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Les écrivains / adhérents

Michel Serfati

Roman
photo Michel Serfati

Né à Belfort en 1953. Un foyer ouvrier, une enfance toute ordinaire, une adolescence avec quelques soubresauts, 18 ou 20 ans n’étaient pas pour moi le temps des sages études, longtemps j’ai espéré changer le monde, et mes rêves ne sont pas tous éteints… Un parcours professionnel sinueux (agent des services hospitaliers, opérateur dans l’industrie métallurgique, éducateur spécialisé, formateur pour travailleurs sociaux, cadre dans un établissement qui accueille des adultes gravement handicapés), des métiers parfois difficiles au plan physique et/ou exigeants au plan de l’engagement, des études universitaires tardives par le biais de formations continues, et des charges de famille aussi épanouissantes que prenantes. Et des voyages, à deux, en famille, parfois seul.

Et puis, artisan de mots et bricoleur d’histoires, écrire, écrire pour moi d’abord, pour d’autres ensuite…
Formé en 2022 à l’animation d’Ateliers d’écriture à la SGDL et à Aleph-Écriture, je suis disponible pour ce type d’activités, y compris avec des publics en difficulté.

Les mots clés de ma vie, de mon écriture donc : désirs, exils, liens, sensualités, musiques, silences, espoirs, révoltes…

Bibliographie

Ismène, la sœur oubliée, roman, éditions du Canoë, janvier 2024
L'Enfant de la colère, roman, éditions Phébus, janvier 2020
Finir la guerre, roman, éditions Phébus, mars 2015. Plume d’Or du salon Le Chapiteau du Livre 2016, Prix du Festival du premier roman de Chambéry 2016

Extraits

Un extrait de Finir la guerre

Aussi loin qu’Alex cherchât, la seule image tendre et vraiment chaleureuse qu’il retrouva datait du dernier jour de classe en CE2. Le garçon venait de « recevoir ses huit ans », comme l’exprimait son père qui ne s’était jamais vraiment débarrassé, dans l’emploi du français appris tardivement, des traces du dialecte alsacien ; il avait terminé premier de la classe, et lorsqu’il avait tendu son carnet en offrande, le père avait pour une fois souri sans retenue, ses yeux plongés dans ceux du gamin, il l’avait pris dans ses bras, embrassé tendrement, et avait murmuré :
- C’est bien, c’est vraiment très bien.
Alex avait lu de la fierté dans ce regard. Ce fut aussi, autant qu’il s’en souvenait, la dernière fois qu’il avait senti cette émotion intense, cette vibration dans tout son corps tendu vers son père ; malgré ses efforts, il n’avait plus jamais renouvelé ce genre d’exploit scolaire, ni sans doute donné d’autres occasions d’exprimer cet orgueil paternel à son endroit. Mais étaient-ils vrais, ce sourire, ce baiser ? Alex savait qu’il n’y a pas de réalité ni de vérité anciennes en dehors des souvenirs, et il se méfiait des souvenirs, surtout les bons, ce sont eux qui mentent le mieux, habillés d’un halo pastel. Les plus douloureux sont plus nets, en couleurs violentes et crues.


Un extrait de L'Enfant en colère

Nombre de jeunes gens de son âge s’impatientaient de leurs 18 ans avec la fébrilité excitée et angoissée de ce qu’annonce une indépendance formelle. Nadia, elle, n’espérait de sa majorité que la vérité promise depuis tant d’années par sa mère. Fin mai 2002, un mois avant son anniversaire, la jeune fille eut un jour la surprise de la trouver à la maison en fin d’après-midi, à une heure inhabituelle, assise sur le canapé du salon. Nadia comprit immédiatement, sa mère allait parler, elle allait enfin défaire le nœud silencieux d’attente, elle avait sans doute décidé de ne pas marquer le jour de son anniversaire à venir de mots trop lourds, ou de ne pas perturber les épreuves toutes proches du baccalauréat. Peut-être aussi voulait-elle se libérer de quelque chose d’étouffé depuis trop longtemps, Nadia ne s’assit pas à ses côtés, elle choisit de se ramasser sur une chaise à deux pas, la mine fermée, bien en face de sa mère. Elle allait enfin savoir. Elle allait comprendre d’où elle venait, de quelle histoire elle était née, le sens d’un si long silence.
Qui était-il ?


Argument d'Ismène, la sœur oubliée, éditions du Canoë, 2024

Qui se souvient d’Ismène, la sœur d’Antigone ? Depuis l’Antiquité, cantonnée par des génies de la littérature au rôle de femme futile, lâche, soumise à la loi des hommes, est-elle ainsi condamnée à rester la « sœur de », écrasée à l’ombre d’un mythe incontestable ?
Pourtant, elle est aussi du côté de la vie, du désir. J’ai voulu réinventer ce personnage romanesque en lui offrant enfin une place de premier plan, en lui donnant chair, sang, plaisir, larmes et rires, lumière, peur et aussi courage.
Pour survivre après la mort d’Antigone, Ismène fuira dans une Odyssée au féminin, perdant dans son exil son statut de princesse. Voici le roman d’une vie, le parcours d’une résiliente passionnée qui a refusé de devenir une héroïne, d’une femme moderne en quête de liberté qui murmure depuis vingt-cinq siècles aux femmes et aux hommes d’aujourd’hui.

Ma bibliothèque

Dans ma bibliothèque : Erri De Luca et Albert Camus, Milan Kundera et Miguel de Cervantès, Belinda Cannone et JMG Le Clézio, Sorj Chalandon et Danièle Sallenave…

Lieu de vie

Grand Est, 68 - Haut Rhin

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu scolaire