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Les écrivains / adhérents

Gérard Farasse

Roman / Essais / Récits
photo Gérard Farasse

Gérard Farasse est né à Roubaix le 30 juillet 1945. Il semble s’être ensuite dédoublé. L’un est aujourd’hui professeur émérite de littérature à l’Université du Littoral-Côte d’Opale où il organise de nombreux colloques. Il codirige la Revue des Sciences humaines. Il est l’un des plus grands spécialistes de Francis Ponge (L’âne musicien) et de Jean Follain (Follain rose et noir). L’autre Gérard Farasse est « poète », mais (par pudeur) il préfère dire qu’il écrit de « petites proses » (Belles de Cadix et d’ailleurs, Exercices de rêverie, Pour vos beaux yeux, Collection particulière). Proses enchanteresses néanmoins, petits exercices de lévitation qui tentent très simplement de nous faire oublier le malheur d’être nés et incarnés.
Les deux hommes, bien sûr, n’en font qu’un. Qu’il lise quelques lignes de Pierre Reverdy ou écrive sur la beauté de Miss Aérogyne, c’est la même voix – douce, grave et rieuse à la fois – que Gérard Farasse fait entendre. Le même air. L’air de ne pas y toucher. L’art d’effleurer seulement la peau des textes et du monde. Mais ces caresses (ces « carresses », dit-il joliment pour mieux les prolonger), sont bouleversantes. Les textes critiques et les petites proses de Gérard Farasse sont autant d’illuminations. Autant d’épiphanies. Ce sont également – faut-il s’en étonner ? – autant d’autoportraits. Derrière les masques du critique et de l’écrivain, se dessine en tout cas de page en page le visage d’un homme, et derrière celui de l’homme, le visage d’un enfant, – un enfant silencieux et qui pourtant n’en finit pas de nous réapprendre à parler.

François Berquin, Revue nord’, nord’ 25 ans, supplément au n° 52, novembre 2008

Bibliographie

Proses
– Belles de Cadix et d’ailleurs, Cognac, Le Temps qu’il fait, 2004
– Exercices de rêverie, Paris, L’Improviste, coll. « Un petit siècle épatant », 2004
– Pour vos beaux yeux, Cognac, Le Temps qu’il fait, 2007
– Jean Dubuffet, Paysage du Pas-de-Calais II, Ennetières-en-Weppes, Invenit, 2010
– Collection particulière, Cognac, Le Temps qu’il fait, 2011

Livres d’artistes
– Entre parenthèses, typographie et conception du livre de François Da Ros, gravures de Martine Rassineux, Montreuil-sous-bois près Paris, Éditions Anakatabase, 2003
– Rose goret, typographie et conception du livre de François Da Ros, gravures de Martine Rassineux, Montreuil-sous-bois près Paris, Éditions Anakatabase, 2005
– Fil d’horizon, avec quatre burins de Nathalie Grall, Kergollaire en Languidic, Éditions de la Canopée, 2009
– Normales saisonnières, interventions peintes de Michel Joulé, Boulogne-sur-mer, Le Rosier grimpant, 2011
– Dentelle, dit-elle, gravures de Sarah Didier Charlet, Boulogne-sur-mer, Éditions Le Rosier Grimpant, coll. « Aiguillons », 2011.
– Caprices, avec huit burins de Nathalie Grall, Kergollaire en Languidic, Éditions la Canopée, 2012.

Essais critiques
– Déplier Ponge, Entretien de Gérard Farasse avec Jacques Derrida, Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, coll. «Objet», 2005.
– L’Âne musicien. Sur Francis Ponge, Paris, Gallimard, coll. « NRF-Essais », 1996
– Empreintes (Baudelaire, Colette, Friedrich, Gombrowicz, Jaccottet, Larbaud, Mallarmé, Mandiargues, Michaux, Ponge, Réda, Saint-John Perse, Supervielle, Thomas),Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Objet », 1998
– Guide d’un petit voyage dans l’œuvre de Francis Ponge, avec Bernard Veck, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Savoirs mieux », 1999
– Amour de lecteur (Desnos, Dhainaut, Jaccottet, Jouanard, Kijno, Ponge, Prévert, Quignard, Richard, Sarraute), Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Objet», 2001.
– Follain rose et noir, Paris, Caractères, coll. « Cahiers & Cahiers », 2007
– Lettres de château (Barthes, Delvaux, Follain, Ghil, Hyvernaud, Jaccottet, Ponge, Quignard, Reverdy, Tardieu, Villiers de l’Isle-Adam), Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Objet », 2008
– Francis Ponge, Profession: artiste en prose, Nîmes, éditions Alcide, 2011.
– Francis Ponge, Vie parallèles, Nîmes, éditions Alcide, 2011

Editions critiques
– Francis Ponge, Picasso évidemment, Paris, Galilée, 2005.
– André Pieyre de Mandiargues, Francis Ponge, Lettres familières, 1950-1980, La Rochelle, éditions Himeros, 2010.

Extraits

Le couple flotte dans les airs. L’homme est déjà en plein vol, comme un cosmonaute en atmosphère d’apesanteur. La femme, penchée vers l’avant, est en train de décoller. La pointe de sa chaussure droite à haut talon s’appuie encore sur le sol. Ils ne pèsent pas plus, tous deux, que le léger bouquet de trois fleurs – rose, blanche, jaune –, décoré d’une feuille de fougère, qu’elle porte d’une seule main, sans le serrer. On ne se demande pas quelle énergie les soulève parce que, de toute évidence, c’est leur façon ordinaire de se mouvoir. Ils vivent dans l’exaltation. On se demande plutôt de quel poids de plomb il conviendrait de les lester, comme les scaphandriers, pour qu’ils demeurent les pieds au sol. Un simple bouquet, celui que l’homme vient d’offrir, a suffi à déclencher leur ascension.
Le couple, formant deux lignes ondoyantes parallèles, se tourne le dos, si bien que l’homme doit effectuer une torsion de la tête, impossible à accomplir, même par un contorsionniste, pour venir faire face à la jeune femme. Mais comme il tient à tout prix à l’embrasser, il y parvient. On assiste donc à un spectacle exceptionnel : tous deux, profil contre profil, échangent en plein ciel un tendre baiser.
Tout s’élève dans les tableaux de Chagall, dans celui-ci (Anniversaire, Huile sur carton, 80, 6 x 99, 7, The Museum of Modern Art, New York, 1915) comme dans les autres, La promenade, le Double portrait au verre de vin, Les trois bougies, ou encore La belle rousse, au point que je me suis laissé entraîner par la force de la rêverie, quand j’ai précisé que c’était en plein ciel que le couple de fluides fiancés s’embrassait. Car ils lévitent dans leur salle à manger : le plafond les arrêtera. À moins qu’ils ne décident, dans leur élan, de passer par la fenêtre qui s’ouvre sur le crépuscule pour continuer à s’élever et à flotter au-dessus de Paris illuminé, comme fait la tour Eiffel.
Gérard Farasse, Collection particulière, Cognac, Le Temps qu’il fait, 2010, p. 51-52

Lieu de vie

Hauts-de-France, 59 - Nord

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques