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Les écrivains / adhérents

Guillaume Vissac

Poésie / Roman / Récits / Traduction
photo Guillaume Vissac

Né dans la Loire un peu après Tchernobyl, Guillaume Vissac a étudié les Lettres à Saint-Étienne, ville dans laquelle il a grandi. Avant d'écrire des livres et même d'en lire, il construit des sites inter-net, et c'est tout naturellement qu'il s'intéresse au web littéraire qui commence à émettre au milieu des années 2000. Il publie en 2010 ses deux premiers récits numériques, Qu'est-ce qu'un logement et Livre des peurs primaires, suivi l'année suivante d'une première version d'Accident de personne, récit en pièces détachées sur les suicidés des transport en commun écrit sur le réseau social Twitter. Ce texte, réécrit et recomposé, reparaîtra à l'automne 2018 dans une nouvelle version. En 2013, il publie son premier roman, Coup de tête, l'histoire d'un mec qui a perdu sa main et qui veut la retrouver (livre réédité en 2017). En 2015 paraît Mondeling, ouvrage poétique et graphique en collaboration avec le photographe Junku Nishimura. Son atelier à ciel ouvert est accessible via son site Fuir est une pulsion : www.fuirestunepulsion.net

Parallèlement à ses activités d'auteur, Guillaume Vissac traduit de l'anglais vers le français. En 2018 paraît sa première traduction (Le chien du mariage, recueil de nouvelles d'Amy Hempel). Il mène en ligne, depuis 2012, un marathon de traduction d'Ulysse de Joyce dont la publication est amenée à s'étendre sur une quarantaine d'années, au rythme d'une phrase (ou d'un groupe de phrases) par jour et transposé dans notre monde présent. Ce projet est accessible sur le site www.fuirestunepulsion.net/ulysse/

Vivant désormais à Paris, il travaille, depuis 2015, pour les éditions publie.net comme directeur éditorial.

http://www.fuirestunepulsion.net
Bibliographie

– Accident de personne, roman, Nouvel Attila / Othello (2018)
– Mondeling, en collaboration avec Junku Nishimura, poésie, publie.net (2015)
– Coup de tête, roman, publie.net (2013, réédité en 2017)
– Livre des peurs primaires, récit, publie.net (2010)
– Qu'est-ce qu'un logement, récit, publie.net (2010)


Traduction
– Le chien du mariage (traduction du recueil de Amy Hempel), nouvelles, Cambourakis (2018)

Extraits

Accident de personne

C'est comme une énigme. L'une des voies du métro remontée à pied, de nuit, quand les rames s'endorment, quand les animaux sortent et en sont à piquer des sprints dans ces tunnels sans avoir à craindre pour leur vie, juste pour le sport. Sangliers amenés par les rails en banlieue. Ratons-laveurs si souples dans leurs déplacements. Lièvres et limandes. Anguilles des caténaires. Mollusques dans les graviers aussi et chiens, chats, perroquets malades abandonnés là mais vivants. Nuées de chauve-souris qui fondent sur toi comme une ondée l'automne (et le bruit que ça faisait alors, stridulations et percussions gutturales, vrombissements, mystère). Ça, c'est pour le tunnel principal.Des centaines de conduits les traversent et certains, ici, sont abandonnés. La fougère y a pris et le lierre. Liseron, pourpier, orties. Et plus loin ces conduits se divisent encore en petits sentiers noirs. On en a jusqu'à la taille de ce noir qui s'avance. On sent que des ombres nous frôlent. Poissons rouge vif. Haches d'argent à épines. Bancs de poissons lanternes qu'on connaît bien. Et, au-bout de ces sentiers, ce sont encore d'interminables petites pistes, qui peuvent parfois déboucher sur ce qu'on pense être un cul-de-sac mais non. C'est un puits et son eau est faite d'encre. Essaye d'y jeter une lampe torche ou un téléphone allumé et l'éclat disparaît en moins de temps qu'il n'en faut pour le voir. Alors j'ai rebroussé chemin et j'ai arrêté là mes errances et mon exploration. Je n'ai pas eu en moi les couilles d'y sauter.


Coup de tête

Je suis mon père à la trace. Il sait pas que je le suis et je sais pas que c’est lui : tout le monde y gagne.
Pour un pas posé sur le trottoir bouillant je plaque semelle idem dans le même mouvement. Mon corps furtif plié sous moi je l’abrite dans son ombre. Filature sans bruit. Vacarme en marge.
Il force le pas. Je crois qu’il m’a vu dans un reflet vitrine. Mains dans les poches il accélère. Je suis. J’avale des glaires. Je crache ma faim. Je tiens quand même et même sous ses coups de speed je décroche pas.
Il prend des voies détournées, piétine exprès dans les rues en travaux, s’enfonce par cœur dans les tranchées sens interdit. Je tourne avec lui.
Il fuse le long des murs, slalome entre les corps, moi je traverse. Fonce.
Il tourne à droite, moi je vais tout droit, cours un peu jusqu’au prochain carrefour, puis vire à droite et droite encore pour le coincer plein axe contre un feu rouge. Une fois qu’il est en face de moi et qu’entre nous y a plus personne et qu’on est seul dans le silence de la rue et que le soleil crépite vertical sur nos deux corps carbo, je me rends compte que derrière son visage c’est pas mon père et qu’en vrai c’est quelqu’un d’autre et je le laisse me cracher à la gueule parce que je lui dois bien ça.

Ma bibliothèque

Parmi les contemporains, Kathy Acker, Svetlana Alexievitch, James Baldwin, Roberto Bolaño, François Bon, Claro, Marie Cosnay, Pierre Guyotat, Philippe de Jonckheere, Quentin Leclerc, Antoine Emaz, David Foster Wallace, Rodrigo Fresán, Amy Hempel, Christine Jeanney, Arnaud Maïsetti, Sébastien Ménard, Yoko Ogawa, Thomas Pynchon, Philippe Rahmy, Anne Savelli, Tom Spanbauer, Lucien Suel, Antoine Volodine, Ouanessa Younsi (et j'en oublie sans doute)
Parmi les classiques, Boulgakov, Dostoïevski, Faulkner, Joyce, Jünger, Malcolm Lowry, Proust, Mary Shelley, Tolkien, Virginia Woolf (et j'en oublie sûrement)

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris