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Les écrivains / adhérents

Stéphane Audeguy

Roman / Essais
photo Stéphane Audeguy

Né à Tours en 1964, Stéphane Audeguy étudie tout d’abord la littérature anglo-saxonne, et séjourne un an aux États-Unis, en tant qu’assistant à l’université de Charlottesville (Virginie). Puis il revient à Paris, où il obtient l’agrégation de lettres modernes. Attiré par le cinéma, il collabore à divers courts métrages. Il enseigne ensuite l’histoire du cinéma et des arts dans les Hauts-de-Seine. En 2005, les éditions Gallimard publient avec succès son premier roman, La Théorie des nuages, dans lequel un couturier japonais, Akira Kumo, engage une jeune femme pour qu’elle classe sa bibliothèque consacrée à la météorologie, et lui raconte l’histoire des chasseurs de nuages. Ce roman inclassable et poétique est récompensé par de nombreux prix, dont le Grand Prix Maurice Genevoix de l’Académie Française. En 2007 paraît aux éditions Gallimard son deuxième roman, Fils unique : ces mémoires fictives du frère aîné de Jean-Jacques Rousseau, érudit et libertin, reçoivent le prestigieux prix des Deux-Magots. Suivent un roman situé dans le Kenya contemporain, Nous autres (2009), et un roman d’Histoire et d’amour donnant la parole à la ville de Rome, Rom@ (2011).

Bibliographie

La Théorie des nuages, Gallimard, Collection Blanche, 2005, roman (repris en Folio).
Fils unique, Gallimard, Collection Blanche, 2006, roman (repris en Folio).
Petit éloge de la douceur, Gallimard, Folio Inédit, 2007, essai.
Les Monstres, Gallimard, collection Découvertes, 2008-2013, essai.
Nous autres, Gallimard, Collection Blanche, 2009, roman.
L’Enfant du Carnaval, Gallimard, Collection L’un et l’autre, 2009, essai.
In memoriam, Le Promeneur, Collection « Le Cabinet du lettré », 2009, essai.
Rom@, Gallimard, Collection Blanche, 2011, roman
Les Monstres, Gallimard, 2013, essai.
Histoire du lion Personne, Seuil, 2016, roman
Une mère, Seuil, 2017, roman

Extraits

Extrait de Rom@ (roman, 2011)
Parfois j’aurais voulu être un homme, mon amour. Ou alors une femme. Je ne suis pas sectaire. Non que les différences m’échappent, mais que rêver de faire sinon de les mêler ? Encens sucrés des vulves marines, papillons de nuits des caresses secrètes, coquillages de nacre, verges de sang lourd, flancs doux des collines du Lazio où dansent la poussière des insectes bleutés, corps fourbus écrasés au printemps de leurs draps, fesses musculeuses qui balancent en cadence, je vous chéris. Mes obélisques et mes colonnes bandent au ciel tout aussi bien que les seins roses de mes coupoles. Mes fenêtres s’ouvrent aux désirs du vent qui tord les rideaux. Quatre lettres tirées aux loteries de l’histoire : Roma. Et tous ces grands savants qui se penchaient sur moi ; certains me déclarant femelle, comme une louve ou comme une putain, d’autres disant que je devais mon nom au mâle fondateur qui traça mon enceinte ; d’autres encore, qui se voulaient malins, exhumant un vieux nom de mon fleuve, me proclamaient la fille de Rumon. Moi, je ne disais rien, naturellement ; mais n’en pensais pas moins. Au petit jeu fastidieux de la vérité je leur souhaitais bien sûr tout le plaisir du monde, et ne m’en mêlais pas. Enfin j’avais vécu, comme toi, mon amour, comme tout le monde : une vie, toute une vie, rien qu’une vie.


Extrait de La Théorie des nuages (roman, 2005)
Vers les cinq heures du soir, tous les enfants sont tristes : ils commencent à comprendre ce qu’est le temps. Le jour décline un peu. Il va falloir rentrer pourtant, être sage, et mentir. Un dimanche de juin 2005, vers les cinq heures du soir, un couturier japonais, nommé Akira Kumo, parle à la bibliothécaire qu’il vient d’engager. Il est assis au troisième étage de son hôtel particulier, rue Lamarck, dans sa bibliothèque personnelle qui fait face au ciel : trente mètres carrés de baie doublement vitrée filtrent tous les bruits de la ville. Au-dessus de la ligne grise des toits, les nuages s’étalent, les mêmes toujours et toujours changeants, oublieux des paysages qu’ils dominent.

La nouvelle bibliothécaire regarde les rayonnages. Elle s’appelle Virginie Latour. Akira Kumo lui parle de Londres au commencement du dix-neuvième siècle. D’abord Virginie Latour ne comprend pas grand-chose. Puis il est question de nuages. Il est question de nuages et Virginie Latour commence à comprendre. Elle comprend qu’au commencement du dix-neuvième siècle quelques hommes anonymes et muets, disséminés dans toute l’Europe, ont levé les yeux vers le ciel. Ils ont regardé les nuages avec attention, avec respect même ; et, avec une sorte de piété tranquille, ils les ont aimés.

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire