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Les écrivains / adhérents

Sarah Keryna

Poésie
photo Sarah Keryna

Les textes de Sarah Kéryna sont des fragments du quotidien à la fois autonomes et, comme les souvenirs, imprévisibles dans leur façon de surgir et de s’associer dans l’espace de la page. Ils sont des prélèvements de réel qui, parfois, tendent à se rapprocher de la forme du journal poétique. Car il est fréquent qu’une date ou qu’un nom démarre le poème. Notations, énumérations, listes parfois, voix entendues ou simple mot suivi de sa traduction. (…)

A lire Sarah Kéryna, on plonge dans l’au-dedans d’un jeu intime qui se donne à travers l’au-dehors dans lequel ce je évolue. Les gestes les plus quotidiens font écho aux nouvelles du monde données par la radio. Le brin de muguet acheté, le feutre violet voisinent avec le calme d’un dimanche, la mort de Charles Trenet ou encore l’énumération du nombre d’habitants des grandes villes du globe. (…)

Sarah Kéryna travaille une langue bien à elle. Celle ci est simple, faite de phrases courtes (parfois un mot), de vers, aérés au départ et qui se sont densifiés avec le temps. Elle nous dit dans Les miettes « Je fais les choses avec la peur constante d’être interrompue. » Et c’est peut-être pour cela, grâce à cela : ce sentiment d’urgence que son écriture est si vive, vivante et qu’on la lit un peu comme on a les cinq sens en alerte, dans une attention extrême à ce qui entoure et aux échos que ça fait en soi.

(Jasmine Viguier, in Gare Maritime 2011)

Photo : Jean-Marc de Samie
jm.desamie.free.fr

Bibliographie

Publications en revues
Nioques 1.4, If n°15, n°24, Action Poétique n° 182, n°183 Monsieur Thérèse n°0, n°1, Dirigeable n°12 (revue russe), CCP, Le Cahier du Refuge, l’Inventaire des choses, Gare Maritime…

Livres
– Point de fuite, (nouvelle édition ) accompagné d’un C.D sur partition écrite par Lionel Ginoux d’après le texte, suivi de D’Un lieu Fidel Anthelme X, 2010, Poésie.
– Rappel, Bleu du ciel, collection Biennale internationale des Poètes en Val-de-Marne, 2007, Poésie.
– Les miettes, les éditions précipitées, 2007, Poésie.
– On a toujours été séparés, Fidel Anthelme X, 2005, Poésie.
– Point de fuite, Fidel Anthelme X, 2001, Poésie.

En ligne
Rotor, Runbook…

Traductions
Peter Gizzy, Un bureau sur l’Altantique, cipM, 1998
Lorrine Niedecker, Action Poétique n°163, 2001
Joan Retallack, Un bureau sur l’Atlantique, cipM, 2004

Extraits

A New-York, 8 millions d'habitants.
A Paris, 5 Millions.
A Londres, 7 .
A Buenos Aires, 13.
Au Caire, 12.
A Mexico, 22.

Marseille:
Ils sont assis l'un en face de l'autre.
Ils boivent des bières.
Il la prend en photo.

Elle dit:
« On est déjà le premier juillet ».
Il répond:
« Dans trois mois, c'est l'automne! »

Plus tard,
Face au Palais,
Sur le trottoir, il l'embrasse.

Chez elle,
Devant la fenêtre,
Il la déshabille.

Dehors,
Le cri des goélands.

Il demande:
« Qu'est-ce qu'on entend? »


Paris:
Ils sont sur les toits,
Ils regardent la ville.
Un homme, surgi d'un vasistas,
s'avance et se penche vers la cour.

Dans les rues,
Elle se perd,
se trompe de direction.
Elle boit.

Il crache par terre.
Il porte un blouson noir.
Il conduit vite.
Il regarde le foot.

Ils marchent dans le cimetière Montmartre,
sous la pluie.

Il lui dit: « oublie ».

Dans le train, au retour un homme dit:
« Je vais embrasser le sol de Marseille. »

Transits in Rappel, le Bleu du ciel, collection Biennale Internationale des Poètes en Val-de-Marne, 2007

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La plupart du temps, quoi ?
Assise sur le canapé, regard rivé au plafond,
en pleine conversation imaginaire avec
un interlocuteur variable.
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Dans la rue, tout à l'heure, la combinaison de
la nuit tombante, d'un parfum de citronnelle,
et d'une petite fille prononçant le mot "papa",
m'a fait monter les larmes aux yeux.
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Quand ils se perdent, les enfants marchent
dans la direction opposée au soleil.
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Une femme voyageant seule autrefois,
était toujours suspecte.

I er novembre

Ce matin, sur le mur du balcon une guêpe
m'a fait un instant
croire en un rêve inouï : on est en avril,
et c'est mai qui s'avance.
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J'avais écrit quelque chose, au sujet de quoi
je ne sais plus, mais il y a de la poussière
sous le miroir, il va falloir passer l'aspirateur.
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Le film "The brown bunny" tard le soir,
avec les artistes branchés de la Plaine,
avachis, les jambes étendues sur les sièges,
et ricanements de circonstance.
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Je fais les choses avec la peur constante
d'être interrompue.

Un pape, natif de la même ville que moi,
qui régna en l'an mil, inventa un procédé
pour mesurer la taille des arbres à partir
de leur ombre portée sur le sol.
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Virginia Woolf a parlé à sa mère morte
jusqu'à écrire "La Promenade au phare",
à quarante ans.

Je transporte l'essentiel de ce qui
me constitue sur le dos.

Le frère moine de Lacan.
La fille schizophrène de James Joyce.

L'histoire de cette femme qui récitait un
livre au Goulag, qu'elle avait appris par coeur.
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Utopie: "En aucun lieu."

Les miettes, les éditions précipitées, 2007.

Lieu de vie

Provence-Alpes-Côte d'Azur, 13 - Bouches-du-Rhône

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire