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Les écrivains / adhérents

Isabelle Clerc

Poésie / Roman

Ecrit depuis l'âge de 6 ans.
A publié des livres à la suite de voyages qui l'ont passionnée, notamment au Maroc et en Colombie.
Sinon, vit de journalisme et de "négritude", plusieurs romans écrits pour d'autres signataires que l'on ne citera pas.
Actuellement, et depuis dix ans, rédactrice en chef d'une revue consacrée au yoga (Santé Yoga).
S'est intéressée, ces derniers temps au yoga et au chamanisme à la suite d'expériences vécues en Amazonie auprès de "curanderos", guérisseurs.
A ce sujet elle s'insère dans " Les voix de l'extase, l'expérience des plantes sacrées en littérature", de Pierre Bonnasse, éditions Trouble-fête, aux côtés de Antonin Artaud, Aldous Huxley, Allen Guinsberg, Henri Michaux, Serge Pey...
La vie est pour elle une promenade au cours de laquelle, et quoi qu'il advienne, il s'agit de tenter de saisir le plus vivant et le plus intense.
Parfois, les mots sont fatigués. Alors, les pastels viennent comme un repos.
Elle vit la plupart du temps à Paris dans un rez-de-jardin à Montmartre qui ressemble fort aux anciens ateliers du Bâteau lavoir car rien n'y a été modifié.
Elle souhaiterait y organiser des lectures poétiques.
Elle a découvert récemment une île, Dominica, où coulent 365 rivières, où 9 volcans sont encore en activité et où un grand nombre d'habitants sont centenaires, peut-être le thème d'un prochain livre.
Souhaite aussi lire des extraits de son dernier livre : "Petit x, histoires provisoires" (voir extrait ci-dessous)

Bibliographie

– Petit x, histoires provisoires, Eolienne 2010
– ABC de la méditation, Grancher, 2008
– L'huile d’argane, or vert du Maroc, Médicis, 2005.
– Le pouvoir des Pintas, Lettre du Yaje, 2003 in Les Voix de l'Extase, textes réunis et présentés par Pierre Bonnasse, Trouble-fête, 2005.
– La liane des dieux, Accarias/L'Originel, Paris, 1998
– La France des chamans, Rocher, 1997.
– Lettre aux femmes qui élèvent seules leur enfants, Rocher, 1995.
– Little Buddha, l'album, Poche, 1994.
– Valérie Valère, un seul regard m'aurait suffi, Perrin, 2001/1987

Extraits

"Petit x, histoires provisoires" : extrait
- Tu es très réactif, Petit x, lui avait lancé Cher Daniel en le voyant partir si vite.
C’était encore un mot traduit de l’anglais.
Avant, on disait sensible et c’était une qualité. Dans ce temps-là, vous étiez sommé de cultiver votre personnalité. Le nouvel alignement en vigueur ne le tolérait plus. Les rebelles étaient envoyés en camps de développement personnel. Leurs émotions étaient passées au crible, épinglées, déplacées, dégonflées, remplacées, et renommées avec ces mots venus de l’anglais.
Tout cela s’était passé pendant que Petit x sommeillait dans la forêt du bois de rose et du grand acajou.

Décidé à accorder son pas à celui de la Terre, il traça sur la terre battue de son jardin privé ouvert à tous vents, les traits d’une marelle.
Il plaça, comme il se doit, l’enfer tout en bas et le pava de bonnes intentions.
Il plaça le paradis, la Terre pure du petit œuf d’or, tout en haut.
Et il s’habilla comme autrefois, en écolier. De son uniforme marine, il avait gardé le béret et la pèlerine. Pour le reste, il choisit un costume pratique et passe partout.

Avant de se lancer dans cette nouvelle aventure, il regarda le ciel. Des nuages pommelés s’y déplaçaient lentement, en rangs serrés. Derrière, un pâle petit soleil semblait lui faire un clin d’œil.
Et il se lança.
A cloche-pied, comme il se doit.
Puis, à pieds joints, il sautait et sautillait en poussant son galet, veillant à ne pas le perdre. Plus il s’approchait du paradis et plus le galet devenait lourd si bien que, sur un pied, il se retrouva soudain tout déséquilibré.

Des vents s’étaient levés et le poussaient en sens contraire.
Une pluie acide se mit à dégringoler du ciel. Une pluie mêlée de cendres. Noires comme l’ébène, elles recouvraient le monde de sa marelle.
Un nouvel humus se crée. Des strates, meubles comme des sables mouvants, s’étendent du paradis à l’enfer, des marécages aux océans, des plaines aux déserts. Coincée sur le la, la musique répétitive, d’un chant d’orgue produit un halo vert et rouge.
Là-haut, les oiseaux traversent les nuages noirs silencieusement, en ovnis tranquilles. Les plumes se cherchent dans l’obscurité poussiéreuse pour former une ronde.

Qu’est-ce donc, se demanda piteux Petit x ? Serait-ce un remake de l’Apocalypse ? Ou plutôt son avant-première ?
Déboussolé, il pria d’être guidé au plus vite vers l’anfractuosité de son rocher. S’y retirer telle l’anémone de mer et paresser encore.
Mais il n’obtint aucune réponse à cette demande.

Dans la tourmente, il ne voyait plus rien.
Il sentit comme une averse de volts s’abattre sur la terre de sa marelle. Le courant électrique qui se propageait créait une nouvelle atmosphère. A mesure que la tension électrique gagnait en intensité, les oiseaux s’éloignaient, paratonnerres flottants au-dessus de la marelle.

Tandis que les ondes de choc libéraient leur puissance par intermittences, Petit x prit une grande respiration et s’accrocha à ce souffle qui le traversait par le milieu du corps, de haut en bas et de bas en haut. Cela eu pour effet d’arrêter net ses vacillements et les cillements qui l’aveuglaient.
Un éclair puissant lui montra alors tous les mots oubliés. Aucun bidon ne les répertoriait. Ils étaient vivants, libres, prêts à l’emploi. Leur sens ne prêtait plus à confusion. En les voyant, il se sentit immense. Désormais, je m’appelle Grand x. se dit-il.
A peine avait-il réalisé que ses dimensions perdues un jour de distraction étaient de retour, qu’il réalisa au même instant qu’il lui était impossible d’articuler le moindre petit mot.
Le temps d’un éclair, Grand x avait quitté le salon des miroirs.
C’est un oiseau à huppe verte voletant au-dessus de sa marelle, dans une atmosphère certes changée mais enfin dégagée, qui lui rappela que son galet l’attendait.

Il observa le terrain.
Sa marelle s’était peuplée d’une foule de gens. Les joueurs oscillaient d’une case à l’autre en poussant leur galet. Il y en avait de toutes les couleurs et de toutes les formes, certains plus polis que d’autres.
Les gens ressemblaient à leur galet. Certains recroquevillés dans un coin ne voulaient plus avancer. D’autres piétinaient sur place. D’autres élégamment vêtus regardaient l’ensemble en lançant des rires sardoniques.
Petit x reconnût les grandes gueules qui avaient tourné leur veste, les grands rêveurs dont les rêves s’étaient dilués dans la grisaille, les châtelains dont les châteaux s’étaient écroulés comme châteaux de sable sur la plage.
Leurs yeux étaient des feux mal éteints.
Coincé dans la cinquième case, si proche du paradis, il reconnut la silhouette de Semonce Glacée.
L’homme de cacshemere et d’Alpaca s’était voûté.
Comme il s’approchait de lui, Petit x remarqua sa peau fripée et son jogging rapiécé.
- Je ne veux pas que tu me prennes de haut, lui dit-il en lui saisissant les poignets.
Pour le rassurer, Petit x se colla à lui.
– Regardes, tu n’as pas à t’inquiéter, tu me dépasses encore d’une bonne tête.
- J’ai tout perdu, tout, gémit-il. Lucien aussi. Plus personne n’a besoin de mots tout faits. C’est la faillite. C’est la fin.
- La fin de quoi ?
Il avait posé la question mais il n’écouta pas la réponse.

L’important était de ne pas perdre son galet.
Il n’y avait de toute façon pas de place pour lui dans sa marelle encombrée. Il fallait donc s’alléger et avancer. Les oiseaux avaient réussi leur ronde de plumes et l’oiseau à huppe verte s’était posé.
Par moments, l’air se faisait plus rare, son corps encore plus léger, et là, il pouvait sentir des parfums innommables. Le galet prenait des couleurs de petit oeuf d’or. Une sorte de courant vital semblait relier tous les joueurs dont les yeux brillaient de nouveau de tous leurs feux.
Le ciel devenait très bleu, aussi bleu que la baie de Naples, et les mots qui avaient retrouvé leur sens commençaient à circuler entre les cases

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques