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Les écrivains / adhérents

Milène Tournier

Poésie / Théâtre
photo Milène Tournier

Milène Tournier est née en 1988, à Nice. Elle est docteure en Études théâtrales de l’université Sorbonne Nouvelle et écrit des œuvres de théâtre et de poésie. Sa thèse « Figures de l’impudeur, dire, écrire, jouer l’intime » s’intéresse à des artistes comme l’humoriste suisse Zouc, la rappeuse Diam’s, l’artiste de théâtre Angélica Liddell, l’auteure Emma Santos, Hervé Guibert, Guillaume Dustan…

Ses travaux s’ancrent dans un arpentage foisonnant du réel et de l’intime, à partir de matériaux visuels, sonores, textuels très contemporains.

Elle s’intéresse également à la littérature en lien avec les arts numériques et élabore des poèmes-vidéos qu’elle diffuse sur sa chaîne Youtube. Elle a à cœur de proposer plusieurs fois par semaine une vidéo poétique réalisée à partir d’une marche urbaine.

Elle donne des ateliers d’écriture (elle a participé au dispositif résidence d’auteur Île-de-France et a été un an en résidence dans un lycée hôtelier de l’Essonne). Elle fait partie des master class auteurs proposées par le CNL et intervient régulièrement en collège et lycée dans ce cadre. Elle est intervenue en 2022 2023 à l’université de Strasbourg, à l’ENS Lyon. Elle interviendra en avril 2024 au département écriture de l’ENSATT. Elle donne depuis 2020 des ateliers d’écriture vidéo au CELSA et depuis 2023 des ateliers à l’université de Cergy. Elle est par ailleurs professeur documentaliste.

Photo : Maf Cati Salerno

Intervention au lycée Pyrène, Pamiers

Intervention au collège Évariste Galois, Paris

http://www.youtube.com/c/MileneTournier
Bibliographie

- La chaise du poème, éditions Lurlure, à paraître automne 2024
- Cent portraits vagues, éditions Lurlure, à paraître, Mars 2024
- Puisque chacun pourra partir, chacun pourra rester, éditions Unicité, août 2023
- Ce que m’a soufflé la ville, éditions Le Castor Astral, Février 2023
- De la disparition des larmes, éditions Théâtrales, Octobre 2022
- Se coltiner grandir, éditions Lurlure, Septembre 2022
- Je t’aime comme, éditions Lurlure, Septembre 2021
- L’autre jour, éditions Lurlure, Octobre 2020
- Nuits, éditions La ptite Hélène, 2019
- Poèmes d’époque, Préface de François Bon, Polder Gros Textes, 2019
- Et puis le roulis, éditions Théâtrales, 2018

Revues et ouvrages collectifs

- Participation au recueil Poésie du Louvre, éditions Seghers, à paraître en 2024
- Participation à l'Anthologie de la grâce, Printemps des poètes, Le castor Astral, printemps 2024.
- Participation à HU21 !, Duplex avec chambre en bas, éditons Anne Carrière, à paraître octobre 2023
- Contribution à la revue poétique Carabosse autour de l’humour, 2023
- Participation à l'Anthologie des Frontières, Printemps des poètes, Le castor Astral, printemps 2023.
- Contribution à la revue poétique Décharge, 2023
- Contribution à la revue poétique en ligne Hélas, 2023
- Participation à l'Anthologie de l’éphémère, Printemps des poètes, Le castor Astral, printemps 2022.
- Numéros 1, 2, 3, 4 de Wam ! Revue d’Arépoézi, « les tatoo poèmes de Milène Tournier », 2021,
2022.
- Numéro 39-40, revue Écrit(s) du Nord, éditions Henry, 2021
- Théâtre/Public 240, Théâtres, Milène Tournier, Juillet 2021
- Participation à l'Anthologie du désir, Printemps des poètes, Le castor Astral, printemps 2021.
- Numéro 40 de la revue Teste, sur l’invitation de Nat Yot, décembre 2020.
- Contribution à l’ouvrage collectif, Tiers Livre Éditeur | Tu cherches une salle perdue, 2020.
- Numéro 8, Place de La Sorbonne, Revue internationale de poésie de Paris-Sorbonne, 06/2019.
- Numéro 9, Place de La Sorbonne, Revue internationale de poésie de Paris-Sorbonne, 05/2018.
- Contribution à l’ouvrage collectif, Tiers Livre Éditeur | Une histoire parallèle du cinéma, 2018.
- Contribution à l’ouvrage collectif, Tiers Livre Éditeur | Je vous parlerai d’une autre nuit, 2018.
- Contribution à l’ouvrage Esprit d’arbre, éditions Pourquoi viens-tu si tard, 2018.

