Les écrivains / adhérents
Cécile Desprairies
Roman / Essais
Née le 26 décembre 1957 à Paris XVIe, Cécile Desprairies, écrivain, enseigne depuis 1986 à l’université Paris-Cité (précédemment Paris-V), au campus Saint-Germain des Prés, en master d’édition.
Après une scolarité à La Source, établissement de « pédagogie nouvelle », elle a reçu une formation universitaire de philosophe pour laquelle elle a obtenu un DEA. Depuis, elle anime des ateliers d’écriture, principalement pour les adolescents et les adultes.
Spécialiste des relations franco-allemandes sous l’Occupation (1940-1944), auteure de plusieurs ouvrages sur le sujet, cet écrivain est une ancienne boursière du DAAD, organisme franco-allemand d’échanges universitaires.
Elle a été longtemps éditrice avant de se décider à écrire.
Elle s’apprête à publier deux ouvrages en 2023 : Voyage à travers la France occupée, 4000 lieux familiers à redécouvrir, aux PUF et son premier roman aux éditions du Seuil (collection Cadre rouge).
Bibliographie
• Ville lumière – Années noires, les lieux du Paris de la Collaboration (préface de Pierre Assouline), Paris, Éditions Denoël, 2008, 352 p.
• Paris dans la Collaboration (préface de Serge Klarsfeld), Paris, Éditions du Seuil, 2009, 656 p.
• Sous l’œil de l’Occupant, la France vue par l’Allemagne, 1940-1944, Paris, Éditions Armand Colin, 2010, 224 p.
• L'héritage de Vichy - Ces 100 mesures toujours en vigueur, préface d'Emmanuel Le Roy Ladurie, Paris, éditions Armand Colin, 2012, 256 p.
• L'Héritage allemand de l'Occupation - Ces 60 dispositions toujours en vigueur, préface d'Emmanuel Le Roy Ladurie, Paris, éditions Armand Colin, 2019, 256 p.
Et six ouvrages pour la jeunesse aux éditions Fleurus.
Extraits
« Avant neuf heures du matin, elles étaient toutes déjà là. Il allait y avoir des cris et du mouvement, car la paix n’était pas leur fort. À peine arrivées, c’étaient des gémissements, exclamations (« Oh non ! », d’un air désolé et contrarié, parce qu’il allait falloir signer un simple chèque), torsions de main, tête oscillant de désespoir, frappements de pied saccadés sur la moquette.
L’atmosphère allait crescendo. Le cirque des femmes se mettait en branle. Elles jouaient indéfiniment la même pièce, avec variantes mineures, introduites par quelque nouvelle méchanceté. Les récents événements ne les atteignaient pas. La tribu des femmes semblait vivre en exil dans son propre pays, comme sur une île. De temps à autre, un peu hors de propos car le brouhaha était permanent, ma mère brandissait le poing : « Et maintenant, vous la bouclez ! » Vous la bouclez quoi ? »
(roman en cours de publication aux éditions du Seuil, parution été 2023, collection Cadre rouge, p. 7)
« Après le départ des femmes, dans les heures creuses de la journée, ma mère me faisait réciter les verbes irréguliers allemands. Backen, buk, gebacken, cuire au four. « Encore. C’est bien, tu les sais maintenant. » « Brême, Hambourg, Stettin ; la Weser, l’Elbe et l’Oder. » Je devais répéter après elle, comme une ritournelle, les villes et les fleuves allemands – sans pouvoir les localiser. J’apprenais les lois de Mendel. Gènes dominant et récessif. Les forts et les faibles. L’exemple des yeux bleus. Ce n’est pas parce qu’on les a bleus qu’on n’a pas un gène récessif brun caché.
C’était la part qui m’était échue, mon legs. Ma mère vantait sans cesse mon « intelligence », m’encourageant, sans explications. C’était comme si elle me disait : « Tu vas trouver toute seule, même si je ne peux pas te dire quoi. » Pendant ces années, j’ai l’impression d’avoir eu un âge stable, dans ma chemise de nuit blanche en broderie anglaise à collerette. Assise, j’aimais respirer mes genoux sous la protection du vêtement. J’observais. »
(roman en cours de publication aux éditions du Seuil, parution été 2023, p. 8, collection Cadre rouge, p. 8)
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Île-de-France, 75 - Paris