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Robert Deleuse

Roman / Nouvelle / Essais / Polar / Traduction
photo Robert Deleuse

Robert Deleuse est un romancier, nouvelliste, essayiste, adaptateur, traducteur, concepteur d'évènements littéraires, né au Cannet (dans les Alpes-Maritimes), le 17 juillet 1950. Après ses études universitaires (licence d'ethnosociologie), il est appelé sous les drapeaux où, à la faveur d'une permission, il fausse compagnie à son régiment stationné en Allemagne (alors)fédérale. S'ensuivent six années de clandestinité et d'exils divers au cours desquelles il survit de nombreux métiers au noir. Amnistié après l'élection présidentielle de 1981, il se fixe à Paris à la remorque d'emplois intérimaires avant d'être engagé en 1984 par la nouvelle Maison des écrivains, au poste de secrétaire administratif, et pour laquelle, parallèlement à ses fonctions, il concevra et programmera en 1987 (sous la direction de Hugues de Kerret) le Trans Polar Express, une semaine d'évènements multimédias disséminés dans Paris autour des romans policier et noir hexagonaux. En 1989, il retraduit puis coadapte La Vie que je t'ai donnée de Luigi Pirandello pour la tragédienne Maria Casarès. En 1990, il quitte son poste afin de se consacrer à l'écriture et publie, un an plus tard, son premier roman : Retour de femme (Ed.Denoël), salué par la critique, constituant le premier volet d'une tétralogie noire intitulée : Chroniques d'une ville exemplaire. Suivront treize autres romans, quatre essais, trois scénarios radiophoniques et une quarantaine de nouvelles publiées pour la plupart dans des revues littéraires, des quotidiens et des magazines. Il a également questionné au cours de deux longs entretiens, les écrivains François Coupry, (Le Singe qui fait le singe) et Didier Daeninckx (Correspondances)...
Son matériau de prédilection est le fait divers autour duquel il tisse ses canevas narratifs. C'est avec et autour de cette thématique millénaire et suremployée qu'il crée et modèle ses personnages en les impliquant dans une mécanique dont les deux constantes sont la manipulation (politique, sociale, scientifique...) et/ou l'identité (perte,échange,doublure...). A partir de là, interviennent deux variables : l'Histoire et/ou l'actualité. L'Histoire, parce que c'est de l'actualité immobilisée ou gommée qui ne demande qu'à réagir ou à ressurgir. L'actualité, parce que c'est de l'Histoire plus ou moins consciemment en marche. Dans ses romans, soit chacune de ces variables suit sa route, soit elles s'entrecoupent. A cela, s'ajoute un véritable travail sur l'architectonie et le référent romanesques qui font de lui un auteur singulier dans le roman simplistement dit "noir"...

Robert Deleuse est décédé le 20 juillet 2023.

Bibliographie

Romans
– Chroniques d'une ville exemplaire
1. Retour de femme. Denoël, 1991 (Sueurs froides).
2. Anatomie d'un suicide. Denoël, 1992 (Sueurs froides).
3. Vues sur guet-apens. Denoël, 1994 (Sueurs froides).
4. Curriculum vital. Denoël, 1997 (Sueurs froides).

– Mémoires d'une métropole
1. L'Épervier de Belsunce. Seuil, 1999, (Points 645).
2. La Mante des Grands-Carmes. Seuil, 2000 (Points 803).

Romans indépendants
– Un pavé dans la mare / dessins de Virginie Broquet. Syros, 1992 (Souris noire. Plus 31). Rééd. Syros jeunesse, 1998 (Souris noire 24)
– Monsieur Personne. Métailié, 1996 (Troubles).
– La Bête au bois dormant. Baleine, 1997 (Le Poulpe).
– Une maison derrière la dune. Seuil, 1997
– Un petit regain d'enfer. Seuil, 1999,
– La Véritable affaire de la rue Morgue. Eden, 2004
– Fait d'hiver cours Saleya. Autrement, 2005 (Noir urbain)
– Un Dernier coup de théâtre, Le Cherche Midi, 2012

Essais
– Les Maîtres du roman policier. Bordas, 1991, (Les compacts 24).
– À la poursuite de James Hadley Chase. Presses de la Renaissance, 1992 (Les essais).
– Cartouche, prince des voleurs. Dagorno, 1994 (Mort ou vif 1).
– Le Polar français / publ. par le Ministère des affaires étrangères, Sous-direction de la politique du livre et des bibliothèques ; avant-propos, Yves Mabin. ADPF, 1995.

Scénarios radiophoniques
– L'Inconnu du port de plaisance. France-Inter (Nuits noires), 1997
– Des mains pleines de doigts. France-Inter (Nuits noires), 1997
– Confession au procureur de la République. France-Inter (Nuits noires), 1999

Traductions et adaptations
– Giorgio Scerbanenco. Six jours de préavis. Le Mascaret, 1989, (Le Mascaret noir). Trad. de : Sei giorni di preavisio.
– Luigi Pirandello. La Vie que je t'ai donnée / adapt. de Michel Dumoulin et Robert Deleuse ; d'après la trad. de Robert Deleuse. Actes Sud-Papiers, 1989 (Théatre). Trad. de : La Vita che ti diedi.

Extraits

Extrait du roman "Monsieur Personne" (Ed. Métailié, 1996).

" On devait en vouloir à Frédéric Blondel car le piège se referma sur lui sans qu'il put esquisser le moindre geste. Tout commença dans le parking souterrain de la gare ferroviaire, quand il voulut récupérer sa Clio. Après avoir erré un long moment dans les sous-sols, parcouru tous les niveaux, il dut se rendre à l'évidence : sa voiture avait disparu. Il ne comprenait pas comment cela avait pu se passer puisqu'il détenait encore le ticket de transit. Pourtant, cela s'était produit. Par acquit de conscience, il hanta une dernière fois les vastes structures véhiculaires puis décida de se rendre au guichet de contrôle situé près de l'ascenseur. L'employé avait l'air harassé. De larges cernes noirs sous les yeux. Le visage légèrement bouffi. Il leva sur lui un regard morne. Frédéric Blondel tenta de lui décrire son problème du mieux qu'il put. Bafouilla. Se reprit. Le ton de sa voix le surprit lui-même. Comme s'il avait du coton dans la bouche...".

Extrait du roman "Un petit regain d'enfer" (Ed. Seuil 1999).

" Ils ont dit que ce serait la der des ders. En attendant, si tous les morts de cet abattoir pouvaient se donner la main, ils feraient sûrement le tour du monde... J'en suis sorti vivant. Avec un bras en moins, mais vivant. J'ai été démobilisé le lundi 5 novembre 1918, le jour où Foch a reçu l'aval du président américain Wilson pour entreprendre les pourparlers officiels d'armistice avec la délégation allemande conduite par Erzberger, ministre d'Etat du nouveau gouvernement. Avant cela, il y a eu l'hôpital militaire... Son grand parc s'étendait par-delà les hautes fenêtres de la salle commune. Et par-delà l'enceinte se trouvait la route où allaient et venaient de longs convois de mulets et de camions avec leurs chargements d'hommes et d'armes lourdes. Je les revoyais en pensée tels que je les avais côtoyés, recouverts de branches et de feuilles, camouflage dérisoire qui ne trompait plus personne. Lentes chenilles processionnaires, ils progressaient à pas comptés et le grondement sourd qu'ils produisaient, en passant devant la haute grille, s'imprimait dans nos têtes pour y demeurer bien après que le dernier bât ou le dernier essieu ait fini de couiner... Le temps de ma convalescence, je n'avais pu me faire à l'idée d'être encore vivant. Au contraire de ceux que j'avais vu tomber autour de moi, sortie après sortie, assaut après assaut, pour ne plus se relever. Toutefois, je n'arrivais pas à me mettre en tête que j'étais toujours de ce monde. Impression singulière. Inexplicable. Comment pouvait-on être tout à fait sûr de ne pas être mort quand on ne parvenait plus à admettre qu'on était bien vivant...".

Extrait du roman : "Un dernier coup de théâtre (Ed. Le Cherche-Midi, 2012).

" Le corps avait été découvert le jeudi 9 juin 2005, vers les 7 heures. Il reposait à plat-dos sur le sable d'une plage miniature cerclée de rochers. Jadis, l'endroit avait été une sorte de vivier naturel pour les fervents de pêches miraculeuses qui, en quelques heures, accrochaient à leurs hameçons de quoi cuisiner en famille plusieurs jours d'affilée. Aquaculture, dégazages, tourisme intensif avaient changé la donne. Restait un hâvre matinal où, dès les premiers beaux jours, retraités aurochtones et importés venaient lancer leurs lignes, plus pour capter les derniers effluves de fraîcheur avant la montée du soleil et tailler une bavette entre habitués que pour prendre du poisson. Raymond Grandin était l'un d'eux (...). Après avoir traversé la nationale, il avait descendu la quinzaine de marches, débouchant sur la plate-forme qui domine les rochers, et il allait emprunter le sentier pentu qui y conduit quand il l'avait aperçu en contrebas. Un homme beaucoup plus jeune que lui, vêtu d'un sweat-shirt bleu clair et de jeans noirs, était allongé sur le dos dans une position assez inconfortable. Le visage, posé sur la joue gauche, décrivait une courbe qui cassait le cou. L'avant-bras droit formait un L renversé avec l'épaule alors que le membre supérieur gauche était demeuré le long du corps, paume de la main tournée vers le ciel. De même, la jambe gauche était pliée à la hauteur du genou alors que la droite se trouvait parfaitement en ligne dans le prolongement du buste. Le type même de position qu'il ne fait pas bon adopter si l'on veut éviter ankyloses et contractures diverses. Cependant, la tache brunâtre qui décorait le côté gauche du sweat-shirt bleu clair indiquait assez clairement que l'homme, ainsi couché à plat-dos sur cette portion de sable, ressemblait à s'y méprendre au "dormeur du val" et qu'il n'aurait jamais plus de souci à se faire pour ses ankyloses, contractures et tout le reste...".

Lieu de vie

Provence-Alpes-Côte d'Azur, 06 - Alpes-Maritimes

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire