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Les écrivains / adhérents

Marc Delouze

Poésie / Récits
photo Marc Delouze

Né à Paris. Vit entre La Goutte d’Or (Paris) et Fécamp. Poète et voyageur « par la force des choses ». Premier recueil en 1971, Souvenirs de la Maison des Mots, (précédé de Par manière de Testament, d'Aragon).
En résidence d’un an à Budapest (Hongrie), en 1975-76, réalise une Anthologie de la poésie hongroise contemporaine.
Quelques années plus tard, se refusant à "faire le poète", s'installe dans un silence éditorial d'une vingtaine d'années. En 1982, il crée, avec Danielle Fournier, l'association Les Parvis Poétiques, qui organise des événements, des festivals, des expositions sonores, des lectures-spectacles, etc. Co-fondateur et conseiller littéraire de feu le festival Les Voix de la Méditerranée de Lodève. Créateur et animateur du festival « Tout un poème ! » à Paris (18è) depuis 1995. Il parraine le tout jeune festival « C’Mouvoir », dans le Cantal.
Traduit dans une vingtaine de langues. Il se produit en France et à l’étranger dans des « lectures-concertantes » avec des artistes de différentes disciplines

http://www.parvispoetiques.fr
Bibliographie

Dernières publications
– T'es beaucoup à te croire tout seul, poème, La passe du vent, 2000
– La Diagonale des poètes, essai, La passe du vent, 2002
– Epouvantails, poèmes, Lanore-littérature, 2002
– L'homme qui fermait les yeux sans baisser les paupières, récit, Le bruit des autres, 2002
– rue des martyrs, récit, Le bruit des autres, 2003
– Dames de chœur, récit, Le bruit des autres, 2004
– Des poètes aux Parvis, anthologie, La passe du vent, 2007
– Yeou, Piéton des Terres, poème, La passe du vent, 2007
– C’est le monde qui parle, récit, Verdier, 2007
– 14975 jours entre - Poésies en phase terminale (2011) et Souvenirs de la maison des mots (1971), poèmes, La passe du vent, 2012
– Le chant des terres, poème, La Porte, 2014
– L’invention du paysage, poème, les lieux-dits, 2016
– Chroniques du Purin, roman, l’Amourier, 2016

Livres d’artistes :
– Un homme, rien qu’une fois avec Jean-Louis Espilit (Les Rencontres Contemporaines, 2004)
– Dans la bouche le sable du silence avec Patricia Nikols (Transignum, 2004)
– Narcisse en Hamlet, avec Patricia Nikols (éditions Daniel Leuwers, 2007)
– Diogène à la lampe borgne (Transignum, 2011)
– L’homme qui fermait les yeux, poème, avec des aquarelles de Marc Giai-Miniet, (Editions de la lune bleue, 2012)
– L’aimant du vide attire le silence des formes, poème, avec une gravure aquarellée de Marc Giai-Miniet, (Les éditions du nain qui tousse, 2012)
– Noué, poème, avec une gravure aquarellée de Marc Giai-Miniet, (Les éditions du nain qui tousse, 2013)
– Arraché, poème, avec une gravure aquarellée de Marc Giai-Miniet, (Les éditions du nain qui tousse, 2013)

Par manière de testament (extrait)
« Voici cette voix neuve que j’écoute grandir, s’affermir, triompher d’elle-même : un premier livre, à mes yeux, demeure après cette longue vie, toujours une chose émouvante, une naissance de l’homme… ce Marc Delouze dont il faut apprendre le nom, comme d’autres fois on apprit Nerval ou Rimbaud. Ah, je vous en prie, ne dites pas que j’exagère ! N’entendez-vous pas combien j’aime ces poèmes, et qui aime exagère t il jamais ?
Quelque chose ici commence. Quelque chose dont je ne verrai point la fin. Mais que je me hâte de prédire, avec les dernières forces de mon âge. »
Aragon (préface à Souvenirs de la Maison des mots, 1971)

Extraits

Un trou s'ennuyait quelque part.
Le vide s'ennuyait partout.
Un jour le vide rencontra le trou.
Rien ne fut changé dans le cycle des marées.

DESERT OU LES MOTS S’EVAPORENT

Il est assis
Il n’a pas de nom

Certes il existe
ou plutôt
il est sur le point d’exister
Il est assis sur le bord antérieur de l’existence.
Il est aux confins de la dune et des hommes
l’œil confronté au vide devant soi
à sa propre convexité

Dans le silence de son être
ouvert comme jamais ne le fut l’horizon
l’espace est un regard qu'il apprend à regarder

Le désert le nommera
Le désert est une parole
qui l’imprime à l’intérieur de sa peau
comme les livres nous écrivent
sur la page de la Grande Mémoire
sur l’asphalte géologique du chemin qui nous dépasse

Il ne bouge pas

C’est le temps qui remue
et s’avance vers lui

C’est l’existence qui
de l’infini le plus lointain
s’approche de lui
Au passage elle arrache
au sommet des dunes
des lambeaux de sable
comme des peaux mortes à la surface du soleil
comme l’amour et la douleur
arrachent des copeaux de syllabes éphémères
aux corps stratifiés

Il se tait

Ecrire
il ne pourrait

Sur le point d’exister
il lui faut sauvegarder
son dedans disponible

Assis, laissons-le là
Nous
nous sommes ici

*

Je suis entré dans ce monde par le trou de serrure d'une valise
et depuis j'ai vécu la vie-voyage que l'on sait.

Curieusement c'est Dieu lui-même qui me convia à le suivre
dans sa course sans commencement ni fin,
sans qu'il me parut nécessaire de croire en lui,
ce dont Il ne semblait pas se formaliser le moins du monde.

Disons-le tout de suite : Dieu est chauve.
Néanmoins, Il ne fait pas son âge.
D'un abord agréable, Il me surprit
par le peu d'emphase dont Sa Parole était chargée
la simplicité de Son maintien
la légèreté de Son regard.
Bref, un homme comme vous et moi
(avec un peu plus d'embonpoint que moi, tout de même!).

Nous nous tenions à un carrefour
et le vent qui faisait rage à cette époque de l'année
balayait l'espace où nous échangeâmes les quelques civilités d'usage.
Très vite, Il me fit part de Son intention de me faire visiter
quelques-uns des mondes qu'à Ses heures perdues
Il avait confectionnés avec amour
mais dont Il s'était vite désintéressé.
Peut-être y trouverais-je matière à redire ?
Cependant Il ne pouvait pas m'avoir fait me déplacer pour rien.
Si je voulais bien Le suivre...

C'est ainsi que je suis entré dans l'ornière divine.

*

Corps amer
Corps à la mer
Corps à terre
Corps atterré
Où aller ?
Où aimer ?

Ô Algues revenez
dans le grand balancement du temps
bercer les anciennes espérances

*

Un homme marche sous la pleine lune
son ombre est une flamme noire.
Il traverse le ciel comme un navire fantôme
où se jouent des fêtes sauvages

Il y a un soleil à tuer le désespoir
Des guitares allongées dans l’herbe humide
Des yeux posés sur les branches des arbres
Des imaginations inattentives...

Il y a des douleurs dispersées
Des vieux des peuples des errants traqués
Des enfants des sans âge des tombes
Des rimes sombres...

Il y a du café qui bout
Des lèvres qui se brûlent
Des pages d’ombre qui bâillent
Des livres où s’inscrit la poussière...

Il y a des guêpes qui murmurent
Des chaînes dans les clochers
Des véhicules hallucinés
Des images immatérielles...

Il y a des femmes pour la solitude
Des chairs tendres pour l’habitude.
Des châles pâles des épaules nues
Et des poètes suspendus...

Il y a foule en l'arène torturée du monde
le vertige n'y retrouve pas ses petits.

*

Tu es la pierre jetée dans l’infini par négligence.
Chaque matin, un bol de faïence en guise de flambeau,
Tu parcours l’espace et dépasses au passage tes rêves.
Et ta parole coupe oblique dans les strates du quotidien

*
Quelque chose qui sourd
profond
profond
profond
sous la peau
sous le reflet
dans l’os

Quelque chose qui bouge
sous le paillasson de la pensée
une langue inédite
qui parcourt la lèvre
(pas encore le livre)

Quelque chose qui se délivre
sous le regard surpris
des poutrelles de nuages

Quelque chose se livre
dans un autre partage

et le tremblé gagne les cadavres

*

Je cherche ma bouche
une porte de sortie.
Je ne trouve que des mâchoires.
Je frappe
y-a quelqu'un ?

Pourtant tu sais :
L’amour du monde est beau
Comme une question sans réponse


Tu laisses alors entrer en toi la machine à faucher le passé.
Tu fais entrer en toi le concret de ton rêve
Tu te fais graine au creux du terreau de l'Histoire.
et tu accouches enfin de ton histoire individuelle

*

Il pleut sur Taipei
Il pleut comme jamais

La sueur des secondes
Les grosses larmes des minutes
Et le lourd chagrin des heures
Inondent les joues de la Terre

La poche d'eau du ciel a crevé
Engloutissant les jours et les nuits
C’est le temps tout entier
qui tombe sur Taipei

Il pleut sur Taipei
Il pleut
Il pleut
Il pleut

Depuis le haut de mon poème
Je contemple horrifié
le silence qui tombe
Sur Taipei

Dans les artères de la ville
Les hommes troncs oscillent comme des bouchons
Pataugeant dans un sang jaune et tiède
Ils ne voient plus leurs pieds
Ils ne voient pas leurs pas
Ils ne marchent plus
ils dérivent
Parmi les cadavres des choses englouties

Où vont-ils ?
D'où viennent-ils ?
De nulle part vers nulle part
ils dérivent

Et leurs regards transparents de stupeur
Et leurs sourires tristes comme des fruits tombés
Que nul ne viendra ramasser

Il pleut sur Taipei
Il pleut
Il pleut
Il pleut

Il pleut sur Taipei
Toutes les larmes du siècle vagissant
Comme si on savait
déjà
la fin de tout ceci

Et ce sera le vent parti
Le ciel partout
Les étoiles effacées
Les nuages rouillés
La lune oblongue et morte d'un réverbère
La nuit saisie dans la gelée du temps
Et pour finir
Le tableau du monde décroché

Il pleut sur Taipei
Il pleut
Il pleut
Il pleut

Sur les vitres de ma chambre vide
l'eau tisse la soie
d'une parole translucide

*

Serons-nous toujours au désert
au désespoir désemparé
comme qui ne sait comment mourir ?

Parviendrons-nous enfin
à l'embouchure de la détresse ?
Irons-nous à la mer ?

Ô Algues revenez
dans le grand balancement du temps
bercer les anciennes espérance

Ma bibliothèque

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Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

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  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire
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