Extraits

Je voulais vérifier
Qui j’aime?
Alors dans le car de nuit j’ai pensé aux gens
Et j’ai essayé de les imaginer
Dans le car de nuit la nuit
Et il fallait que je sois émue
Par exemple mon père
J’ai imaginé la respiration
Un peu trop forte
De mon père,
L’odeur de mon père, dans le car de nuit la nuit, le petit froid des stations essences et remuer doucement les genoux comme on tourne ensemble deux cuillères.
Ma mère
Émouvante aussi
A sa façon mais aussi
Elle serait polie
Ma mère serait polie la nuit
Ma mère serait polie de nuit dans le car de nuit et même si on ne distingue plus dans la nuit qui est poli de qui n’est pas poli
Les stations essence à croiser et dépasser
Comme on double un arbre et sans le différencier du premier
On s’enfonçait dans la nuit qui s’enfonçait dans le car
Et je voulais juste
Être émue et
Aimer des gens et
M’en souvenir
Ou bien
La vie est très seule.
La nuit par-dessus la politesse de ma mère, la nuit le long du dos de mon père, le car de nuit la nuit et mes parents jeunes, à cet âge là d’encore se rencontrer, mes parents qui vont en car de nuit la nuit à un festival, et mes parents vieux, mes parents à l’âge qu’aujourd’hui séparément ils ont, l’âge de mon père, l’âge de ma mère, comme chacun avoir un dos
J’ai imaginé ma mère seule dans le car de nuit la nuit
Le car de nuit la nuit et la petite panique de ma mère, la constante petite panique de ma mère, le dieu de ma mère, sa grande foi claire, et j’aurais été pardon mais j’aurais été incapable partout de parler de ma mère
Mais cette nuit dans le car de nuit la nuit je peux, dans le car de nuit la nuit je peux parler de ma mère, ici dans les mots d’être dans la nuit, dans la nuit d’être loin de ses bras,
Du corps de ma mère, la vieillesse,
Le grand temps du monde,
Et comme tout meurt, comme tout naît,
L’humanité, le rien, le hoquet de l’humanité et alors
Qu’on m’a parlé tant de Jésus et donc
Je croyais que Jésus était beaucoup
Et qu’il suffisait d’y croire mais
Jésus n’explique que ce que Jésus explique
Jésus ou Dieu d’ailleurs
Et finalement, doucement, je me suis endormie dans le car de nuit la nuit, entre avoir imaginé mon père et avoir imaginé ma mère, et après avoir vérifié que je les aime.


JE T’AIME COMME UN EHPAD
Je t’aime comme avoir dû se résoudre, SOS médecins trois fois semaine c’était pas tenable.
Je t’aime comme un baluchon d’ehpad, brosse à dents, dentifrice, et le blaireau – pour le geste plus que pour véritablement la barbe.
Je t’aime comme un bel oreiller neuf marqué à son nom.
Je t’aime comme pas supporter cet oreiller-là.
Je t’aime comme s’imaginer soi à l’ehpad, imaginer ses parents, mon père à l’ehpad, maman.
Je t’aime parce que je t’aurai regardé vieillir, tu ne seras jamais vraiment vieux, pas comme ceux dans la rue qui s’avancent comme des fleurs coupées, parce qu’on ne les a jamais regardés.
Je t’aime comme quand on sera meute d’équilibristes, à nous tenir sur le trois pattes d’avoir maintenant une canne.
Je t’aime comme un ehpad, si c’est la suite logique de la retraite, comme après le baptême la communion.
Je t’aime comme la jeune coiffeuse vient en ehpad, elle aime bien, les cheveux des vieux c’est comme les tout fins des petits bébés.
Je t’aime comme prendre ses repas au réfectoire ou dans sa chambre, la table de lit qui s’ouvre comme un éventail.
Je t’aime comme un lit médicalisé, vie qui monte et s’abaisse.
Je t’aime comme un ehpad plus connecté qu’un lycée 3.0 francilien.
Je t’aime comme les allers-retours des sacs de linge sale entre la maison d’avant et la chambre d’aujourd’hui.
Je t’aime comme, une vie, c’est tout à fait autre chose que des événements, et même si on apporte des photos à l’atelier « Mémoire », et si on dit les âges et qui, et le nom en ce moment du président, je t’aime comme « Emaniel Masson » dans les bouches creuses, les sourires et les dentiers.
Je t’aime comme des jeux de société répétitifs et des stimulations renouvelées.
Je t’aime comme être la benjamine de l’ehpad, et alors la première à commencer au Monopoly.
Je t’aime comme être la doyenne de l’ehpad, et attendre d’avoir cent ans pour passer au journal télé régional. Je t’aime comme fêter ses cent ans d’une seule bougie d’anniversaire.
Je t’aime comme proverbe avéré, si jeunesse savait, si vieillesse pouvait.
Je t’aime comme se souvenir de l’heureux temps où le chariot à commissions n’était pas encore déambulateur.
Je t’aime comme un fauteuil roulant, une trottinette à quatre roues.
Je t’aime comme la télé dans la chambre et les guépards des documentaires animaliers, je t’aime comme le vieux est persuadé qu’ici, à l’ehpad, c’est pas les mêmes informations au journal télévisé que dehors, à la maison, c’en est des exprès, c’en est des plus fausses.
Je t’aime, c’est ma promesse d’aube et de crépuscule, je t’aime, c’est qu’il est encore jour, au crépuscule, de se faire des serments.
Je t’aime comme le Ciel nous prête la Terre en viager.


Ma bibliothèque

Ma bibliothèque, pêle-mêle

Harry Potter, Helene Keller, Le petit Nicolas, Agrippine de Claire Bretecher, Tom Tom et nana, Mafalda, Nathalie de Sergio Salma, Jaques Brel, Anne sylvestre, Lynda Lemay, Diam’s, Marguerite Duras, Sarah kane, Angelica liddell, Bernard-Marie Koltès, Jean-Luc Lagarce, Paul Claudel, Samuel Beckett, François Bon, Arthur Rimbaud, Yves Bonnefoy, Jacques Roubaud, Louis Aragon, Jacques Prévert, Marina Abramovic, Gina Pane, Sophie Calle, Agnès Varda, les documentaires de Raymond Depardon, Blanche Gardin, Muriel Robin, Zouk...

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire