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Les écrivains / adhérents

Joëlle Thiénard

Poésie / Roman / Scénario

Si les métiers divers ont jalonné ma route, l’écriture en a toujours été le lien, prenant diverses formes, au gré des rencontres, et partages : Poésies, romans, chansons ou scénarii. Chacune de ces formes a été comme une évolution sans trahir les deux premières qui restent constantes, au cœur de ma création.

http://www.joellethienard.fr
Bibliographie

Poésie
À vol d’oiseau, aux éditions Saint-Germain-des-Prés, 1989
Paroles de silence, aux éditions L’Harmattan, 2011
Au-delà des sens, aux éditions Unicité, 2018
Petits poèmes à thème pour enfants qu'on aime, recueil de poésie pour enfants, illustré par des dessins originaux de Consuelo de Montmarin, aux éditions Unicité, 2019

Participation à de nombreuses anthologies pour « Cognac en poésie », dirigées par Dany Vinet, Éloge et défense de la langue française dirigé par Pablo Poblète et Claudine Bertrand. Ses poèmes sont aussi en ligne sur « Recours au poème », « Poésie en liberté ».
Auteur d’un texte libre pour L’Almanach insolite sous la direction de Matthias Vincenot aux éditions Mines de rien 2014

Romans
La Dernière Chance, éditions Forgeurs d’étoiles, 2014.
Le Trésor, éditions Unicité, 2016.
Entre chien et loup, éditions Unicité, 2018.
Au secours Hortense !, roman jeunesse, éd. Ex-aequo, 2019.
Exilés, roman, éd. Unicité, 2020.
Hortense et le bal des étoiles, roman jeunesse, éd. Ex-aequo, 2021.
J'habite un quartier gay de Los Angeles, éd. Unicité, 2021.
Le soleil avait plusieurs faces, éd. Unicité, 2023.

Extraits

Le Trésor

Été 1955. Mais que voulait dire été pour nous ? À peine un repère que la métropole nous avait enseigné en nous apprenant à nommer les mois, et ce ciel un peu bouleversé, un peu plus lourd de ces pluies qui tombaient parfois sur nos épaules, violentes et douces à la fois.
Chloé venait d’avoir douze ans. J’en avais un peu moins de dix. Nous finissions les restes du dessert à la cuisine. Espérance, pour les gâteaux d’anniversaire, se pliait à exécuter les vieilles recettes que lui avait laissées notre mère, mais quand elle le faisait c’était en râlant, moitié en français, moitié en créole. Si nous l’entendions jurer du salon, c’était le signal pour nous de rappliquer et de nous planter devant elle, rien que pour voir ses yeux qui pestaient contre nous, des yeux qui brillaient comme des flambées et dont le blanc contrastait étrangement avec le reste de son visage. Je les scrutais souvent, attirée par cette différence, cherchant si un indice quelconque aurait pu me renseigner sur tout ce qui se cachait derrière.
« Dieu du ciel » était l’interjection qui menaçait de nous mettre dehors. « Je vais le dire à Missieur » était celle qui nous chassait définitivement de la maison. Chloé haussait les épaules, en la traitant de cafteuse, et m’invitait à la suivre en tournant les talons.
– La revanche viendra ! Maugréait-elle, sans que je comprenne trop pourquoi, ni quand ni comment, enfin tout ce que cela pouvait bien vouloir dire, et je suivais ma sœur docilement, parce que j’étais « la petite ».


La Dernière Chance

Je n'ai pas pris le bon chemin. À la croisée des chemins, de mes deux chemins je n'ai pas pris le bon. Je ne m'y attendais pas, certainement pas. Ce soir c'était la fête de la musique et dans les rues tout le monde paraissait heureux. Tout le monde sauf moi. Inutile de ruminer m'a dit mon ex, inutile de te complaire dans le malheur m'a dit son petit ami. Non, bien sûr, c'est idiot, et stérile, et inutile, et il faut vivre, et vivre encore, au risque de tomber, tomber encore une fois mais qu'importe n'est-ce pas. J'ai dit oui. J'ai dit qu'ils avaient raison, et que demain chanterait, et les autres chanteraient comme je l'avais toujours fait, avec eux et pour eux, pour les matins bien sûr, pas pour mon ex. Mais j'ai fait semblant. J'ai fait semblant pour me débarrasser. Me débarrasser du poids qui m'oppressait et contre lequel ils ne pouvaient rien, comme ils ne pouvaient pas remonter le temps pour moi. Et pourtant. J'ai avancé. Avec eux. Dans les rues bondées. Dans les rues où les chants montaient jusqu'au ciel, jusqu'aux hirondelles qui piaillaient avec nous, et qui me rappelaient combien le ciel est grand, et combien il y a de chemins pour le traverser. Et j'ai avancé seul. J'ai pris congé comme on dit quand on parle bien. Je m'en suis séparé. C'était doux et triste à la fois. C'était heureux et malheureux. Je n'ai pas dit que j'allais me mettre à réfléchir encore, peut-être taper sur mon ordinateur comme je le fais. Auraient-ils compris pourquoi étaler des lettres et des caractères pouvait m'aider à comprendre ce faux-pas, ces faux-pas. J'ai manqué de force. C'est ce que j'ai dit. Au moment où j'aurais dû suivre mon chemin j'ai manqué de force. Et j'ai avancé. Non pas sur mon chemin mais sur le chemin de l'autre. Et je me suis trompé. Ce soir bien sûr, rien n'aurait pu laisser entrevoir que ma voie était ailleurs, alors je regardais, j'écoutais et je me retrouvais dans mes souvenirs que j'essaie de tracer au fil des lignes pour m'aider à comprendre.

Ma bibliothèque

-Le Vieil Homme et la Mer, Ernest Hemingway
- L’Étranger, Albert Camus
- L’Insoutenable Légèreté de l’être, Milan Kundera
- La Promesse de l’aube, Romain Gary
- La Nuit de l’erreur, Tahar Ben Jelloun
- Le Très Bas, Ressusciter, Christian Bobin
- La Musique du hasard, Moon Palace, Paul Auster
- Big Sur, Tropique du cancer, Tropique du Capricorne, Henry Miller

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris