2000
– Le grand nénuphar d'Amazonie : L'Avant-Scène Théâtre n° 919, 1992

Théâtre
– Pas complétement noir, le gris a fait l'objet d’exposition (Delirium) Claudia Bernal Montréal, 2007. mise en scène : Julien Bal, 6b de saint Denis, octobre 2013
– Elle a sonné un soir à ma porte
– Métamorphose Business
– Raconte-moi ton histoire je te raconte mon histoire. Mise en voix Festival Mantsina, Brazzaville, Congo, 2013
– Au pays de chinguetti : mise en espace Gabriel Garran avec Audrey Bonnet
– Cité européenne des Récollets, 2006. Festival d’Avignon Théâtre des Halles, 2007
– Humain mais pas trop
– Kilométrage illimité
– La main qui flambe : avec Mathieu Genet, Salon du théâtre, 2005. L’Eté en Automne, 2006
– A mort l’amour ! mise en scène Ophélia Teillaud, Cergy Pontoise – Scène nationale, 2004
– Dans la gueule du loup/Hommage à Kateb Yacine : mise en ondes Jean-Matthieu Zahnd, 2003, diffusé par France Culture et nombreuses radios francophones
– L’Homo Europeanus, c’est moi : mise en scène Jean-Louis Jacopin, La Cartoucherie, 1997
– Heureux comme des rois : diffusion France Culture, 1992. Rencontres de la Cartoucherie, 1996
– La bête à deux têtes : mise en ondes Claude Roland-Manuel. Diffusion France Culture 1995
– Ne devient pas fou qui veut : Festival d’Alès, 1993
– Dieu merci, on ne meurt qu’une fois : diffusion France Culture. Mise en scène Abbès Zahmani, Festival d’Alès, 1993
– Combien faut-il de pauvres pour faire un riche ?

Cinéma
– Si j’avais mille ans : DVD (Artus Films. Le cinéma légendaire européen), 2010. Long-métrage. Perspectives du Cinéma Français. Cannes, 1983
Prix du scénario fantastique. Avoriaz, 1981. Prix de la meilleure photo. Madrid, 1984
– Aller-retour : Hommage à Jacques Tati. (Au catalogue de la Vidéothèque de Paris). Court-métrage avec Rufus (en supplément sur le DVD Artus Films).

Extraits

Extrait I

Apparence humaine
Un bourreau
Une tête qui ressemble à ma tête
Avoue ses crimes
Paroles prononcées
Recueillies gravées
Par les victimes
Il écrit son nom
Signe
À plat sur le papier
Mortel reflet
Son uniforme a rétréci au lavage
L’uniforme craque
Le libère
Qu’il crève
Le matin il le buvait le sang
Le soir est tombé
Prière du soir
Etincelle d’Esprit est venue à lui
Trop tard
Le voici
Il dit oui il dit non c’est selon
Il est réversible
Sec effiloché
Tout retourné
Il était si
Après avoir fait
Durant sa vie
Il a dit
J’aurais mieux fait de
Il secoue la tête sourit
Redevient un vieillard triste
Juste avant la fin
Il se rapprochait de l’humain
Il répète j’ai fait mon devoir
J’ai fait mon devoir
Je suis un homme ordinaire
Que ceux qui me croient me suivent
Seul son chien l’a suivi

Courage souffle le passant qui passe
Il y a toujours un passant qui passe
Homme ordinaire qui a fait son devoir
Lui aussi

C’est l’aboiement du chien
Qui m’a réveillé
Dans ma sueur moite

Le naufrage a été
Je suis naufragé
Aurais-je été bourreau

Apparence humaine
Un bourreau
Nie ses crimes
Prie nuitamment pour sa personne
Se conserve à grands frais
Pas le moindre mal d’estomac
Un ruisseau
De sang et d’excréments
Sort de sa bouche
Le grand mal est
Ça ne peut pas être lui
Sur la liste des morts
Il n’est pas
Sur la liste des vivants
Il est
Il ne ressent pas la douleur
Il ne ressent pas
Il ne ressent rien

Les morts hurlent à la mort
Sourds hurlements

Paupières cousues
Des heures durant
J'attends

Apparence humaine
C’est moi
Je suis mon propre bourreau

Pas complètement noir le gris
Mise en scène Julien Bal au 6b de Saint-Denis, octobre 2013.

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Extrait II

Extérieur. Nuit.
Un cercueil sous un triangle de lumière.
Une marionnette grandeur humaine assise sur un banc public.

Eux (les deux passants très âgés)
- Il est vivant ou il est mort celui-là ?
- Je le reconnais. C’est celui qui cherchait les marronniers.
- Va savoir ce qu’il fait dans un cercueil ?
- Il joue le mort. La mairie l’a annoncé.
- Va savoir ce qu’il cherche vraiment.
- Ce serait pas une tête d’étranger !
- Une tête de mort ressemble à une tête de mort.
- Sa place est au cimetière.
- Où tu veux le mettre au cimetière ? C’est un clown.
- Va savoir d’où qu’il vient.

Il
D’où je viens ? (sort la tête de son cercueil) Mon pays ! Où est mon pays ? Loin. À pied ce n’est pas possible. Vous ne craignez rien. Sont tous morts en chemin. Chemin scabreux et sanglant. Sont morts noyés.

Eux (les deux passants très âgés)
- Le mort a parlé ?
- Au théâtre les morts parlent aux vivants.
- Quel malheur d’être sourd !

Il
(hurle) Noyés. (s’allonge dans le cercueil) Décapités. Dévorés. Écorchés. Torturés. Brûlés. Violés. Des mots qui brûlent la cervelle le sexe le cœur l’âme. Des mots que j’entasse. Pas assez de mots pour dire les morts.

Eux (les deux passants très âgés)
- Écoute voir ! On tire.
- On tire des pétards. Les jeunes ils sont jeunes.
- Moi aussi j’ai été jeune. Un peu plus j’étais dans le cercueil.
- Pas ce soir.
- Aux dernières informations c’est la guerre.
- La guerre ! Place des marronniers !
- Je l’ai faite la guerre. Je sais de quoi je parle.
- Pas un soir de Carnaval.
- Tu n’entends rien.
- Arrête de ressasser ta guerre !
- Tu ne vois rien.
- Ce n’est pas bon pour ton cœur.

Humain mais pas trop
Grands faits divers

Pour un théâtre de toutes les métamorphoses.
En un seul lieu.
Un quartier populaire d’une ville européenne.
Une nuit de Carnaval.

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire