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Les écrivains / adhérents

Jacquie Barral

Poésie / Essais / Contes

J’ai vécu dans des maisons remplies de livres.
Dans l’enfance et la jeunesse, je dessine cela suffit à mon besoin d’évasion. Ensuite, arrive l’écriture qu’il faut apprendre, les rédactions, les dissertations, une thèse, des articles, un doctorat d’État… Sans doute l’écriture littéraire survient-elle plus tard, comme une compensation, un rééquilibrage d’une activité d’écriture codée selon des principes scientifiques.
Mon premier livre littéraire est un livre de contes (Les Arcanes majeurs, Aléas). La formule « il était une fois » m’autorise à écrire. J’écris dans un état de nécessité extrême sans que je sache vraiment pourquoi. Dans cette souveraine commande à moi-même, inexpliquée, naît ensuite du plaisir : celui de faire parader les mots, de jouer avec, de bousculer des formes pour en inventer d’autres. L’écrit prend donc parfois le relais du travail artistique. Les périodes où j’écris, je ne dessine plus.
Le livre d’artiste est aussi une puissante découverte (premier livre à Fata Morgana : Les Saisons de l’humilité, Hölderlin/Butor), celui d’un lieu qui rassemble enfin dessin et texte. J’écris dans des livres que je fabrique moi-même pour des artistes ou je dessine pour des écrivains. Ce croisement de pensées est un moteur extraordinaire et le livre un objet à toujours réinventer. Je m’intéresse à tout ce qui le concerne, tout me fascine : les mots incongrus comme « le chemin de fer » ou « le blanc tournant »… Je crée dans mon université un master 2 professionnel « édition d’art-livre d’artiste », écris des réflexions sur le livre dans son rapport à l’art (Le dessin et le livre, université de Saint-Étienne), tiens des conférences, donne des cours et dirige des ateliers sur le livre d’artiste (université du Québec, Lyon II, Saint-Étienne). Je travaille avec des auteurs, des artistes et des éditeurs : Michel Butor (Monologue de la momie en 2013, Fata Morgana), Jean-Pierre Faye (Le grand danger, Passage d’encres) Yves Peyré (Rêver sur la persistance, éd. GSB), Jean-Noël Blanc (Petit cahiers du vin, Cahiers intempestifs)…
J’aime entendre lire les auteurs. Et j’aime lire moi-même à haute voix. Le moment est toujours intense. Ce qui est rythme, respiration, est alors immédiatement perceptible comme ce choc de la pensée s’incrustant dans les mots. C’est peut-être cela l’écriture : une parole déposée, un souffle. Mais je reste persuadée – du moins pour ce qui me concerne – qu’il faut un infini courage pour écrire, parce que le langage est bien moins abstrait que le dessin, cette chose si mentale qui permettrait de maîtriser tout. Ou presque. Au delà du « presque », il ne reste plus effectivement que les mots.

http://www.jacquie-barral.eu
Bibliographie

Essais
Ouvrage, direction d’ouvrage :
Dessein, dessin, design, PUSE.
L’art de la pause, actes du colloque Musée d’art moderne et université de Saint-Étienne,
Le Portrait en abyme, Aléas.
Le dessin et le livre, PUSE.
Propos d’artiste. Entretien avec E. Manguelin, Jean-Pierre Huguet.
Dessin-Parcours, HDR, université Marc Bloch, Strasbourg.

Publications
Écriture et inscription de l’art, L'Harmattan, à paraître.
L’Euphorie et Le passeur, Collège international de philosophie. Imagies, Montpellier.
Faire et défaire le paysage, Cultures Francophonies, Paris/Valenciennes.
X l’oeuvre en procès, Paris-Sorbonne.
Figures de la répétition, université de Saint-Étienne.

Revues, catalogues, sites
Nord vrai, catalogue Musée Pab Alès.
Les Édites, Roanne.
Le grand danger, Passage d’encres.
Le pli, revue d’esthétique, Bordeaux III.
Métissages, université Marc Bloch, Strasbourg.
Eric Manigaud Dessin-Drawing, « Un poudroiement », galerie Houg, Lyon.
Portraits-autoportraits, Musée H. Rigaud Perpignan.
Utopia, Rhônes-Alpes, (agendas 2002/03/04/05 /07/08).
Entretiens Collections, Artothèque-Idéograf Saint-Étienne.
SO Multiples.
Collection Jacquie Barral, Bibliothèque universitaire Saint-Étienne…

Écrits pour des artistes
L’Ombre du rêve, pour Gérald Bertoluzzi (Multiple, galerie l’Oujopo, Lyon).
Le monde se regarde, pour Sabine Münchow, exposition, Brême.
Lapiz-lazuli et autres leçons de choses sur le lapidaire de Sylvain Bravo, artothèque-idéograf Saint-Étienne.
Anne Mangeot, Centre d’art passerelle Brest « Nature et Perceptions ou autres paysages ».
Fragments d’impressions diverses pour Rafaele Perez Pia.
Christel Valentin, Galerie Schumm-Braunstein.
Le Canard aux olives pour Jessica Garcia (livre d’artiste).
Réclame, sur l’art du livre.
Vitesse-Immobile, galerie Schumm-Braunstein…

Poésies
Blason, Jean-Pierre Huguet.
Dans la Collection Potentiels (livres d’artistes) :
Le Ciel, gravures Chantal Fontvieille.
Il serait, collages de Sylvain Bravo.
Arbre, dessin de Sylvain Bravo.
Taches, monotypes de Bernard Bajard.
Bleu-Jaune peinture Georges Badin.
Blanc, peinture A.Stella.
Atelier, gouache de Alain Clément.
Entre les jours (carnet d’artiste).
Je dors dans mon lit avec mon amour.
Abrir-Ouvrir avec Dominique Torrente, traduction de Jean Gabriel Cosculluela (livre d’artiste).
Contes et nouvelles :
Les Arcanes majeurs, Aleas, Lyon.
Contes pour 2006 (livre d’artiste, Potentiels collection).
La Princesse bleue.
Contes divers et des saisons (recueil)
Les lieux et les choses (recueil)
Les Robes.
Günther, Jean-Pierre Huguet.
Raul.
Arabesque.
Le hangar.
De l’amour ne se décalque que le contour.
Détruire… dit-elle.
La cabine d’embruns...

Extraits

Le livre semble inventé à l’image de la pensée, mais celle d’une pensée vive, en action, en quête de mots ou de graphes, outils pour dire, tracer, énoncer l’idée obscure émergeante qui ne prend forme et sens que lors de sa chute dans le langage, ce que René Pons imagine comme « une sombre rivière » et nomme « le bruissement des mots ».
Le livre reconstitue pratiquement tout de cette pensée vive : ses silences, livre fermé, ses paroles, livre ouvert, ses syncopes, le feuilletage des pages, ses reprises et hésitations, les réclames, sa linéarité première, son
temps, son flux, sa respiration, son flottement selon la grille, portée musicale et rythmique qui court de page en page, son tremblé de sens surgissant des écarts ou des intervalles entre deux mots, entre deux blocs
typographiques, entre deux lettres même, parfois.
La pensée prendrait donc place dans cet espace du livre qui lui serait analogique, espace constituant, pour un moment, cette unité parfaite de lieu, d’action et de temps, cet espace inédit, qui lui offre en quelque sorte
vie ou éternité dans cette dialectique de parole et de silence, d’ouvert et de fermé.
Objet à la spatialité étrange qui se replie et se déploie dans l’espace comme une sculpture de feuilles pour retrouver à nouveau une planéité imparable et close.
Mais aussi objet fonctionnel, usinable, usuel, à l’échelle de nos mains et de nos yeux.

Conclusion in Le Dessin et le Livre, Presses universitaires de Saint-Etienne.

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La Comtesse était affectueuse dans ses manières et caressante sans mièvrerie. D'Eté ne la quittait pas, au banquet, à la messe. Il lui offrait toujours le bras et l'aidait à soulever son vertugadin à trois étages de
draps, aussi beau qu'une cathédrale ensoleillée.
Arrivait enfin le moment de la pavane. D'Eté, aux traits un peu cernés de la fatigue des fêtes, n'en était que plus beau. La Comtesse lui souriait, répondait à son majestueux salut avec une extrême lenteur, dans une révérence d'une chorégraphie des plus subtiles, dont chaque ondulation s'accompagnait toujours de cette pluie de feuilles, qui vers la fin de la Pavane faisait comme un tapis somptueux. Un parfum dans l'air montait comme un nuage aux tonalités languissantes.
C'était le moment où le Comte Junius Julius Augustus devenait légèrement mélancolique. La Cour assistait muette aux dernières figures de la Pavane. Leurs mouvements se tendaient en une suspension fragile, tant l‘émotion régnait entre le Comte et la Comtesse… émotion si fragile qu'ils traçaient les derniers tours de cette solennelle danse en flottant au dessus du sol. Un
engourdissement général gagnait la Cour. Le Comte et la Comtesse se transformaient en un tourbillon de feuilles et d'oiseaux. A la dernière volte, un vent automnal subitement plus violent que les autres, pluvieux soudain, chassait définitivement les invités.

Extrait du « Conte d’été » in Contes pour 2006.

Lieu de vie

Occitanie, 34 - Hérault

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire