Les écrivains / adhérents
Vincent Flamand
Roman / Essais
Vincent Flamand est né en 1972 à Verviers en Belgique. Philosophe et théologien, il fut pendant longtemps davantage un homme de la parole que de l’écrit.
« Je cherchais à tout dire d’une métaphore, je ne voulais laisser aucune place à l’équivoque. J’avais si peur de perdre le fil des phrases que je m’époumonais en vain, à la recherche d’un souffle que j’aurais dû me contenter d’accueillir. J’étais trop boulimique pour avoir faim des mots. Je dévorais les livres, je me gavais d’idées et d’images. Ensorcelé par le pouvoir magique que je prêtais au vocabulaire, j’oubliais que le langage est aussi absence. »
Travaillé par la question de l’indicible, interpellé par le christianisme, il devient prêtre en 2002, et tente de mettre en relation la foi et les pensées contemporaines les plus critiques. En 2008, il revient à la vie civile, et cherche à continuer son travail de réflexion sur les métamorphoses de la société contemporaine et le devenir de l’humain. Comme une porte inespérée qui s’ouvre, il écrit alors « D’aussi loin que je me souvienne, il s’est toujours levé tôt », un recueil de textes courts évoquant la figure de son père, homme blessé, fantasque et tendre, qui sera publié quelques mois plus tard aux éditions de l’Aube. En parallèle à ce travail, il est chercheur en théologie à l’université de Namur et vient de publier « La condition humaine n’est pas sans conditions », un recueil d’entretiens avec le psychanalyste Jean-Pierre Lebrun.
Bibliographie
– D’aussi loin que je me souvienne, il s’est toujours levé tôt
Roman, La Tour d’Aigues, Editions de l’Aube, Avril 2010
– La condition humaine n’est pas sans conditions
Entretiens avec Jean-Pierre Lebrun, Paris, Editions Denoël, Octobre 2010
Extraits
« Il maugréait, se battait, s’arc-boutait de toute sa fatigue contre les obligations quotidiennes. Il m’apparaît aujourd’hui, maintenant qu’il ne se lève plus, visage chiffonné et cheveux en tempête ; le corps a aussi son langage, parle d’odeurs, de sueur et de battements à l’infini. Il se traînait jusqu’à la salle de bain où il commençait toujours par se coiffer. Les cheveux durement plaqués sur le crâne, en arrière toute, paysage désolé comme peuvent l’être nos dérisoires tentatives de maîtriser le flot de vie, qui fera pousser nos cheveux même après la victoire de la mort ; sa femme aurait aimé qu’il se coiffe autrement, d’une manière moins militaire et mécanique. Il refusait avec l’obstination qui lui avait toujours permis de tenir le coup, et elle avait fini, elle aussi, par renoncer à ce désir, comme à tant d’autres. Il sortait enfin de la salle de bain, casqué de cheveux, prêt à commencer la lutte. C’était un lutteur, obsessionnel et courageux, peut-être comme tous ceux pour qui exister est un corps à corps, à qui rien ne semble simple, évident, donné. Il attaquait la journée dans un grand cri de silence. J’ai su qu’il allait mourir le jour où il a cessé de se coiffer. »
« A l’âge de vingt ans, la musique punk fit une entrée fracassante dans ma vie. Pendant des mois, chaque jour, notre vieux phono hurlait des paroles de révolte sur des rythmes de colère. Ambiance anarchie, bière utopie, joints désespoir. Je décidai même de créer avec quelques amis un groupe, poétiquement baptisé « Les Suppositoires ». Epoque bizarre, où nous dérivions de concerts improbables en espérances chavirées. Naufragés du présent. Ni Dieu ni maître, enfin presque. Car, lors des concerts et dans la fureur de cette musique en rafales, je les apercevais, sa femme et lui, au fond de la salle, au milieu des crêtes et des blousons de cuir, battant la mesure tout en tapant dans les mains. « Fifoche fait de la musique, il a beaucoup de talent ! » Comment être un vrai rebelle avec de tels parents ? »
(extraits du livre « D’aussi loin que je me souvienne, il s’est toujours levé tôt » paru en Avril 2009 aux éditions de l’Aube.)
Types d'interventions
- Rencontres et lectures publiques
- Rencontres en milieu universitaire
- Rencontres en milieu scolaire